| [8,3,20] Μεταξὺ δὲ τοῦ Ἀνίγρου καὶ τοῦ ὄρους, ἐξ οὗ ῥεῖ,
 ὁ τοῦ Ἰαρδάνου λειμὼν δείκνυται καὶ τάφος· καὶ Ἀχαιαὶ 
 εἰσὶ δὲ πέτραι ἀπότομοι τοῦ αὐτοῦ ὄρους, ὑπὲρ ὧν
 ἡ Σάμος, ὡς ἔφαμεν, γέγονε πόλις· οὐ πάνυ δὲ ὑπὸ
 τῶν τοὺς περίπλους γραψάντων ἡ Σάμος μνημονεύεται, 
 τάχα μέν γε διὰ τὸ πάλαι κατεσπάσθαι, τάχα δὲ καὶ
 διὰ τὴν θέσιν. τὸ μὲν γὰρ ποσείδιον ἔστιν ἄλσος, ὡς
 εἴρηται, πρὸς τῇ θαλάττῃ· ὑπέρκειται δ´ αὐτοῦ λόφος
 ὑψηλὸς ἐπίπροσθεν ὢν τοῦ νῦν Σαμικοῦ ἐφ´ οὗ ἦν
 ἡ Σάμος, ὥστ´ ἐκ θαλάττης μὴ ὁρᾶσθαι. καὶ πεδίον δ´
 αὐτόθι καλεῖται Σαμικόν· ἐξ οὗ πλέον ἄν τις τεκμαίροιτο 
 ὑπάρξαι ποτὲ πόλιν τὴν Σάμον. καὶ ἡ Ῥαδίνη
 δὲ ἣν Στησίχορος ποιῆσαι δοκεῖ (ἧς ἀρχή „ἄγε Μοῦσα 
 λίγει´, ἄρξον ἀοιδᾶς, Ἐρατώ, νόμους Σαμίων περὶ
 „παίδων ἐρατᾷ φθεγγομένα λύρᾳ“) ἐντεῦθεν λέγει
 τοὺς παῖδας. ἐκδοθεῖσαν γὰρ τὴν Ῥαδίνην εἰς Κόρινθον 
 τυράννῳ φησὶν ἐκ τῆς Σάμου πλεῦσαι πνέοντος
 ζεφύρου, οὐ δήπουθεν τῆς Ἰωνικῆς Σάμου· {τῷ} δ´
 αὐτῷ ἀνέμῳ καὶ ἀρχιθέωρον εἰς Δελφοὺς {τὸν ἀδ}ελφὸν 
 αὐτῆς ἐλθεῖν καὶ τὸν ἀνεψιὸν ἐρῶντα αὐτῆς ἅρματι 
 εἰς Κόρινθον ἐξορμῆσαι παρ´ αὐτήν· ὅ τε τύραννος 
 κτείνας ἀμφοτέρους ἅρματι ἀποπέμπει τὰ σώματα,
 μεταγνοὺς δ´ ἀνακαλεῖ καὶ θάπτει.
 | [8,3,20] Entre l'Anigrus et le pied de la montagne d'où ce fleuve descend, on remarque la prairie dite de 
Iardanus, avec le tombeau du héros et les Chaées, rochers élevés, détachés de la même chaîne de 
montagnes, et qui supportaient, avons-nous dit, l'antique Samos, bien que la plupart des périples ne 
mentionnent point cette ville. On peut supposer sans doute qu'à l'époque où ces périples furent 
composés elle était déjà depuis longtemps détruite, mais leur silence peut tenir aussi à la disposition 
des lieux, car le Posidium ou bois sacré de Neptune, qui est situé, on l'a vu, sur le bord même de la 
mer, se trouve adossé à une colline très élevée, et celle-ci précède et masque l'autre colline où est 
aujourd'hui Samicum et que couronnait anciennement Samos de manière à en dérober la vue à ceux 
qui rangent la côte. La meilleure preuve, du reste, qu'on puisse donner de l'existence de cette 
ancienne ville, c'est que la plaine ici {entre les deux collines} s'appelle également Samicum (comme 
qui dirait la plaine de Samos). J'ajoute que dans le poème de Rhadiné (j'entends celui qu'on attribue à 
Stésichore, et qui commence ainsi,
«Romps le silence, Erato, muse de l'harmonie, et aux doux accords de ta lyre amoureuse, célèbre les 
amants que Samos a vus naître»),
c'est bien la Samos de Triphylie qui est désignée comme patrie des deux héros. On y lit, en effet, que 
Rhadiné, fiancée au tyran de Corinthe, s'embarque pour cette ville et y arrive, poussée depuis Samos 
par le zéphire ou vent du S.-O., ce qui ne saurait s'entendre assurément de la Samos d'Ionie ; que le 
même vent conduit son frère à Delphes en qualité d'archithéore ; que son cousin, son amant, dans 
l'espoir de la rejoindre, lance son char sur la route de Corinthe, et qu'enfin le tyran, après avoir égorgé 
les deux amants, renvoie leurs corps aussi sur un char, puis se ravise, fait revenir le char à Corinthe et 
les y ensevelit. 
 
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