[13a,5] Τοπογραφεῖ δὲ κάλλιστα τὴν ὄντως λεγομένην
Τροίαν ἡ τῆς Ἴδης θέσις, ὄρους ὑψηλοῦ βλέποντος
πρὸς δύσιν καὶ τὴν ταύτῃ θάλατταν, μικρὰ δ´ ἐπιστρέφοντος
καὶ πρὸς ἄρκτον καὶ τὴν ταύτῃ παραλίαν. ἔστι
δὲ αὕτη μὲν τῆς Προποντίδος ἀπὸ τῶν περὶ Ἄβυδον
στενῶν ἐπὶ τὸν Αἴσηπον καὶ τὴν Κυζικηνήν· ἡ δ´ ἑσπερία θάλαττα ὅ τε
Ἑλλήσποντός ἐστιν ὁ ἔξω καὶ τὸ Αἰγαῖον πέλαγος. πολλοὺς δ´ ἔχουσα πρόποδας
ἡ Ἴδη καὶ σκολοπενδρώδης οὖσα τὸ σχῆμα ἐσχάτοις ἀφορίζεται
τούτοις, τῷ τε περὶ τὴν Ζέλειαν ἀκρωτηρίῳ καὶ τῷ
καλουμένῳ Λεκτῷ, τῷ μὲν τελευτῶντι εἰς τὴν μεσόγαιαν μικρὸν ὑπὲρ τῆς
Κυζικηνῆς (καὶ δὴ καὶ ἔστι νῦν
ἡ Ζέλεια τῶν Κυζικηνῶν)· τὸ δὲ Λεκτὸν εἰς τὸ πέλαγος καθήκει τὸ Αἰγαῖον ἐν
παράπλῳ κείμενον τοῖς ἐκ
Τενέδου πλέουσιν εἰς Λέσβον. „Ἴδην δ´ ἵκανον πολυ„πίδακα μητέρα θηρῶν,
Λεκτὸν ὅθι πρῶτον λιπέτην
„ἅλα“ Ὕπνος καὶ Ἥρα, τοῖς οὖσιν οἰκείως τοῦ ποιητοῦ
φράζοντος τὸ Λεκτόν· καὶ γὰρ ὅτι τῆς Ἴδης ἐστὶ τὸ
Λεκτὸν καὶ διότι πρώτη ἀπόβασις ἐκ θαλάττης αὕτη
τοῖς ἐπὶ τὴν Ἴδην ἀνιοῦσιν, εἴρηκεν ὀρθῶς.
Τοὺς δὴ πρόποδας τοὺς ἐσχάτους ἐφ´ ἑκάτερα φράζων οὕτως τὸ Λεκτὸν καὶ τὴν
Ζέλειαν, οἰκείως τούτων
ἀκρώρειαν ἀφορίζει Γάργαρον, ἄκρον λέγων· καὶ γὰρ
καὶ νῦν Γάργαρον ἐν τοῖς ἄνω μέρεσι τῆς Ἴδης δείκνυται τόπος,
ἀφ´ οὗ τὰ νῦν Γάργαρα πόλις Αἰολική. ἐντὸς
μὲν οὖν τῆς Ζελείας καὶ τοῦ Λεκτοῦ πρῶτά ἐστιν ἀπὸ
τῆς Προποντίδος ἀρξαμένοις {τὰ} μέχρι τῶν κατ´ Ἄβυδον στενῶν, εἶτ´ ἔξω τῆς
Προποντίδος τὰ μέχρι Λεκτοῦ.
| [13a,5] 5. Rien du reste n'est plus propre à déterminer ce qu'il faut entendre au
vrai sous le nom de Troade que la situation de l'Ida, montagne très haute,
et qui, tout en regardant principalement le couchant et la mer
occidentale, se replie quelque peu dans la direction du nord et de la côte
septentrionale, le nom de côte septentrionale désignant pour nous la
portion du littoral de la Propontide qui s'étend du détroit d'Abydos à
l'Aesépus et à la Cyzicène, tandis que celui de mer occidentale comprend à
la fois l'Hellespont extérieur et la mer Egée. Or l'Ida projette en avant
de soi un grand nombre de contreforts, qu'on prendrait pour les pieds
d'une immense scolopendre : deux figurent ses extrémités antérieure et
postérieure, le promontoire de Zélia, qui vient finir dans l'intérieur des
terres un peu au-dessus de la Cyzicène (si même aujourd'hui Zélia ne se
trouve comprise dans le territoire des Cyzicéniens) et le promontoire du
Lectum, lequel s'avance, au contraire, jusque dans la mer Egée, de manière
à se trouver placé sur le passage des navires allant de Ténédos à Lesbos :
«Ils eurent bientôt atteint l'Ida aux mille sources, refuge des bêtes
féroces ; et, avec l'Ida, le Lectum, où d'abord ils quittèrent la mer» (Il. XIV, 283).
Homère parle là du Sommeil et de Junon, et, en ce qui concerne le Lectum,
il ne pouvait rien dire de plus conforme à l'état vrai des lieux, car
c'était rattacher en fait le Lectum à l'Ida comme en formant une partie
intégrante et représenter ce cap au sortir de la mer en quelque sorte
comme la première marche de la montée de l'Ida.
Ajoutons qu'avec la même exactitude qu'il avait fait du Lectum et du
promontoire de Zélia les extrémités antérieure et postérieure de l'Ida
(Il. II, 824), Homère en détermine le point culminant, quand il donne au
Gargarum le nom de pics (Il. XIV, 292) : il est notoire, en effet, que,
même de nos jours, on montre dans la région supérieure de l'Ida un lieu
appelé Gargarum, duquel évidemment a dû tirer son nom la ville aeolienne de
Gargara, encore debout aujourd'hui.
Mais de tout ce qui précède il résulte que, dans l'intervalle compris
entre Zélia et le Lectum, on doit distinguer soigneusement deux parties,
la première qui borde la Propontide jusqu'au détroit d'Abydos, et l'autre
qui s'étend en dehors de la Propontide jusqu'au Lectum.
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