[16a,2] Δοκεῖ δὲ τὸ τῶν Σύρων ὄνομα διατεῖναι ἀπὸ μὲν
τῆς Βαβυλωνίας μέχρι τοῦ Ἰσσικοῦ κόλπου, ἀπὸ δὲ
τούτου μέχρι τοῦ Εὐξείνου τὸ παλαιόν. οἱ γοῦν Καππάδοκες
ἀμφότεροι, οἵ τε πρὸς τῷ Ταύρῳ καὶ οἱ πρὸς
τῷ Πόντῳ, μέχρι νῦν Λευκόσυροι καλοῦνται, ὡς ἂν
ὄντων τινῶν Σύρων καὶ μελάνων· οὗτοι δ´ εἰσὶν οἱ
ἐκτὸς τοῦ Ταύρου· λέγω δὲ Ταῦρον μέχρι τοῦ Ἀμανοῦ διατείνων
τοὔνομα. οἱ δ´ ἱστοροῦντες τὴν Σύρων ἀρχὴν ὅταν φῶσι Μήδους
μὲν ὑπὸ Περσῶν καταλυθῆναι Σύρους δὲ ὑπὸ Μήδων,
οὐκ ἄλλους τινὰς τοὺς
Σύρους λέγουσιν ἀλλὰ τοὺς ἐν Βαβυλῶνι καὶ Νίνῳ
κατεσκευασμένους τὸ βασίλειον· ὧν ὁ μὲν Νίνος ἦν ὁ
τὴν Νίνον ἐν τῇ Ἀτουρίᾳ κτίσας, ἡ δὲ τούτου γυνή,
ἥπερ καὶ διεδέξατο τὸν ἄνδρα, Σεμίραμις, ἧς ἐστι
κτίσμα ἡ Βαβυλών. οὗτοι δὲ ἐκράτησαν τῆς Ἀσίας, καὶ
τῆς Σεμιράμιδος χωρὶς τῶν ἐν Βαβυλῶνι ἔργων πολλὰ
καὶ ἄλλα κατὰ πᾶσαν γῆν σχεδὸν δείκνυται ὅση τῆς
ἠπείρου ταύτης ἐστί, τά τε χώματα ἃ δὴ καλοῦσι Σεμιράμιδος,
καὶ τείχη καὶ ἐρυμάτων κατασκευαὶ καὶ
συρίγγων τῶν ἐν αὐτοῖς καὶ ὑδρείων καὶ κλιμάκων
καὶ διωρύγων ἐν ποταμοῖς καὶ λίμναις καὶ ὁδῶν καὶ
γεφυρῶν. ἀπέλιπον δὲ τοῖς μεθ´ ἑαυτοὺς τὴν ἀρχὴν μέχρι
τῆς Σαρδαναπάλλου καὶ Ἀρβάκου· μετέστη δ´
εἰς Μήδους ὕστερον.
| [16a,2] Il semble que la dénomination de Syriens, qui ne s'étend plus
aujourd'hui que de la Babylonie au golfe d'Issus, ait dépassé anciennement
le golfe d'Issus et atteint aux rivages de l'Euxin. Ainsi les populations
de l'une et de l'autre Cappadoce, de la Cappadoce Taurique et de la
Cappadoce Pontique, sont, même de nos jours, souvent appelées les
Leucosyri ou Syriens blancs, par opposition apparemment à d'autres Syriens
dits Melanosyri ou Syriens Noirs, qui ne peuvent être que les Syriens
établis par delà le Taurus, et, quand je dis le Taurus, je donne à ce nom
sa plus grande extension, je prolonge la chaîne jusqu'à l'Amanus. D'autre
part, quand les historiens qui ont écrit des Antiquités de la Syrie nous
disent que la puissance des Mèdes fut détruite par les Perses, comme celle
des Syriens auparavant l'avait été par les Mèdes, il est évident que pour
eux les seuls et vrais Syriens sont ceux qui avaient fixé le siège de leur
empire dans Babylone et dans Ninive et qui eurent pour maîtres Ninus et
Sémiramis. On sait que Ninus est le roi qui bâtit Ninive dans les plaines
de l'Aturie et qu'après lui Sémiramis, sa femme, succédant à son pouvoir,
fonda et bâtit Babylone. Ninus et Sémiramis avaient conquis l'Asie. Il
reste même encore de la domination de Sémiramis, comme vestiges
subsistants, sans parler des grands travaux de Babylone, d'innombrables
monuments répandus sur toute la surface du continent, des terre-pleins ou
terrasses dites de Sémiramis, des murailles, des forteresses avec galeries
souterraines, des aqueducs, des escaliers taillés dans la montagne, des
canaux dérivés de fleuves, des émissaires ouverts à des lacs, des
chaussées, des ponts. Ajoutons que l'empire de Ninus et de Sémiramis se
conserva aux mains de leurs descendants jusqu'au jour où, Sardanapalle
ayant été vaincu par Arbacès, le pouvoir passa aux mains des Mèdes.
|