[11m,16] Ἅπαντα μὲν οὖν τὰ τῶν Περσῶν ἱερὰ καὶ Μῆδοι καὶ Ἀρμένιοι τετιμήκασι, τὰ δὲ τῆς Ἀναίτιδος διαφερόντως Ἀρμένιοι, ἔν τε ἄλλοις ἱδρυσάμενοι τόποις καὶ δὴ καὶ ἐν τῇ Ἀκιλισηνῇ. Ἀνατιθέασι δ' ἐνταῦθα δούλους καὶ δούλας· καὶ τοῦτο μὲν οὐ θαυμαστόν, ἀλλὰ καὶ θυγατέρας οἱ ἐπιφανέστατοι τοῦ ἔθνους ἀνιεροῦσι παρθένους, αἷς νόμος ἐστὶ καταπορνευθείσαις πολὺν χρόνον παρὰ τῇ θεῷ μετὰ ταῦτα δίδοσθαι πρὸς γάμον, οὐκ ἀπαξιοῦντος τῇ τοιαύτῃ συνοικεῖν οὐδενός. Τοιοῦτον δέ τι καὶ Ἡρόδοτος λέγει τὸ περὶ τὰς Λυδάς· πορνεύειν γὰρ ἁπάσας. Οὕτω δὲ φιλοφρόνως χρῶνται τοῖς ἐρασταῖς ὥστε καὶ ξενίαν παρέχουσι καὶ δῶρα ἀντιδιδόασι πλείω πολλάκις ἢ λαμβάνουσιν, ἅτ' ἐξ εὐπόρων οἴκων ἐπιχορηγούμεναι· δέχονται δὲ οὐ τοὺς τυχόντας τῶν ξένων, ἀλλὰ μάλιστα τοὺς ἀπὸ ἴσου ἀξιώματος.
| [11m,16] Toutes les divinités de la Perse sans exception sont honorées par les Mèdes et par les Arméniens, mais Anaïtis est pour les Arméniens l'objet d'un culte particulier. Ils lui ont élevé des temples en différents lieux, notamment dans l'Akilisène, et ont attaché à chacun de ces temples bon nombre d'hiérodules ou d'esclaves sacrés des deux sexes. Jusque-là, à vrai dire, il n'y a point lieu de s'étonner; mais leur dévotion va plus loin et il est d'usage que les personnages les plus illustres consacrent à la déesse leurs filles encore vierges, ce qui n'empêche pas que celles-ci, après s'être longtemps prostituées dans les temples d'Anaïtis, ne trouvent aisément à se marier, aucun homme n'éprouvant pour ce motif la moindre répugnance à les prendre pour femmes. Hérodote raconte à peu près la même chose des filles de Lydie : toutes aussi, suivant lui, se prostituaient. {Mais pour en revenir aux jeunes Arméniennes, nous dirons} qu'elles sont si libérales avec leurs amants que, non contentes de leur donner l'hospitalité, elles leur font souvent plus de présents qu'elles-mêmes n'en ont reçu d'eux, comme pour prouver qu'elles appartiennent à de riches maisons qui ne les laissent manquer de rien. Ce n'est pas d'ailleurs aux premiers venus qu'elles donnent ainsi l'hospitalité, et, autant que possible, elles n'accueillent que les hommes qui sont de même rang qu'elles.
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