[11k,8] Ἐπιμνηστέον δὲ καὶ τῶν παραδόξων ἐνίων ἃ θρυλοῦσι περὶ τῶν τελέως βαρβάρων, οἷον τῶν περὶ τὸν Καύκασον καὶ τὴν ἄλλην ὀρεινήν. Τοῖς μὲν γὰρ νόμιμον εἶναί φασι τὸ τοῦ Εὐριπίδου
Τὸν φύντα θρηνεῖν εἰς ὅσ' ἔρχεται κακά,
τὸν δ' αὖ θανόντα καὶ πόνων πεπαυμένον
χαίροντας εὐφημοῦντας ἐκπέμπειν δόμων.
Ἑτέροις δὲ μηδένα ἀποκτείνειν τῶν ἐξαμαρτόντων τὰ μέγιστα, ἀλλ' ἐξορίζειν μόνον μετὰ τῶν τέκνων, ὑπεναντίως τοῖς Δέρβιξι· καὶ γὰρ ἐπὶ μικροῖς οὗτοι σφάττουσι. Σέβονται δὲ γῆν οἱ Δέρβικες· θύουσι δ' οὐδὲν θῆλυ οὐδὲ ἐσθίουσι· τοὺς δὲ ὑπὲρ ἑβδομήκοντα ἔτη γεγονότας σφάττουσιν, ἀναλίσκουσι δὲ τὰς σάρκας οἱ ἄγχιστα γένους· τὰς δὲ γραίας ἀπάγχουσιν, εἶτα θάπτουσι· τοὺς δὲ ἐντὸς ἑβδομήκοντα ἐτῶν ἀποθανόντας οὐκ ἐσθίουσιν ἀλλὰ θάπτουσι. Σίγιννοι δὲ τἆλλα μὲν περσίζουσιν, ἱππαρίοις δὲ χρῶνται μικροῖς δασέσιν, ἅπερ ἱππότην ὀχεῖν μὲν οὐ δύναται, τέθριππα δὲ ζευγνύουσιν· ἡνιοχοῦσι δὲ γυναῖκες ἐκ παίδων ἠσκημέναι, ἡ δ' ἄριστα ἡνιοχοῦσα συνοικεῖ ᾧ βούλεται· τινὰς δ' ἐπιτηδεύειν φασὶν ὅπως ὡς μακροκεφαλώτατοι φανοῦνται καὶ προπεπτωκότες τοῖς μετώποις ὥσθ' ὑπερκύπτειν τῶν γενείων. Ταπύρων δ' ἔστι καὶ τὸ τοὺς μὲν ἄνδρας μελανειμονεῖν καὶ μακροκομεῖν, τὰς δὲ γυναῖκας λευχειμονεῖν καὶ βραχυκομεῖν. Καὶ ὁ ἀνδρειότατος κριθεὶς γαμεῖ ἣν βούλεται. Κάσπιοι δὲ τοὺς ὑπὲρ ἑβδομήκοντα ἔτη λιμοκτονήσαντες εἰς τὴν ἐρημίαν ἐκτιθέασιν, ἄπωθεν δὲ σκοπεύοντες ἐὰν μὲν ὑπ' ὀρνίθων κατασπωμένους ἀπὸ τῆς κλίνης ἴδωσιν, εὐδαιμονίζουσιν, ἐὰν δὲ ὑπὸ θηρίων ἢ κυνῶν, ἧττον, ἐὰν δ' ὑπὸ μηδενός, κακοδαιμονίζουσι.
| [11k,8] Nous mentionnerons, maintenant, pour finir, certains détails tenant évidemment du merveilleux, mais que tout le monde répète au sujet des peuples qui, comme les habitants du Caucase et comme les montagnards en général, sont restés jusqu'à présent dams un état de complète barbarie. Chez les uns, dit-on, une loi expresse a mis en pratique cette pensée d'Euripide (Cresphonte),
«Pleurer sur l'homme à sa naissance, en pensant aux maux au devant desquels il court ; mais, quand l'homme est mort et que ses maux ont cessé, se réjouir et avec des cris d'allégresse accompagner ses restes hors de sa demeure».
Chez les autres, la peine de mort n'est jamais appliquée ; elle ne l'est pas même aux plus grands criminels qu'on se borne à bannir en compagnie de leurs enfants, ce qui est juste l'inverse de ce que pratiquent les Derbices, chez qui les fautes les plus légères sont punies de mort. Les Derbices adorent la Terre et ne sacrifient ni ne mangent les animaux femelles ; chez eux tous les vieillards qui ont passé l'âge de soixante-dix ans sont égorgés et ce sont leurs plus proches parents seuls qui dévorent leur chair ; quant aux vieilles femmes, elles sont étranglées, puis enterrées. Les hommes morts avant d'avoir atteint l'âge de soixante-dix ans ne sont pas mangés non plus, mais enterrés {comme les femmes}. Les Siginni, qui, pour tout le reste, vivent à la façon des Perses, se servent de méchants petits chevaux tout velus, beaucoup trop faibles pour être montés, mais qu'ils attellent à leurs quadriges et qu'ils laissent aux femmes le soin de conduire : elles s'y exercent dès leur enfance et celle qui arrive à savoir le mieux conduire a le droit de se choisir l'époux qu'elle veut. On parle aussi de certains peuples chez lesquels chacun s'évertue à donner le plus possible à sa tête une forrne allongée en se rendant le front assez proéminent pour qu'il puisse couvrir et ombrager tout le menton. Un autre usage propre aux Tapyres, c'est que tous les hommes, chez eux, s'habillent de noir et portent les cheveux longs, tandis que les femmes s'habillent de blanc et ont toutes les cheveux courts. Celui d'entre eux qui est réputé le plus brave a le droit d'épouser la femme de son choix. Enfin, chez les Caspii, il est d'usage d'exposer dans le désert les corps des septuagénaires qu'on a laissés mourir de faim et d'observer de loin ce qui leur arrive : ceux qu'ils ont vu arrachés par des oiseaux de proie du lit sur lequel ils gisaient étendus.
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