Texte grec :
[16b,39] ταῦτα γὰρ ὅπως ποτὲ ἀληθείας
ἔχει, παρά γε τοῖς ἀνθρώποις ἐπεπίστευτο καὶ
ἐνενόμιστο, καὶ διὰ τοῦτο καὶ οἱ μάντεις ἐτιμῶντο
ὥστε καὶ βασιλείας ἀξιοῦσθαι, ὡς τὰ παρὰ τῶν θεῶν
ἡμῖν ἐκφέροντες παραγγέλματα καὶ ἐπανορθώματα καὶ
ζῶντες καὶ ἀποθανόντες· τοιοῦτος δὲ ὁ Ἀμφιάρεως
καὶ ὁ Τροφώνιος καὶ {ὁ} Ὀρφεὺς καὶ ὁ Μουσαῖος καὶ ὁ
παρὰ τοῖς Γέταις θεός, τὸ μὲν παλαιὸν Ζάμολξις
Πυθαγόρειός τις, καθ´ ἡμᾶς δὲ ὁ τῷ Βυρεβίστᾳ θεσπίζων
Δεκαίνεος· παρὰ δὲ τοῖς Βοσπορηνοῖς Ἀχαΐκαρος,
παρὰ δὲ τοῖς Ἰνδοῖς οἱ γυμνοσοφισταί, παρὰ δὲ τοῖς
Πέρσαις οἱ μάγοι καὶ νεκυομάντεις καὶ ἔτι οἱ λεγόμενοι λεκανομάντεις καὶ ὑδρομάντεις, παρὰ δὲ τοῖς Ἀσσυρίοις οἱ Χαλδαῖοι, παρὰ δὲ τοῖς Ῥωμαίοις οἱ
Τυρρηνικοὶ οἰωνοσκόποι. τοιοῦτος δέ τις ἦν καὶ ὁ Μωσῆς καὶ
οἱ διαδεξάμενοι ἐκεῖνον, τὰς μὲν ἀρχὰς λαβόντες οὐ
φαύλας ἐκτραπόμενοι δ´ ἐπὶ τὸ χεῖρον.
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Traduction française :
[16b,39] Quoi qu'on puisse penser de la réalité historique de ces faits,
toujours est-il que les hommes anciennement les admettaient tous, qu'ils y
croyaient, et que, par suite de cette croyance, ils honoraient les devins
d'une façon toute particulière, jusqu'à revêtir parfois de la dignité
royale ces messagers inspirés qui nous apportent les avertissements et les
ordres de la divinité, non seulement pendant leur vie, mais même après
leur mort, témoin Tirésias et ce que dit de lui Homère :
«A lui seul il a été donné par une faveur spéciale de Proserpine de
conserver, même mort, l'esprit et la sagesse ; mais les autres ne sont
plus que des ombres fugitives» (Il. X, 494).
Or ce qu'ont été chez les Grecs les Amphiaraüs, les Trophonius, les
Orphée, les Musée ; ce qu'ont pu être pour les Gètes les différents
personnages qu'ils ont appelés du nom de Théos, tels que le pythagoricien
Zamolxis dans les temps anciens, et, de nos jours, Décaeneus, ce ministre
inspiré de Byrébistas ; ce qu'ont pu être pour les Bosporènes Achaïcar,
pour les Indiens les gymnosophistes, pour les Perses les mages (avec leurs
nécyomantes, voire leurs lécanomantes et leurs hydromantes), pour les
Assyriens les Chaldaei, pour les Romains enfin les haruspices tyrrhéniens,
Moïse et ses successeurs immédiats l'ont été pour les Juifs : je dis ses
successeurs immédiats, car, ainsi que nous en avons déjà fait la remarque,
la dignité de grand prêtre, si pure, si bienfaisante à ses débuts, n'avait
pas tardé à dégénérer.
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