[12h,11] Ἔστι δὲ νῆσος ἐν τῇ Προποντίδι ἡ Κύζικος συναπτομένη γεφύραις δυσὶ πρὸς τὴν
ἤπειρον, ἀρετῇ μὲν κρατίστη μεγέθει δὲ ὅσον πεντακοσίων σταδίων τὴν περίμετρον· ἔχει
δὲ ὁμώνυμον πόλιν πρὸς αὐταῖς ταῖς γεφύραις καὶ λιμένας δύο κλειστοὺς καὶ νεωσοίκους
πλείους τῶν διακοσίων· τῆς δὲ πόλεως τὸ μὲν ἔστιν ἐν ἐπιπέδῳ τὸ δὲ πρὸς ὄρει· καλεῖται δ'
Ἄρκτων ὄρος· ὑπέρκειται δ' ἄλλο Δίνδυμον μονοφυές, ἱερὸν ἔχον τῆς Δινδυμήνης μητρὸς
θεῶν, ἵδρυμα τῶν Ἀργοναυτῶν. Ἔστι δ' ἐνάμιλλος ταῖς πρώταις τῶν κατὰ τὴν Ἀσίαν ἡ
πόλις μεγέθει τε καὶ κάλλει καὶ εὐνομίᾳ πρός τε εἰρήνην καὶ πόλεμον· ἔοικέ τε τῷ
παραπλησίῳ τύπῳ κοσμεῖσθαι ὥσπερ ἡ τῶν Ῥοδίων καὶ Μασσαλιωτῶν καὶ Καρχηδονίων
τῶν πάλαι. Τὰ μὲν οὖν πολλὰ ἐῶ, τρεῖς δ' ἀρχιτέκτονας τοὺς ἐπιμελουμένους
οἰκοδομημάτων τε δημοσίων καὶ ὀργάνων, τρεῖς δὲ καὶ θησαυροὺς κέκτηται, τὸν μὲν
ὅπλων τὸν δ' ὀργάνων τὸν δὲ σίτου· ποιεῖ δὲ τὸν σῖτον ἄσηπτον ἡ Χαλκιδικὴ γῆ μιγνυμένη.
Ἐπεδείξαντο δὲ τὴν ἐκ τῆς παρασκευῆς ταύτης ὠφέλειαν ἐν τῷ Μιθριδατικῷ πολέμῳ.
Ἐπελθόντος γὰρ αὐτοῖς ἀδοκήτως τοῦ βασιλέως πεντεκαίδεκα μυριάσι καὶ ἵππῳ πολλῇ καὶ
κατασχόντος τὸ ἀντικείμενον ὄρος ὃ καλοῦσιν Ἀδραστείας καὶ τὸ προάστειον, ἔπειτα καὶ
διάραντος εἰς τὸν ὑπὲρ τῆς πόλεως αὐχένα καὶ προσμαχομένου πεζῇ τε καὶ κατὰ θάλατταν
τετρακοσίαις ναυσίν, ἀντέσχον πρὸς ἅπαντα οἱ Κυζικηνοί, ὥστε καὶ ἐγγὺς ἦλθον τοῦ
ζωγρίᾳ λαβεῖν τὸν βασιλέα ἐν τῇ διώρυγι ἀντιδιορύττοντες, ἀλλ' ἔφθη φυλαξάμενος καὶ
ἀναλαβὼν ἑαυτὸν ἔξω τοῦ ὀρύγματος· ὀψὲ δὲ ἴσχυσεν εἰσπέμψαι τινὰς νύκτωρ
ἐπικούρους ὁ τῶν Ῥωμαίων στρατηγὸς Λεύκολλος· ὤνησε δὲ καὶ λιμὸς τῷ τοσούτῳ πλήθει
τῆς στρατιᾶς ἐπιπεσών, ὃν οὐ προείδετο ὁ βασιλεύς, ὡς ἀπῆλθε πολλοὺς ἀποβαλών.
Ῥωμαῖοι δ' ἐτίμησαν τὴν πόλιν, καὶ ἔστιν ἐλευθέρα μέχρι νῦν καὶ χώραν ἔχει πολλὴν τὴν
μὲν ἐκ παλαιοῦ τὴν δὲ τῶν Ῥωμαίων προσθέντων. Καὶ γὰρ τῆς Τρῳάδος ἔχουσι τὰ πέραν
τοῦ Αἰσήπου τὰ περὶ τὴν Ζέλειαν καὶ τὸ τῆς Ἀδραστείας πεδίον· καὶ τῆς Δασκυλίτιδος
λίμνης τὰ μὲν ἔχουσιν ἐκεῖνοι τὰ δὲ Βυζάντιοι· πρὸς δὲ τῇ Δολιονίδι καὶ τῇ Μυγδονίδι
νέμονται πολλὴν μέχρι τῆς Μιλητοπολίτιδος λίμνης καὶ τῆς Ἀπολλωνιάτιδος αὐτῆς, δι' ὧν
χωρίων καὶ ὁ Ῥύνδακος ῥεῖ ποταμὸς τὰς ἀρχὰς ἔχων ἐκ τῆς Ἀζανίτιδος, προσλαβὼν δὲ καὶ
ἐκ τῆς Ἀβρεττηνῆς Μυσίας ἄλλους τε καὶ Μέκεστον ἀπ' Ἀγκύρας τῆς Ἀβαείτιδος ἐκδίδωσιν
εἰς τὴν Προποντίδα κατὰ Βέσβικον νῆσον. Ἐν ταύτῃ δὲ τῇ νήσῳ τῶν Κυζικηνῶν ὄρος ἐστὶν
εὔδενδρον Ἀρτάκη· καὶ νησίον ὁμώνυμον πρόκειται τούτου, καὶ πλησίον ἀκρωτήριον
Μέλανος καλούμενον ἐν παράπλῳ τοῖς εἰς Πρίαπον κομιζομένοις ἐκ τῆς Κυζίκου.
| [12h,11] Cyzique est une île de la Propontide reliée au continent par deux ponts. D'une
fertilité incomparable, cette île peut avoir 500 stades de tour. Elle renferme une ville de
même nom située juste au débouché des deux ponts, et, avec cette ville, un double port
pouvant se fermer aisément et garni de plus de deux cents loges ou cales-abris pour les
navires. Une partie de la ville est plane et unie, le reste s'élève sur la pente d'une
montagne appelée l'Arctôn-Oros. Immédiatement en arrière de cette montagne, on en
aperçoit une autre nommée le mont Dindyme, laquelle n'a pas, {comme on l'a prétendu,}
double cime, mais est couronnée par le temple de la déesse Dindymène, dite la Mère des
Dieux, antique monument du passage des Argonautes. Cyzique peut rivaliser avec les
premières villes de l'Asie, non seulement sous le rapport de l'étendue et de la beauté des
édifices, mais aussi pour la sagesse de ses institutions aussi bien conçues en vue de la
guerre que de la paix et qui semblent avoir été modelées sur un type analogue à celui des
antiques constitutions de Rhodes, de Marseille et de Carthage. Sans vouloir entrer dans
le détail des lois et institutions de Cyzique, nous signalerons cet usage des Cyzicéniens
de confier la surintendance des bâtiments et l'entretien des machines de guerre à trois
architectes et d'avoir, sous le nom de trésors, un triple dépôt pour les armes, pour les
machines de guerre et pour le blé, qu'ils savent en le mélangeant de terre chalcidique
préserver de toute moisissure. L'utilité de ces diverses mesures fut hautement démontrée
lors de la guerre contre Mithridate. On sait que ce prince était venu attaquer Cyzique à
l'improviste avec 150.000 fantassins et une nombreuse cavalerie : après avoir occupé
tout d'abord la montagne d'Adrastée qui fait face à la ville avec le faubourg y attenant,
Mithridate avait fait passer des troupes dans l'isthme même qui s'étend au-dessus de la
ville de manière à l'assiéger aussi de ce côté avec des forces combinées de terre et de
mer, ces dernières s'élevant à 400 vaisseaux. Mais les Cyzicéniens n'en résistèrent pas
moins à tous ses efforts ; peu s'en fallut même qu'en contre-minant une galerie
souterraine que le roi faisait creuser ils ne le prissent lui-même prisonnier, mais, prévenu
à temps, le roi put sortir du souterrain et s'échapper sain et sauf. De son côté, le général
romain Lucullus avait réussi, bien que tardivement, à faire entrer de nuit quelques secours
dans la ville ; enfin ce qui acheva d'aider les assiégés fut la vraie famine qui, tout d'un
coup et sans que le roi eût pu le prévoir, vint fondre sur cette armée si nombreuse et la
forcer à lever le siége, après l'avoir cruellement décimée. Honorée des Romains {pour
cette belle défense}, Cyzique a conservé jusqu'à ce jour son autonomie. Ajoutons qu'elle
se trouve avoir actuellement un territoire considérable, les Romains ayant ajouté de
nouveaux cantons à ses anciennes possessions. C'est ainsi qu'en Troade, au delà de
l'Aesépus, elle possède aujourd'hui tout le canton de Zélée avec la plaine d'Adrastée ;
qu'elle possède en outre une portion du lac Dascylitis, le reste appartenant toujours aux
Byzantins ; et qu'indépendamment de la Dolionide et de la Mygdonide son territoire se
trouve comprendre cette vaste étendue de pays qui se prolonge jusqu'au lac Mitétopolitis,
voire jusqu'à l'Apolloniatis, où coule le Rhyndacus. Ce fleuve, comme on sait, prend sa
source dans l'Azanitide, et, après s'être grossi de différents cours d'eau que lui envoie la
Mysie Abrettène, et du Macestus notamment qui vient d'Ancyre dans l'Abaïtide, il
débouche dans la Propontide juste en face de l'île Besbicus. Signalons encore dans l'île
des Cyzicéniens le mont Artacé remarquable par les beaux bois qui le couvrent, et tout à
côté l'îlot d'Artacé qui sert pour ainsi dire de prolongement à la montagne de même nom,
voire non loin de là le cap Mélanus, qui se trouve situé juste sur le passage des navires
allant de Cyzique à Priapus.
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