[16b,35] Μωσῆς γάρ τις τῶν Αἰγυπτίων ἱερέων ἔχων τι μέρος
τῆς {κάτω} καλουμένης χώρας, ἀπῆρεν ἐκεῖσε ἐνθένδε
δυσχεράνας τὰ καθεστῶτα, καὶ συνεξῆραν αὐτῷ πολλοὶ τιμῶντες τὸ θεῖον. ἔφη γὰρ ἐκεῖνος καὶ
ἐδίδασκεν, ὡς οὐκ ὀρθῶς φρονοῖεν οἱ Αἰγύπτιοι θηρίοις
εἰκάζοντες καὶ βοσκήμασι τὸ θεῖον, οὐδ´ οἱ Λίβυες·
οὐκ εὖ δὲ οὐδ´ οἱ Ἕλληνες ἀνθρωπομόρφους τυποῦντες·
εἴη γὰρ ἓν τοῦτο μόνον θεὸς τὸ περιέχον ἡμᾶς
ἅπαντας καὶ γῆν καὶ θάλατταν, ὃ καλοῦμεν οὐρανὸν
καὶ κόσμον καὶ τὴν τῶν ὄντων φύσιν. τούτου δὴ τίς
ἂν εἰκόνα πλάττειν θαρρήσειε νοῦν ἔχων ὁμοίαν τινὶ
τῶν παρ´ ἡμῖν; ἀλλ´ ἐᾶν δεῖν πᾶσαν ξοανοποιίαν,
τέμενος {δ´} ἀφορίσαντας καὶ σηκὸν ἀξιόλογον τιμᾶν
ἕδους χωρίς. ἐγκοιμᾶσθαι δὲ καὶ αὐτοὺς ὑπὲρ ἑαυτῶν
καὶ ὑπὲρ τῶν ἄλλων ἄλλους τοὺς εὐονείρους· καὶ
προσδοκᾶν δεῖν ἀγαθὸν παρὰ τοῦ θεοῦ καὶ δῶρον ἀεί
τι καὶ σημεῖον τοὺς σωφρόνως ζῶντας καὶ μετὰ δικαιοσύνης,
τοὺς δ´ ἄλλους μὴ προσδοκᾶν.
| [16b,35] Ce fut Moïse, en effet, prêtre égyptien, qui, après avoir été préposé
au gouvernement d'une partie de la {basse} Egypte, voulut, par dégoût de
l'ordre de choses établi, sortir d'Egypte, et qui emmena à sa suite en
Judée tout un peuple attaché comme lui au culte du vrai Dieu. Il disait et
enseignait que les Egyptiens et les Libyens étaient fous de prétendre
représenter la divinité sous la figure de bêtes féroces ou d'animaux
domestiques, et que les Grecs n'étaient guère plus sages quand ils lui
donnaient la forme et la figure humaine ; que la divinité ne saurait être
autre chose que ce qui nous enserre, nous, la terre et la mer, autre chose
par conséquent que ce que {nous autres stoïciens} appelons le ciel et le
monde ou la nature. Quel est l'esprit en pleine possession de sa raison,
disait-il encore, qui eût osé concevoir une image de la divinité faite
d'après tel ou tel modèle humain ? Non, il faut renoncer à tous ces vains
simulacres de la statuaire, et se borner, pour honorer la divinité, à lui
dédier une enceinte et un sanctuaire dignes d'elles, sans vouloir y placer
ni statue, ni effigie d'aucune sorte. Il faut aussi que, dans ces
sanctuaires, ceux qui sont sujets à faire d'heureux songes viennent dormir
et provoquer ainsi, pour les autres comme pour eux-mêmes, les réponses de
la divinité, de qui les sages et les justes doivent toujours attendre
quelque manifestation bienveillante sous la forme d'une faveur ou d'un
avertissement sensible, mais les sages et les justes seuls, cette attente
étant interdite aux autres mortels.
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