[13a,3] Οἱ δ´ ὕστερον τοὺς ὅρους οὐ τοὺς αὐτοὺς λέγουσι
καὶ τοῖς ὀνόμασι χρῶνται διηλλαγμένως, διαιρέσεις
νέμοντες πλείους. μάλιστα δὲ αἱ τῶν Ἑλλήνων ἀποικίαι
παρεσχήκασι λόγον· ἧττον μὲν ἡ Ἰωνική (πλείονι γὰρ
διέστηκε τῆς Τρῳάδος), ἡ δὲ τῶν Αἰολέων παντάπασι·
καθ´ ὅλην γὰρ ἐσκεδάσθη ἀπὸ τῆς Κυζικηνῆς μέχρι
τοῦ Καΐκου καὶ ἐπέλαβεν ἔτι πλέον, τὴν μεταξὺ τοῦ
Καΐκου καὶ τοῦ Ἕρμου ποταμοῦ. τέτταρσι γὰρ δὴ γενεαῖς
πρεσβυτέραν φασὶ τὴν Αἰολικὴν ἀποικίαν τῆς
Ἰωνικῆς, διατριβὰς δὲ λαβεῖν καὶ χρόνους μακροτέρους.
Ὀρέστην μὲν γὰρ ἄρξαι τοῦ στόλου, τούτου δ´ ἐν Ἀρκαδίᾳ
τελευτήσαντος τὸν βίον διαδέξασθαι τὸν υἱὸν
αὐτοῦ Πενθίλον, καὶ προελθεῖν μέχρι Θρᾴκης ἑξήκοντα
ἔτεσι τῶν Τρωικῶν ὕστερον, ὑπ´ αὐτὴν τὴν
τῶν Ἡρακλειδῶν εἰς Πελοπόννησον κάθοδον· εἶτ´ Ἀρχέλαον
υἱὸν ἐκείνου περαιῶσαι τὸν Αἰολικὸν στόλον
εἰς τὴν νῦν Κυζικηνὴν τὴν περὶ τὸ Δασκύλιον· Γρᾶν
δὲ τὸν υἱὸν τούτου τὸν νεώτατον προελθόντα μέχρι
τοῦ Γρανίκου ποταμοῦ καὶ παρεσκευασμένον ἄμεινον
περαιῶσαι τὸ πλέον τῆς στρατιᾶς εἰς Λέσβον καὶ κατασχεῖν αὐτήν·
Κλεύην δὲ τὸν Δώρου καὶ Μαλαόν, καὶ
αὐτοὺς ἀπογόνους ὄντας Ἀγαμέμνονος, συναγαγεῖν
μὲν τὴν στρατιὰν κατὰ τὸν αὐτὸν χρόνον καθ´ ὃν καὶ
Πενθίλος, ἀλλὰ τὸν μὲν τοῦ Πενθίλου στόλον φθῆναι
περαιωθέντα ἐκ τῆς Θρᾴκης εἰς τὴν Ἀσίαν, τούτους δὲ
περὶ τὴν Λοκρίδα καὶ τὸ Φρίκιον ὄρος διατρῖψαι πολὺν
χρόνον, ὕστερον δὲ διαβάντας κτίσαι τὴν Κύμην τὴν
Φρικωνίδα κληθεῖσαν ἀπὸ τοῦ Λοκρικοῦ ὄρους.
| [13a,3] 3. Cela dit sur l'état actuel de la Troade, {examinons le témoignage
d'Homère} : ce qu'on en peut inférer, c'est que la domination des anciens
Troyens, ou Troyens proprement dits, se trouvait resserrée entre les
confins de la Cyzicène et du district qu'arrose l'Aesépus, d'une part, et
le cours du Caïcus, de l'autre, formant en dedans de ces limites huit ou
neuf provinces distinctes, sous autant de dynastes ou de chefs nationaux,
qu'il ne faut pas confondre avec les différents princes venus au secours
de Troie et que le poète range sous la dénomination commune d'alliés.
3. Quant aux écrivains postérieurs à Homère, ils n'assignent plus les
mêmes limites à la Troade : ils la partagent en un plus grand nombre de
provinces et naturellement remanient toute la nomenclature homérique.
C'est qu'en effet de grands changements avaient eu lieu dans l'intervalle,
par suite surtout de l'arrivée des colonies grecques, non pas tant des
colonies ioniennes, lesquelles s'étaient toujours tenues plus éloignées de
la Troade, que des aeoliennes, lesquelles, en se répandant dans tout
l'espace compris entre la Cyzicène et le Caïcus, et en débordant même par
de là sur la contrée qui se prolonge du Caïcus à l'Hermus, avaient tout
bouleversé dans le pays.
Partie quatre générations, dit-on, avant la colonie ionienne, la colonie
aeolienne avait, en revanche, éprouvé plus de retards et mis plus de temps
à consommer son établissement. Oreste, premier chef de l'expédition, étant
mort dès son arrivée en Arcadie, le commandement avait alors passé aux
mains de Penthilus, son fils, qui, poussant en avant, atteignit la Thrace
précisément comme s'effectuait, soixante ans après la prise de Troie, la
rentrée des Héraclides dans le Péloponnèse. Plus tard, Archélaüs fils de
Penthilus, fit passer le Détroit à la colonie aeolienne et vint s'établir
avec elle dans la partie de la Cyzicène actuelle qui avoisine Dascylium.
Le plus jeune des fils de Penthilus, Graüs, s'avança à son tour jusqu'au
Granique, et, mieux pourvu de toute chose, transporta la majeure partie de
l'armée aeolienne dans l'île de Lesbos, dont il s'empara. Deux autres
descendants d'Agamemnon, Cleuas et Malaüs (le premier, fils de Dorus),
avaient, dans le même temps que Penthilus rassemblait ses compagnons,
entrepris une semblable expédition ; mais ils avaient laissé l'armée de
Penthilus prendre les devants et passer la première de Thrace en Asie ; et
eux-mêmes, s'attardant en Locride, y étaient restés longtemps campés
autour du mont Phricius, jusqu'à ce qu'enfin, passant aussi la mer, ils
vinrent fonder en Troade la ville de Cymé dite Phriconide, en souvenir
apparemment du Phricius de Locride.
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