[14e,29] Ἔτι καὶ ταῦτα μέμψαιτο ἄν τις τοῦ Ἀπολλοδώρου,
ὅτι τῶν νεωτέρων καινοτομούντων πολλὰ παρὰ τὰς
Ὁμηρικὰς ἀποφάσεις, εἰωθὼς ταῦτ´ ἐλέγχειν ἐπὶ πλέον,
ἐνταῦθα οὐκ ὠλιγώρηκε μόνον, ἀλλὰ καὶ τἀναντία εἰς
ἓν συνάγει τὰ μὴ ὡσαύτως λεγόμενα. ὁ μὲν γὰρ Ξάνθος
ὁ Λυδὸς μετὰ τὰ Τρωικά φησιν ἐλθεῖν τοὺς Φρύγας
ἐκ τῆς Εὐρώπης καὶ τῶν ἀριστερῶν τοῦ Πόντου,
ἀγαγεῖν δ´ αὐτοὺς Σκαμάνδριον ἐκ Βερεκύντων καὶ
Ἀσκανίας. ἐπιλέγει δὲ τούτοις ὁ Ἀπολλόδωρος, ὅτι
τῆς Ἀσκανίας ταύτης μνημονεύει καὶ Ὅμηρος ἧς ὁ
Ξάνθος „Φόρκυς δὲ Φρύγας ἦγε καὶ Ἀσκάνιος θεοειδὴς
τῆλ´ ἐξ Ἀσκανίης.“ ἀλλ´ εἰ οὕτως ἔχει, ἡ μὲν μετανάστασις
ὕστερον ἂν εἴη τῶν Τρωικῶν γεγονυῖα, ἐν
δὲ τοῖς Τρωικοῖς τὸ λεγόμενον ὑπὸ τοῦ ποιητοῦ ἐπικουρικὸν
ἧκεν ἐκ τῆς περαίας ἐκ τῶν Βερεκύντων καὶ
τῆς Ἀσκανίας. τίνες οὖν Φρύγες ἦσαν „οἵ ῥα τότ´
„ἐστρατόωντο παρ´ ὄχθας Σαγγαρίοιο,“ ὅτε ὁ Πρίαμος
„ἐπίκουρος ἐὼν μετὰ τοῖσιν ἐλέγμην“ φησί; πῶς
δὲ ἐκ μὲν Βερεκύντων μετεπέμπετο Φρύγας ὁ Πρίαμος,
πρὸς οὓς οὐδὲν ἦν αὐτῷ συμβόλαιον, τοὺς δ´ ὁμόρους
καὶ οἷς αὐτὸς πρότερον ἐπεκούρησε παρέλιπεν; οὕτω
δὲ περὶ τῶν Φρυγῶν εἰπὼν ἐπιφέρει καὶ τὰ περὶ τῶν
Μυσῶν οὐχ ὁμολογούμενα τούτοις· λέγεσθαι γάρ φησι
καὶ τῆς Μυσίας κώμην Ἀσκανίαν περὶ λίμνην ὁμώνυμον,
ἐξ ἧς καὶ τὸν Ἀσκάνιον ποταμὸν ῥεῖν, οὗ μνημονεύει
καὶ Εὐφορίων „Μυσοῖος παρ´ ὕδασιν Ἀσκανίοιο.“
καὶ ὁ Αἰτωλὸς Ἀλέξανδρος „οἳ καὶ ἐπ´ Ἀσκανίῳ δώματ´ ἔχουσι ῥόῳ, λίμνης Ἀσκανίης ἐπὶ χείλεσιν· „ἔνθα Δολίων υἱὸς Σιληνοῦ νάσσατο καὶ Μελίης.“ καλοῦσι δέ, φησί, Δολιονίδα καὶ Μυσίαν τὴν περὶ Κύζικον ἰόντι εἰς Μιλητούπολιν. εἰ οὖν οὕτως ἔχει ταῦτα,
καὶ ἐκμαρτυρεῖται ὑπὸ τῶν δεικνυμένων νῦν καὶ ὑπὸ
τῶν ποιητῶν, τί ἐκώλυε τὸν Ὅμηρον ταύτης μεμνῆσθαι
τῆς Ἀσκανίας, ἀλλὰ μὴ τῆς ὑπὸ Ξάνθου λεγομένης;
εἴρηται δὲ καὶ πρότερον περὶ τούτων ἐν τῷ περὶ
Μυσῶν καὶ Φρυγῶν λόγῳ, ὥστε ἐχέτω πέρας.
| [14e,29] Il est un dernier reproche qu'on pourrait adresser à Apollodore, c'est
d'avoir au moins une fois imité ces novateurs si peu respectueux de la
parole du Poète que lui-même en général maltraite si fort, et d'avoir non
seulement méconnu l'autorité d'Homère, mais rapproché violemment et,
confondu ce qu'Homère avait pris soin de distinguer. Voici le fait :
Xanthus de Lydie avait déclaré en termes exprès que ce fut seulement après
la guerre de Troie que les Phrygiens, quittant sur la rive gauche du Pont
le pays des Bérécyntes et le territoire d'Ascanie, passèrent d'Europe en
Asie sous la conduite de Scamandrius. Sur ce, Apollodore prétend que c'est
bien la même Ascanie dont parle Xanthus qu'Homère a mentionnée dans ce
passage : «Phorcys et Ascanius, Ascanius semblable aux dieux, marchaient à la tête des Phrygiens, venus avec eux de la lointaine Ascanie» (Il. II, 862).
Mais, s'il en est ainsi, s'il est vrai que la migration phrygienne n'ait
eu lieu que postérieurement à la guerre de Troie et que les auxiliaires
phrygiens, envoyés au secours de Priam au moment même de la guerre,
vinssent de l'autre côté du Pont, du pays des Bérécyntes et des environs
d'Ascanie, qui étaient ces Phrygiens qui plus anciennement
«Guerroyaient le long des rives du Sangarius», quand Priam (il nous le dit
lui-même) «Vint, simple volontaire, se mêler à eux et combattre dans leurs rangs»
(Il. III, 187)? Comment est-ce de chez les Bérécyntes, à qui aucun lien ne l'unissait, que Priam a tiré ses auxiliaires phrygiens ? Comment aurait-il omis de
s'adresser de préférence aux Phrygiens, ses proches voisins, et que
lui-même en personne avait autrefois secourus ? Ajoutons que ce
qu'Apollodore dit ailleurs des Mysiens se trouve en contradiction formelle
avec sa présente allégation relative aux Phrygiens. «On cite, dit-il,
comme appartenant encore à la Mysie, un bourg d'Ascanie, situé près d'un
lac de même nom, d'où sort un fleuve, dit aussi l'Ascanius, qui se trouve
mentionné et par Euphorion dans le vers suivant :
«Près des eaux de l'Ascanius, de l'Ascanius Mysien»,
et par Alexandre l'Aetolien dans le passage que voici :
«Et les riverains de l'Ascanius, voisins du lac d'Ascanie, chez qui vivait
naguère Dolion, héros illustre né des amours de Silène et de Mélie».
On donne maintenant le nom de Dolionide (c'est toujours Apollodore qui
parle) à certain canton de la Mysie situé aux environs de Cyzique, sur le
chemin de Milétopolis». Or, si ces détails géographiques sont exacts (et
l'état actuel des lieux paraît bien confirmer le témoignage des poètes),
qui pouvait bien empêcher qu'Homère ne pensât à cette Ascanie de Mysie
plutôt qu'à celle dont parle Xanthus ? Mais nous avons déjà traité cette
question tout au long en décrivant précédemment la Mysie et la Phrygie, il
est donc grand temps que nous nous arrêtions.
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