[11m,15] Ὁ μὲν δὴ παλαιὸς λόγος οὗτος, ὁ δὲ τούτου νεώτερος καὶ κατὰ Πέρσας εἰς τὸ ἐφεξῆς μέχρι εἰς ἡμᾶς ὡς ἐν κεφαλαίῳ πρέποι ἂν μέχρι τοσούτου λεχθείς, ὅτι κατεῖχον τὴν Ἀρμενίαν Πέρσαι καὶ Μακεδόνες, μετὰ ταῦτα οἱ τὴν Συρίαν ἔχοντες καὶ τὴν Μηδίαν· τελευταῖος δ' ὑπῆρξεν Ὀρόντης ἀπόγονος Ὑδάρνου τῶν ἑπτὰ Περσῶν ἑνός· εἶθ' ὑπὸ τῶν Ἀντιόχου τοῦ μεγάλου στρατηγῶν τοῦ πρὸς Ῥωμαίους πολεμήσαντος διῃρέθη δίχα, Ἀρταξίου τε καὶ Ζαριάδριος· καὶ ἦρχον οὗτοι τοῦ βασιλέως ἐπιτρέψαντος· ἡττηθέντος δ' ἐκείνου προσθέμενοι Ῥωμαίοις καθ' αὑτοὺς ἐτάττοντο βασιλεῖς προσαγορευθέντες. Τοῦ μὲν οὖν Ἀρταξίου Τιγράνης ἦν ἀπόγονος καὶ εἶχε τὴν ἰδίως λεγομένην Ἀρμενίαν ̔αὕτη δ' ἦν προσεχὴς τῇ τε Μηδίᾳ καὶ Ἀλβανοῖς καὶ Ἴβηρσι μέχρι Κολχίδος καὶ τῆς ἐπὶ τῷ Εὐξείνῳ Καππαδοκίασ̓, τοῦ δὲ Ζαριάδριος ὁ Σωφηνὸς Ἀρτάνης ἔχων τὰ νότια μέρη καὶ τούτων τὰ πρὸς δύσιν μᾶλλον. Κατελύθη δ' οὗτος ὑπὸ τοῦ Τιγράνου, καὶ πάντων κατέστη κύριος ἐκεῖνος. Τύχαις δ' ἐχρήσατο ποικίλαις· κατ' ἀρχὰς μὲν γὰρ ὡμήρευσε παρὰ Πάρθοις, ἔπειτα δι' ἐκείνων ἔτυχε καθόδου, λαβόντων μισθὸν ἑβδομήκοντα αὐλῶνας τῆς Ἀρμενίας· αὐξηθεὶς δὲ καὶ ταῦτα ἀπέλαβε τὰ χωρία καὶ τὴν ἐκείνων ἐπόρθησε τήν τε περὶ Νίνον καὶ τὴν περὶ Ἄρβηλα· ὑπηκόους δ' ἔσχε καὶ τὸν Ἀτροπατηνὸν καὶ τὸν Γορδυαῖον, μεθ' ὧν καὶ τὴν λοιπὴν Μεσοποταμίαν, ἔτι δὲ τὴν Συρίαν αὐτὴν καὶ Φοινίκην διαβὰς τὸν Εὐφράτην ἀνὰ κράτος εἷλεν. Ἐπὶ τοσοῦτον δ' ἐξαρθεὶς καὶ πόλιν ἔκτισε πλησίον τῆς Ἰβηρίας μεταξὺ ταύτης τε καὶ τοῦ κατὰ τὸν Εὐφράτην Ζεύγματος, ἣν ὠνόμασε Τιγρανόκερτα, ἐκ δώδεκα ἐρημωθεισῶν ὑπ' αὐτοῦ πόλεων Ἑλληνίδων ἀνθρώπους συναγαγών. Ἔφθη δ' ἐπελθὼν Λεύκολλος ὁ τῷ Μιθριδάτῃ πολεμήσας καὶ τοὺς μὲν οἰκήτορας εἰς τὴν οἰκείαν ἑκάστου ἀπέλυσε, τὸ δὲ κτίσμα ἡμιτελὲς ἔτι ὂν κατέσπασε προσβαλὼν καὶ μικρὰν κώμην κατέλιπεν, ἐξήλασε δὲ καὶ τῆς Συρίας αὐτὸν καὶ τῆς Φοινίκης. Διαδεξάμενος δ' Ἀρταουάσδης ἐκεῖνον τέως μὲν ηὐτύχει φίλος ὢν Ῥωμαίοις, Ἀντώνιον δὲ προδιδοὺς Παρθυαίοις ἐν τῷ πρὸς αὐτοὺς πολέμῳ δίκας ἔτισεν· ἀναχθεὶς γὰρ εἰς Ἀλεξάνδρειαν ὑπ' αὐτοῦ, δέσμιος πομπευθεὶς διὰ τῆς πόλεως τέως μὲν ἐφρουρεῖτο, ἔπειτ' ἀνῃρέθη συνάπτοντος τοῦ Ἀκτιακοῦ πολέμου. Μετ' ἐκεῖνον δὲ πλείους ἐβασίλευσαν ὑπὸ Καίσαρι καὶ Ῥωμαίοις ὄντες· καὶ νῦν ἔτι συνέχεται τὸν αὐτὸν τρόπον.
| [11m,15] Cela dit sur les plus anciennes traditions de l'Arménie, il convient, croyons-nous, de retracer aussi dans ses traits principaux toute l'histoire moderne de cette contrée, à partir notamment de l'époque persane en suivant jusqu'à nous, ce qui, du reste, se réduit à ceci, qu'après avoir appartenu aux Perses et aux Macédoniens l'Arménie passa finalement aux mains des monarques syriens déjà maîtres de la Médie (elle avait eu pour dernier satrape persan Oronte, descendant d'Hydarnès, l'un des Sept), mais que plus tard deux des généraux d'Antiochus le Grand, cet ennemi acharné des Romains, se la partagèrent : ils se nommaient Artaxias et Zariadris et l'avaient gouvernée d'abord au nom et de l'aveu d'Antiochus ; seulement, ayant vu leur maître vaincu et ruiné, ils s'étaient empressés de passer du côté des Romains, et proclamant leur indépendance avaient pris pour eux-mêmes le titre de rois. Tigrane, descendant d'Artaxias, eut, en cette qualité, l'Arménie proprement dite, c'est-à-dire toute la partie du pays qui s'étend le long de la Médie, de l'Albanie et de l'Ibérie jusqu'à la Colchide et la Cappadoce maritime. Dans le même temps, Artane le Sophénien, descendant de Zariadris, héritait, de l'Arménie méridionale et plus spécialement de la partie du sud-ouest, mais il fut bientôt détrôné et tué par Tigrane, qui demeura ainsi seul maître de tout le pays. Tigrane, du reste, avait passé lui-même par des fortunes très diverses. Détenu d'abord chez les Parthes comme otage, il avait réussi, en leur cédant soixante-dix des vallées de l'Arménie, à se faire rétablir par eux sur le trône ; puis, devenu plus fort, il leur avait repris ce qu'il leur avait cédé et avait même dévasté leur territoire, principalement aux environs de Ninive et d'Arbèles ; il avait soumis ensuite à son pouvoir l'Atropatène et la Gordyène, et de proche en proche tout le reste de la Mésopotamie ; enfin, passant l'Euphrate, il avait, par la force des armes, conquis la Syrie elle-même et la Phénicie. C'est alors que, parvenu à ce haut degré de puissance, il fonda près d'{Ol}ibéria, entre cette localité et le pont ou Zeugma de l'Euphrate, une nouvelle ville qu'il nomma Tigranocerte et où il réunit les habitants de douze villes grecques dépeuplées par lui à cet effet. Mais il fut interrompu dans son entreprise par une attaque de Lucullus, le vainqueur de Mithridate, qui, ayant donné ordre à chaque habitant de Tigranocerte de regagner sa ville natale, détruisit la nouvelle capitale (laquelle, du reste, n'était encore qu'à moitié achevée), la réduisit ainsi à n'être plus qu'une chétive bourgade et chassa ensuite Tigrane de la Syrie et de la Phénicie. Le successeur de Tigrane, Artavasde, prospéra tant qu'il se conduisit en ami des Romains ; mais ayant trahi Antoine pour les Parthes lors de sa grande guerre contre ce peuple, il expia chèrement sa faute. Mené à Alexandrie par Antoine, il s'y vit charger de chaînes et promener par la ville derrière le char de son vainqueur, puis il fut jeté dans une prison, où après avoir langui encore un certain temps il fut mis à mort comme la guerre d'Actium éclatait. Après Artavasde, l'Arménie eut encore plusieurs souverains qui régnèrent sous le protectorat de César et des Romains et ce protectorat dure encore à l'heure qu'il est.
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