[11d,2] Ὁ δὲ Κῦρος ὁ διαρρέων τὴν Ἀλβανίαν καὶ οἱ ἄλλοι ποταμοὶ οἱ πληροῦντες ἐκεῖνον ταῖς μὲν τῆς γῆς ἀρεταῖς προσλαμβάνουσι, τὴν δὲ θάλατταν ἀλλοτριοῦσιν. Ἡ γὰρ χοῦς προσπίπτουσα πολλὴ πληροῖ τὸν πόρον, ὥστε καὶ τὰς ἐπικειμένας νησῖδας ἐξηπειροῦσθαι καὶ τενάγη ποιεῖν ἀνώμαλα καὶ δυσφύλακτα· τὴν δ' ἀνωμαλίαν ἐπιτείνουσιν αἱ ἐκ τῶν πλημμυρίδων ἀνακοπαί. Καὶ δὴ καὶ εἰς στόματα δώδεκά φασι μεμερίσθαι τὰς ἐκβολάς, τὰ μὲν τυφλὰ τὰ δὲ παντελῶς ἐπίπεδα ὄντα καὶ μηδὲ ὕφορμον ἀπολείποντα· ἐπὶ πλείους γοῦν ἢ ἑξήκοντα σταδίους ἀμφικλύστου τῆς ᾐόνος οὔσης τῇ θαλάττῃ καὶ τοῖς ποταμοῖς, ἅπαν εἶναι μέρος αὐτῆς ἀπροσπέλαστον, τὴν δὲ χοῦν καὶ μέχρι πεντακοσίων παρήκειν σταδίων θινώδη ποιοῦσαν τὸν αἰγιαλόν. Πλησίον δὲ καὶ ὁ Ἀράξης ἐμβάλλει τραχὺς ἐκ τῆς Ἀρμενίας ἐκπίπτων· ἣν δὲ ἐκεῖνος προωθεῖ χοῦν πορευτὸν ποιῶν τὸ ῥεῖθρον, ταύτην ὁ Κῦρος ἀναπληροῖ.
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2. Le Cyrus et les autres cours d'eau, ses affluents, en arrosant, comme ils font, l'Albanie, contribuent sans doute à lui donner le plus grand des biens, la fertilité de la terre ; en revanche, ils l'ont frustrée de la mer. Tout le limon, en effet, que le Cyrus dépose incessamment à son embouchure comble peu à peu l'intervalle qui séparait maintes petites îles de la terre ferme de manière à les y réunir un jour, et forme en même temps tout le long de la côte de dangereux bas-fonds dont la surface naturellement inégale est rendue plus inégale encore par l'effet du reflux. C'est à la même cause, dit-on, que le Cyrus doit de s'être partagé, dans son cours inférieur, en douze bouches, dont les unes sont déjà oblitérées, tandis que les autres, {d'accès facile en apparence,} sont complètement trompeuses et n'ont pas assez de profondeur pour qu'un vaisseau puisse y mouiller, si bien que d'un littoral de plus de 60 stades, qui semblerait devoir être facilement accessible, d'un côté, par la mer, et, de l'autre, par la voie de tant de cours d'eau, toute une partie est en fait absolument inabordable, les atterrissements ou dépôts de limon s'avançant jusqu'à 500 stades en mer et envasant du même coup toute la plage. Il est vrai que l'Araxe a son embouchure tout à côté des bouches du Cyrus, et que, comme il descend avec impétuosité des montagnes de l'Arménie, il parvient à frayer un libre passage à ses eaux à travers cette masse de limon accumulé, mais ce qu'il en pousse ainsi devant lui est au fur et à mesure remplacé par les alluvions du Cyrus.
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