[13a,57] Ἔστι δὲ ἡ Ἄσσος ἐρυμνὴ καὶ εὐτειχής, ἀπὸ θαλάττης
καὶ τοῦ λιμένος ὀρθίαν καὶ μακρὰν ἀνάβασιν ἔχουσα,
ὥστ´ ἐπ´ αὐτῆς οἰκείως εἰρῆσθαι δοκεῖ τὸ τοῦ Στρατονίκου τοῦ κιθαριστοῦ
„Ἄσσον ἴθ´, ὥς κεν θᾶσσον ὀλέ„θρου πείραθ´ ἵκηαι.“ ὁ δὲ λιμὴν χώματι
κατεσκεύασται μεγάλῳ. ἐντεῦθεν ἦν Κλεάνθης, ὁ στωικὸς φιλόσοφος,
ὁ διαδεξάμενος τὴν Ζήνωνος τοῦ Κιτιέως σχολήν,
καταλιπὼν δὲ Χρυσίππῳ τῷ Σολεῖ· ἐνταῦθα δὲ καὶ Ἀριστοτέλης
διέτριψε διὰ τὴν πρὸς Ἑρμείαν τὸν τύραννον
κηδείαν. ἦν δὲ Ἑρμείας εὐνοῦχος, τραπεζίτου τινὸς οἰκέτης· γενόμενος δ´
Ἀθήνησιν ἠκροάσατο καὶ Πλάτωνος καὶ Ἀριστοτέλους· ἐπανελθὼν δὲ τῷ
δεσπότῃ συνετυράννησε, πρῶτον ἐπιθεμένῳ τοῖς περὶ Ἀταρνέα καὶ
Ἄσσον χωρίοις· ἔπειτα διεδέξατο ἐκεῖνον καὶ μετεπέμψατο τόν τε Ἀριστοτέλην
καὶ Ξενοκράτην καὶ ἐπεμελήθη αὐτῶν, τῷ δ´ Ἀριστοτέλει καὶ θυγατέρα ἀδελφοῦ συνῴκισε. Μέμνων δ´ ὁ Ῥόδιος ὑπηρετῶν τότε τοῖς
Πέρσαις καὶ στρατηγῶν, προσποιησάμενος φιλίαν καλεῖ
πρὸς ἑαυτὸν ξενίας τε ἅμα καὶ πραγμάτων προσποιητῶν χάριν,
συλλαβὼν δ´ ἀνέπεμψεν ὡς τὸν βασιλέα,
κἀκεῖ κρεμασθεὶς ἀπώλετο· οἱ φιλόσοφοι δ´ ἐσώθησαν
φεύγοντες τὰ χωρία ἃ οἱ Πέρσαι κατέσχον.
| [13a,57] 57. Déjà très forte par sa position, Assos est rendue plus forte encore
par l'excellence de ses murailles. Elle est séparée de la mer et de son
port par une longue rampe très raide qui paraît justifier tout à fait ce
jeu de mots de Stratonicus le Cithariste :
«Allez à Assos, si vous avez ASSEZ de la vie».
Pour former ce port d'Assos, on a dû construire une jetée considérable. Le
stoïcien Cléanthe, à qui Zénon de Citium laissa le soin de continuer son
enseignement et qui le transmit à son tour à Chrysippe de Soles, était
natif d'Assos. Aristote séjourna dans cette même ville par suite de
l'alliance de famille qu'il avait contractée avec le tyran Hermias.
Celui-ci était eunuque et avait servi un riche banquier. Dans un voyage
qu'il avait fait à Athènes, il avait suivi les leçons de Platon et
d'Aristote. Puis, de retour à Assos, il s'était vu associer par son maître
à ses projets de tyrannie ; il avait pris part à son premier coup de main
sur Atarnée et sur Assos et avait fini par hériter de son pouvoir. C'est
alors qu'appelant auprès de lui Aristote et Xénocrate, il voulut prendre
soin de leur fortune et qu'il maria Aristote à une fille de son frère.
Dans ce temps-là Memnon le Rhodien était au service de la Perse et
commandait les armées du Grand Roi : il simula pour Hermias une grande
amitié et l'invita à venir le trouver sous prétexte de lui faire fête et
de se concerter avec lui au sujet d'affaires soi-disant urgentes ; mais,
s'étant emparé de sa personne, il l'envoya sous bonne escorte à la cour du
Grand Roi qui le fit pendre dès son arrivée. Quant aux deux philosophes
{amis d'Hermias}, ils n'eurent d'autre moyen de sauver leur vie que de
s'enfuir loin d'Assos, les Perses ayant brusquement occupé la ville.
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