[16c,3] Παραπλεύσαντι δὲ τῆς Ἀραβίας εἰς δισχιλίους καὶ
τετρακοσίους σταδίους ἐν βαθεῖ κόλπῳ κεῖται πόλις
Γέρρα, Χαλδαίων φυγάδων ἐκ Βαβυλῶνος οἰκούντων
γῆν ἁλμυρίδα καὶ ἐχόντων ἁλίνας τὰς οἰκίας. ἐπεὶ δὲ
λεπίδες τῶν ἁλῶν ἀφιστάμεναι κατὰ τὴν ἐπίκαυσιν τὴν
ἐκ τῶν ἡλίων συνεχεῖς ἀποπίπτουσι, καταρραίνοντες
ὕδασι πυκνὰ τοὺς τοίχους συνέχουσι. διέχει δὲ τῆς θαλάττης
διακοσίους σταδίους ἡ πόλις· πεζέμποροι δ´
εἰσὶν οἱ Γερραῖοι τὸ πλέον τῶν Ἀραβίων φορτίων καὶ
ἀρωμάτων. Ἀριστόβουλος δὲ τοὐναντίον φησὶ τοὺς
Γερραίους τὰ πολλὰ σχεδίαις εἰς τὴν Βαβυλωνίαν ἐμπορεύεσθαι,
ἐκεῖθεν δὲ τῷ Εὐφράτῃ τὰ φορτία ἀναπλεῖν
εἰς Θάψακον, εἶτα πεζῇ κομίζεσθαι πάντῃ.
| [16c,3] Quand on a rangé la côte d'Arabie l'espace de 2400 stades, on atteint,
dans l'intérieur d'un golfe qui pénètre fort avant dans les terres, une
ville appelée Gerrha, dont les habitants, descendants d'une ancienne
colonie de Chaldéens bannis de Babylone, {vivent pour ainsi dire dans le
sel.} Tous les terrains environnants sont en effet complètement imprégnés
de sel, les maisons elles-mêmes sont faites de gros quartiers de sel, et,
comme sous l'action des rayons solaires ce sel s'écaille incessamment, les
habitants n'ont d'autre moyen pour consolider les murs de leurs maisons
que de les asperger continuellement à grande eau. La ville de Gerrha est à
200 stades de la mer. La principale industrie des Gerrhéens consiste à
transporter par terre les aromates et les autres marchandises de l'Arabie.
Ce n'est pourtant pas ce que dit Aristobule : il affirme, au contraire,
que les Gerrhéens font le commerce surtout par eau, transportant leurs
marchandises en Babylonie à, l'aide de radeaux, remontant l'Euphrate
jusqu'à Thapsaque et prenant là seulement la voie de terre pour se rendre
à leurs différentes destinations.
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