[8,7,1] Ταύτης δὲ τῆς χώρας τὸ μὲν παλαιὸν Ἴωνες ἐκράτουν,
ἐξ Ἀθηναίων τὸ γένος ὄντες, ἐκαλεῖτο δὲ τὸ μὲν
παλαιὸν Αἰγιάλεια καὶ οἱ ἐνοικοῦντες Αἰγιαλεῖς, ὕστερον
δ´ ἀπ´ ἐκείνων Ἰωνία, καθάπερ καὶ ἡ Ἀττική, ἀπὸ
Ἴωνος τοῦ Ξούθου. φασὶ δὲ Δευκαλίωνος μὲν Ἕλληνα
εἶναι, τοῦτον δὲ περὶ τὴν Φθίαν τῶν μεταξὺ Πηνειοῦ
καὶ Ἀσωποῦ δυναστεύοντα τῷ πρεσβυτάτῳ τῶν παίδων
παραδοῦναι τὴν ἀρχήν, τοὺς δ´ ἄλλους ἔξω διαπέμψαι
ζητήσοντας ἵδρυσιν ἕκαστον αὑτῷ· ὧν Δῶρος
μὲν τοὺς περὶ Παρνασσὸν Δωριέας συνοικίσας κατέλιπεν
ἐπωνύμους αὑτοῦ, Ξοῦθος δὲ τὴν Ἐρεχθέως θυγατέρα
γήμας ᾤκισε τὴν τετράπολιν τῆς Ἀττικῆς, Οἰνόην
Μαραθῶνα Προβάλινθον καὶ Τρικόρυνθον. τῶν
δὲ τούτου παίδων Ἀχαιὸς μὲν φόνον ἀκούσιον πράξας
ἔφυγεν εἰς Λακεδαίμονα καὶ Ἀχαιοὺς τοὺς ἐκεῖ κληθῆναι
παρεσκεύασεν, Ἴων δὲ τοὺς μετ´ Εὐμόλπου νικήσας
Θρᾷκας οὕτως ηὐδοκίμησεν ὥστ´ ἐπέτρεψαν
αὐτῷ τὴν πολιτείαν Ἀθηναῖοι. ὁ δὲ πρῶτον μὲν εἰς
τέτταρας φυλὰς διεῖλε τὸ πλῆθος, εἶτα εἰς τέτταρας
βίους· τοὺς μὲν γὰρ γεωργοὺς ἀπέδειξε τοὺς δὲ δημιουργοὺς
τοὺς δὲ ἱεροποιούς, τετάρτους δὲ τοὺς φύλακας·
τοιαῦτα δὲ πλείω διατάξας τὴν χώραν ἐπώνυμον
ἑαυτοῦ κατέλιπεν. οὕτω δὲ πολυανδρῆσαι τὴν χώραν
τότε συνέπεσεν ὥστε καὶ ἀποικίαν τῶν Ἰώνων ἔστειλαν
εἰς Πελοπόννησον Ἀθηναῖοι, καὶ τὴν χώραν ἣν κατέσχον
ἐπώνυμον ἑαυτῶν ἐποίησαν Ἰωνίαν ἀντ´ Αἰγιάλου
κληθεῖσαν, οἵ τε ἄνδρες ἀντὶ Αἰγιαλέων Ἴωνες προσηγορεύθησαν
εἰς δώδεκα πόλεις μερισθέντες. μετὰ δὲ
τὴν Ἡρακλειδῶν κάθοδον ὑπ´ Ἀχαιῶν ἐξελαθέντες
ἐπανῆλθον πάλιν εἰς Ἀθήνας· ἐκεῖθεν δὲ μετὰ τῶν
Κοδριδῶν ἔστειλαν τὴν Ἰωνικὴν ἀποικίαν εἰς τὴν Ἀσίαν·
ἔκτισαν δὲ δώδεκα πόλεις ἐν τῇ παραλίᾳ τῆς Καρίας
καὶ τῆς Λυδίας, εἰς τοσαῦτα μέρη διελόντες σφᾶς
ὅσα καὶ ἐν τῇ Πελοποννήσῳ κατεῖχον. οἱ δ´ Ἀχαιοὶ
Φθιῶται μὲν ἦσαν τὸ γένος, ᾤκησαν δ´ ἐν Λακεδαίμονι,
τῶν δ´ Ἡρακλειδῶν ἐπικρατησάντων ἀναληφθέντες
ὑπὸ Τισαμενοῦ τοῦ Ὀρέστου παιδός, ὡς προειρήκαμεν,
τοῖς Ἴωσιν ἐπέθεντο, καὶ γενόμενοι κρείττους
τοὺς μὲν ἐξέβαλον, αὐτοὶ δὲ κατέσχον τὴν γῆν,
καὶ διεφύλαξαν τὸν αὐτὸν τῆς χώρας μερισμὸν ὅνπερ
καὶ παρέλαβον. οὕτω δ´ ἴσχυσαν ὥστε τὴν ἄλλην Πελοπόννησον
ἐχόντων τῶν Ἡρακλειδῶν ὧν ἀπέστησαν,
ἀντεῖχον ὅμως πρὸς ἅπαντας Ἀχαΐαν ὀνομάσαντες
τὴν χώραν. ἀπὸ μὲν οὖν Τισαμενοῦ μέχρι Ὠγύγου
βασιλευόμενοι διετέλουν· εἶτα δημοκρατηθέντες τοσοῦτον
ηὐδοκίμησαν περὶ τὰς πολιτείας ὥστε τοὺς Ἰταλιώτας
μετὰ τὴν στάσιν τὴν πρὸς τοὺς Πυθαγορείους
τὰ πλεῖστα τῶν νομίμων μετενέγκασθαι παρὰ τούτων
συνέβη· μετὰ δὲ τὴν ἐν Λεύκτροις μάχην ἐπέτρεψαν
Θηβαῖοι τούτοις τὴν δίαιταν περὶ τῶν ἀντιλεγομένων
ταῖς πόλεσι πρὸς ἀλλήλας· ὕστερον δ´ ὑπὸ Μακεδόνων
λυθείσης τῆς κοινωνίας ἀνέλαβον σφᾶς πάλιν
κατὰ μικρόν· ἦρξαν δὲ Πύρρου στρατεύσαντος εἰς
Ἰταλίαν τέτταρες συνιοῦσαι πόλεις, ὧν ἦσαν Πάτραι
καὶ Δύμη· εἶτα προσελάμβανόν τινας τῶν δώδεκα
πλὴν Ὠλένου καὶ Ἑλίκης, τῆς μὲν οὐ συνελθούσης τῆς
δ´ ἀφανισθείσης ὑπὸ κύματος.
| [8,7,1] Toute cette partie du Péloponnèse fut occupée anciennement par les Ioniens, originaires de
l'Attique. Auparavant, elle s'appelait Aegialée et ses habitants Aegialéens, mais elle prit naturellement
des Ioniens le nom d'Ionie, comme avait fait l'Attique, en souvenir d'Ion, fils de Xuthus. L'histoire nous
apprend qu'Hellen, fils de Deucalion, qui régnait dans la Phthie sur les peuples compris entre le
Pénée et l'Asopus, transmit son royaume à l'aîné de ses fils, et commanda aux autres d'émigrer, les
laissant libres d'aller s'établir où chacun d'eux voudrait. Dorus réunit en un seul corps d'état les
montagnards du Parnasse et mérita que de son nom ils fussent appelés Doriens ; de son côté Xuthus
épousa la fille d'Erechthée et fonda la tétrapole attique composée d'Oenoé, de Marathon, de
Probalinthe et de Tricorynthus. L'un des fils de celui-ci, Achaïus, à la suite d'un meurtre involontaire,
s'enfuit en Laconie et donna son nom aux populations qui l'avaient accueilli. L'autre fils de Xuthus, Ion,
se couvrit de gloire en remportant une victoire signalée sur les Thraces d'Eumolpus et fut investi par le
voeu des Athéniens de l'autorité suprême. Cela fait, il commença par diviser la population entière de
l'Attique en quatre tribus, puis il distingua d'après leurs professions respectives quatre classes de
citoyens, les laboureurs, les artisans, les prêtres et les phylaques ou miliciens ; il compléta cette
double mesure par d'autres dispositions analogues et finit par laisser son nom au pays tout entier.
L'Attique cependant se trouvait avoir une population surabondante, une première colonie d'Ioniens
sortit d'Athènes et passa dans le Péloponnèse où elle se choisit pour demeure l'Aegialée qui en retint
le nom d'Ionie. Les habitants distribués en douze cités quittèrent de même leur ancien nom
d'Aegialéens pour prendre celui d'Ioniens. Mais, après le retour des Héraclides, les Ioniens s'étant vu
chasser de leurs foyers par les Achéens durent regagner Athènes. Alors, sous la conduite des
Codrides, partit pour l'Asie la grande colonie ionienne : elle s'établit sur les côtes de la Carie et de la
Lydie et y fonda douze villes, conservant ainsi le même nombre de divisions politiques qui avait été
établi naguère dans le Péloponnèse. De leur côté, les Achéens, qui étaient venus du fond de la
Phthiotie, leur patrie, habiter la Laconie, voyant le pays retombé au pouvoir des Héraclides, s'étaient
rassemblés sous les ordres de Tisamène, fils d'Oreste, avaient attaqué comme nous l'avons dit, les
Ioniens, et, s'étant trouvés les plus forts, les avaient expulsés hors du Péloponnèse et avaient pris
possession de leurs terres, sans rien changer pourtant aux divisions établies par eux. Telle était
l'énergie militaire de ces peuples, que, quoique les Héraclides, au joug desquels ils s'étaient
soustraits, fussent maîtres du reste du Péloponnèse, ils tinrent seuls contre tous, cantonnés dans le
petit pays qui de leur nom fut appelé désormais Achaïe. De Tisamène à Ogygès, les Achéens furent
toujours gouvernés par des rois, toutefois le régime démocratique finit par prévaloir chez eux et ils se
firent alors un tel renom par la sagesse de leurs institutions que, quand les Italiotes rompirent avec le
Pythagoréisme, c'est à eux qu'ils empruntèrent la plupart de leurs lois, et qu'après la bataille de
Leuctres les Thébains soumirent à leur arbitrage toutes les contestations survenues entre les
différentes villes de la Grèce. Dissoute par les Macédoniens, leur ligue on confédération parvint,
quoique lentement, à se reformer. Sur les douze villes primitives, il y en eut quatre, à l'époque du
départ de Pyrrhus pour l'Italie, qui se rapprochèrent et s'associèrent : Patrae et Dymé étaient du
nombre. Six autres se réunirent encore à celles-ci. Mais Olénus n'existait plus en tant que cité
indépendante et Hélicé avait péri, submergée par une inondation de la mer.
|