[11d,3] Τάχα μὲν οὖν τῷ τοιούτῳ γένει τῶν ἀνθρώπων οὐδὲν δεῖ θαλάττης· οὐδὲ γὰρ τῇ γῇ χρῶνται κατ' ἀξίαν, πάντα μὲν ἐκφερούσῃ καρπὸν καὶ τὸν ἡμερώτατον, πᾶν δὲ φυτόν· καὶ γὰρ τὰ ἀειθαλῆ φέρει· τυγχάνει δ' ἐπιμελείας οὐδὲ μικρᾶς
Ἀλλὰ τάγ' ἄσπαρτα καὶ ἀνήροτα πάντα φύονται,
καθάπερ οἱ στρατεύσαντές φασι, Κυκλώπειόν τινα διηγούμενοι βίον· πολλαχοῦ γὰρ σπαρεῖσαν ἅπαξ δὶς ἐκφέρειν καρπὸν ἢ καὶ τρίς, τὸν δὲ πρῶτον καὶ πεντηκοντάχουν, ἀνέαστον καὶ ταῦτα οὐδὲ σιδήρῳ τμηθεῖσαν ἀλλ' αὐτοξύλῳ ἀρότρῳ. Ποτίζεται δὲ πᾶν τὸ πεδίον τοῦ Βαβυλωνίου καὶ τοῦ Αἰγυπτίου μᾶλλον τοῖς ποταμοῖς καὶ τοῖς ἄλλοις ὕδασιν ὥστ' ἀεὶ ποώδη φυλάττειν τὴν ὄψιν· διὰ δὲ τοῦτο καὶ εὔβοτόν ἐστι· πρόσεστι δὲ καὶ τὸ εὐάερον ἐκείνων μᾶλλον. Ἄσκαφοι δ' αἱ ἄμπελοι μένουσαι διὰ τέλους, τεμνόμεναι δὲ διὰ πενταετηρίδος, νέαι μὲν διετεῖς ἐκφέρουσιν ἤδη καρπόν, τέλειαι δ' ἀποδιδόασι τοσοῦτον ὥστ' ἀφιᾶσιν ἐν τοῖς κλήμασι πολὺ μέρος. Εὐερνῆ δ' ἐστὶ καὶ τὰ βοσκήματα παρ' αὐτοῖς τά τε ἥμερα καὶ τὰ ἄγρια.
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3. Il peut bien se faire, au reste, qu'avec leurs habitudes et leur caractère les Albani n'aient nul besoin de la mer. Ce qui nous le ferait croire, c'est que ce peuple n'a même pas su tirer de la terre un parti convenable, et de quelle terre ? d'une terre qui produit tous les fruits voire les fruits les plus doux, tous les végétaux voire les arbres à feuillage persistant, et cela naturellement, sans exiger de l'homme aucun soin, fût-ce le plus léger. «Tout ici naît pour lui sans semailles, et sans labour» (Od. X, 109), c'est ce qu'attestent les Romains qui ont fait la guerre dans le pays et qui tous nous dépeignent les Albani vivant à la manière des Cyclopes de la Fable. Ils assurent, en effet, qu'ici en beaucoup d'endroits le sol ensemencé une fois donne deux et trois récoltes, que la première de ces récoltes ne rend pas moins de cinquante pour un et qu'il en est toujours ainsi sans qu'on ait jamais besoin de laisser reposer la terre, sans qu'on ait besoin non plus d'y ouvrir avec le fer de profonds sillons, une charrue toute en bois suffisant parfaitement. Il est de fait que, sillonnées comme elles sont de fleuves et d'autres cours d'eau, les plaines de l'Albanie se trouvent plus largement arrosées que celles de la Babylonie et de l'Egypte et qu'elles gardent toute l'année l'aspect de vertes prairies, fournissant par conséquent d'excellents pâturages, sans compter que l'air y est aussi plus pur. Pour ce qui est de la vigne, on ne l'y bêche jamais, on se borne à la tailler de cinq en cinq ans. Les jeunes ceps donnent déjà du fruit dès la fin de la seconde année ; les autres, ceux qui ont pris leur plein accroissement, sont d'un produit si abondant qu'on laisse toujours aux branches une bonne partie du raisin. La même vigueur s'observe chez le bétail, soit à l'état sauvage, soit à l'état domestique.
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