[13a,27] Καὶ τὸ Ἴλιον δ´ ὃ νῦν ἔστι κωμόπολίς τις ἦν, ὅτε
πρῶτον Ῥωμαῖοι τῆς Ἀσίας ἐπέβησαν καὶ ἐξέβαλον
Ἀντίοχον τὸν μέγαν ἐκ τῆς ἐντὸς τοῦ Ταύρου. φησὶ
γοῦν Δημήτριος ὁ Σκήψιος, μειράκιον ἐπιδημήσας εἰς
τὴν πόλιν κατ´ ἐκείνους τοὺς καιρούς, οὕτως ὠλιγωρημένην
ἰδεῖν τὴν κατοικίαν ὥστε μηδὲ κεραμωτὰς
ἔχειν τὰς στέγας· Ἡγησιάναξ δὲ τοὺς Γαλάτας περαιωθέντας
ἐκ τῆς Εὐρώπης ἀναβῆναι μὲν εἰς τὴν πόλιν
δεομένους ἐρύματος, παρὰ χρῆμα δ´ ἐκλιπεῖν διὰ τὸ
ἀτείχιστον· ὕστερον δ´ ἐπανόρθωσιν ἔσχε πολλήν. εἶτ´
ἐκάκωσαν αὐτὴν πάλιν οἱ μετὰ Φιμβρίου Ῥωμαῖοι λαβόντες
ἐκ πολιορκίας ἐν τῷ Μιθριδατικῷ πολέμῳ.
συνεπέμφθη δὲ ὁ Φιμβρίας ὑπάτῳ Ὀυαλερίῳ Φλάκκῳ
ταμίας προχειρισθέντι ἐπὶ τὸν Μιθριδάτην· καταστασιάσας δὲ καὶ ἀνελὼν τὸν
ὕπατον κατὰ Βιθυνίαν αὐτὸς κατεστάθη κύριος τῆς στρατιᾶς,
καὶ προελθὼν εἰς Ἴλιον, οὐ δεχομένων αὐτὸν τῶν Ἰλιέων ὡς λῃστήν,
βίαν τε προσφέρει καὶ δεκαταίους αἱρεῖ· καυχωμένου
δ´ ὅτι ἣν Ἀγαμέμνων πόλιν δεκάτῳ ἔτει μόλις εἷλε
τὸν χιλιόναυν στόλον ἔχων καὶ τὴν σύμπασαν Ἑλλάδα
συστρατεύουσαν, ταύτην αὐτὸς δεκάτῃ ἡμέρᾳ χειρώσαιτο, εἶπέ τις τῶν Ἰλιέων
„οὐ γὰρ ἦν Ἕκτωρ ὁ ὑπερ„μαχῶν τῆς πόλεως.“
τοῦτον μὲν οὖν ἐπελθὼν Σύλλας
κατέλυσε, καὶ τὸν Μιθριδάτην κατὰ συμβάσεις εἰς
τὴν οἰκείαν ἀπέπεμψε, τοὺς δ´ Ἰλιέας παρεμυθήσατο
πολλοῖς ἐπανορθώμασι. καθ´ ἡμᾶς μέντοι Καῖσαρ ὁ
θεὸς πολὺ πλέον αὐτῶν προὐνόησε ζηλώσας ἅμα καὶ
Ἀλέξανδρον· ἐκεῖνος γὰρ κατὰ συγγενείας ἀνανέωσιν
ὥρμησε προνοεῖν αὐτῶν, ἅμα καὶ φιλόμηρος ὤν· φέρεται γοῦν
τις διόρθωσις τῆς Ὁμήρου ποιήσεως, ἡ ἐκ
τοῦ νάρθηκος λεγομένη, τοῦ Ἀλεξάνδρου μετὰ τῶν
περὶ Καλλισθένη καὶ Ἀνάξαρχον ἐπελθόντος καὶ σημειωσαμένου τινά,
ἔπειτα καταθέντος εἰς νάρθηκα ὃν
ηὗρεν ἐν τῇ Περσικῇ γάζῃ πολυτελῶς κατεσκευασμένον.
κατά τε δὴ τὸν τοῦ ποιητοῦ ζῆλον καὶ κατὰ τὴν
συγγένειαν τὴν ἀπὸ τῶν Αἰακιδῶν τῶν ἐν Μολοττοῖς
βασιλευσάντων, παρ´ οἷς καὶ τὴν Ἀνδρομάχην ἱστοροῦσι βασιλεῦσαι
τὴν Ἕκτορος γενομένην γυναῖκα,
ἐφιλοφρονεῖτο πρὸς τοὺς Ἰλιέας ὁ Ἀλέξανδρος· ὁ δὲ
Καῖσαρ καὶ φιλαλέξανδρος ὢν καὶ τῆς πρὸς τοὺς Ἰλιέας
συγγενείας γνωριμώτερα ἔχων τεκμήρια, ἐπερρώσθη
πρὸς τὴν εὐεργεσίαν νεανικῶς· γνωριμώτερα δέ, πρῶτον μὲν ὅτι Ῥωμαῖος, οἱ δὲ
Ῥωμαῖοι τὸν Αἰνείαν ἀρχηγέτην ἡγοῦνται, ἔπειτα ὅτι Ἰούλιος ἀπὸ Ἰούλου τινὸς
τῶν προγόνων· ἐκεῖνος δ´ ἀπὸ Ἰούλου τὴν προσωνυμίαν ἔσχε ταύτην, τῶν
ἀπογόνων εἷς ὢν τῶν ἀπὸ Αἰνείου. χώραν τε δὴ προσένειμεν αὐτοῖς καὶ τὴν
ἐλευθερίαν καὶ τὴν ἀλειτουργησίαν αὐτοῖς συνεφύλαξε καὶ
μέχρι νῦν συμμένουσιν ἐν τούτοις. ὅτι δ´ οὐκ ἐνταῦθα
ἵδρυται τὸ παλαιὸν Ἴλιον καθ´ Ὅμηρον σκοποῦσιν, ἐκ
τῶν τοιῶνδε τεκμαίρονται. πρότερον δὲ ὑπογραπτέον
τοὺς τόπους ἀπὸ τῆς παραλίας ἀρξαμένους ἀφ´ ἧσπερ ἐλίπομεν.
| [13a,27] 27. Quant à la moderne Ilion, elle ne méritait encore qu'à moitié le nom
de ville lorsque les Romains mirent le pied pour la première fois en Asie
et chassèrent Antiochus le Grand de toute la contrée sise en deçà du
Taurus. Cela est si vrai que Démétrius de Scepsis qui, dans sa jeunesse
et précisément à cette époque, eut occasion de visiter Ilion, fut frappé de
l'état misérable des habitations, lesquelles n'étaient pas même couvertes
en tuiles. Hégésianax, à son tour, raconte comment les Galates, après leur
passage d'Europe en Asie, montèrent jusqu'à Ilion, dans l'espoir d'y
trouver l'abri fortifié dont ils avaient besoin, mais s'en éloignèrent
aussitôt, n'y ayant même pas trouvé de mur d'enceinte. Dans la suite, il
est vrai, l'état de la ville fut sensiblement changé et amélioré.
Cependant elle eut encore beaucoup à souffrir des Romains de Fimbria, qui,
dans leur guerre contre Mithridate, en firent le siège et l'enlevèrent de
vive force. Fimbria avait accompagné comme questeur en Asie le consul
Valerius Flaccus désigné pour combattre Mithridate ; puis, une fois en
Bithynie, il avait soulevé l'armée et tué de sa main le consul, s'était
ensuite emparé du commandement, avait poussé jusqu'à Ilion, et, sur le
refus des habitants de recevoir un brigand tel que lui, avait formé le
siège de la ville, et l'avait prise après dix jours. En fanfaron qu'il
était, il se glorifiait bien haut qu'une ville, qu'Agamemnon, avec ses
mille vaisseaux et le secours de la Grèce entière confédérée, avait eu de
la peine à prendre en dix ans, eût été réduite par lui en dix jours ; mais
un Iliéen l'interrompant : «Hector n'était plus là, dit-il, pour défendre
la ville !» Sur ces entrefaites, Sylla débarqua en Asie ; il fit mettre à
mort Fimbria, et, ayant conclu avec Mithridate une convention qui forçait
ce prince à rentrer dans ses Etats, il indemnisa les Iliéens en accordant
à leur ville d'importantes réparations. On ne s'en tint pas là pourtant,
et de nos jours le divin César voulut faire plus encore, par intérêt pour
les Iliéens assurément, mais en même temps aussi par émulation à l'endroit
d'Alexandre. Alexandre avait eu, pour s'intéresser à ce peuple, un double
motif : le désir, d'abord, de renouveler avec lui certain lien d'antique
parenté, puis son propre culte pour Homère. On connaît la fameuse
diorthose ou révision des poésies d'Homère, dite de la cassette, et due à
Alexandre, qui, après avoir lu de suite les poèmes entiers d'Homère en
compagnie de Callisthène et d'Anaxarque et avoir consigné par écrit
certaines remarques, avait serré le tout dans une cassette d'un travail
magnifique trouvée parmi les dépouilles des Perses. C'était donc à la
fois, je le répète, et par amour pour le poète et par respect de sa propre
parenté avec les Aeacides, anciens rois de ce peuple Molosse sur lequel
l'histoire fait aussi régner Andromaque, veuve d'Hector, qu'Alexandre
avait voulu donner aux Iliéens des preuves éclatantes de sa bienveillance.
Mais César, outre sa passion pour la mémoire d'Alexandre, avait un autre
mobile qui le porta, d'une ardeur toute juvénile, à combler les Iliéens de
ses bienfaits : il était personnellement uni à ce peuple par des liens de
parenté, et d'une parenté même mieux établie, plus notoire, que celle du
héros macédonien ; oui certes, plus notoire, car d'abord il était Romain
(et les Romains, on le sait, regardent Enée comme l'auteur de leur race) ;
puis, il portait le nom de Julius, et ce nom lui venait d'un de ses
ancêtres appelé Jule ou Iule apparemment en l'honneur du fils d'Enée,
étant du nombre des descendants directs du héros troyen. César attribua
donc aux Iliéens tout un territoire, et, non content de cela, il leur
assura, avec le maintien de leur autonomie, une exemption pleine et
entière de toutes les charges publiques, avantages qu'ils ont conservés
jusqu'à présent. Voici maintenant sur quoi se fondent ceux qui nient,
Homère en main, que l'antique Ilion ait jamais occupé l'emplacement sur
lequel s'élève aujourd'hui la Nouvelle. {Nous allons rappeler leurs
principaux arguments}, mais auparavant décrivons l'état actuel des lieux,
en commençant par le littoral, que nous reprendrons juste au point où nous
nous étions arrêté.
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