[8,3,6] Ἀπολλόδωρος δὲ διδάσκων ὃν τρόπον ὁ ποιητὴς
εἴωθε διαστέλλεσθαι τὰς ὁμωνυμίας, οἷον ἐπὶ τοῦ Ὀρχομενοῦ
τὸν μὲν Ἀρκαδικὸν πολύμηλον καλῶν τὸν δὲ
Βοιωτιακὸν Μινύειον, καὶ Σάμον Θρηικίην συντιθείς
„μεσσηγύς τε Σάμοιο καὶ Ἴμβρου,“ ἵνα χωρίσῃ ἀπὸ
τῆς Ἰωνικῆς, οὕτω φησὶ καὶ τὴν Θεσπρωτικὴν Ἐφύραν
διαστέλλεσθαι τῷ τε „τηλόθεν“ καὶ τῷ „ποταμοῦ
„ἄπο Σελλήεντος.“ ταῦτα δ´ οὐχ ὁμολογεῖ τοῖς ὑπὸ τοῦ
Σκηψίου Δημητρίου λεγομένοις, παρ´ οὗ μεταφέρει τὰ
πλεῖστα. ἐκεῖνος γὰρ οὔ φησιν εἶναι Σελλήεντα ἐν
Θεσπρωτοῖς ποταμόν, ἀλλ´ ἐν τῇ Ἠλείᾳ παρὰ τὴν ἐκεῖ
Ἐφύραν, ὡς προείπομεν. τοῦτό τε οὖν εἴρηκε σκέψεως
δεόμενον καὶ περὶ τῆς Οἰχαλίας ὅτι φησὶν οὐ μιᾶς οὔσης,
μίαν εἶναι πόλιν Εὐρύτου Οἰχαλιῆος· δῆλον οὖν
ὅτι τὴν Θετταλικήν, ἐφ´ ἧς φησιν „οἵ τ´ ἔχον Οἰχαλίην,
„πόλιν Εὐρύτου Οἰχαλιῆος.“ τίς οὖν ἔστιν ἐξ ἧς ὁρμηθέντα
αἱ Μοῦσαι κατὰ Δώριον „ἀντόμεναι Θάμυριν
τὸν Θρήικα παῦσαν ἀοιδῆς;“ εἰ μὲν γὰρ ἡ Θετταλική,
οὐκ εὖ πάλιν ὁ Σκήψιος Ἀρκαδικήν τινα λέγων,
ἣν νῦν Ἀνδανίαν καλοῦσιν· εἰ δ´ οὗτος εὖ, καὶ ἡ Ἀρκαδικὴ
πόλις Εὐρύτου εἴρηται, ὥστ´ οὐ μία μόνον·
ἐκεῖνος δὲ μίαν φησί.
| [8,3,6] Apollodore, il est vrai, voulant montrer comment Homère s'y prend d'ordinaire pour distinguer les
unes des autres les villes homonymes, a écrit ceci : «De même que, pour distinguer entre les deux
Orchomènes, Homère donne à l'une (celle d'Arcadie) l'épithète de polumêlon, comme qui dirait riche
en troupeaux, et à l'autre (celle de Béotie) la dénomination de Minyenne ; de même encore qu'il
empêche, par le seul rapprochement de deux noms,
«Entre Samos et Imbros» (Iliade, XXIV, 78),
qu'on ne confonde Samothrace avec Samos d'Ionie, de même il a su distinguer l'Ephyre de Thesprotie
des autres Ephyres par l'épithète de lointaine et par la mention du Selléïs». Mais sur ce point là,
dirons-nous, et, bien qu'en général il ne fasse que le copier, Apollodore se trouve en désaccord avec
Démétrius de Scepsis. Démétrius nie formellement qu'il existe en Thesprotie un fleuve du nom de
Selléïs et le seul Selléïs qu'il indique est celui que nous avons nommé plus haut, c'est-à-dire le Selléïs
d'Elide, le Selléïs qui passe près de l'Ephyre d'Elide. L'opinion d'Apollodore sur ce point demande
donc à être revisée, tout comme celle qu'il a émise au sujet d'Oechalie, qu'il n'y a qu'une seule des
villes de ce nom à qui convienne la qualification homérique de ville d'Eurytus dit l'Oechalien. Pour
Apollodore, cette ville est évidemment l'Oechalie de Thessalie, celle que mentionne Homère dans le
vers suivant,
«Et ceux qui habitaient Oechalie, ville d'Eurytus dit l'Oechalien» (Iliade, II, 730) ;
mais alors, demanderons-nous, quelle est cette Oechalie d'où sortait Thomyris, lorsqu'il fut près de
Dorium rencontré par les Muses ?
«Et arrêtant le chantre de la Thrace elles mirent fin pour jamais à ses chants».
De deux choses l'une en effet : ou il s'agit là encore de l'Oechalie de Thessalie et c'est le Scepsien qui
a évoqué mal à propos certaine Oechalie d'Arcadie qu'on prétend être la ville actuelle d'Andanie ; ou
bien celui-ci a eu raison, Homère a réellement désigné comme ville d'Eurytus l'Oechalie d'Arcadie, et
alors il y avait deux Oechalies d'Eurytus, et non pas une seule, comme l'a prétendu Apollodore.
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