[8,3,5] Μεταξὺ δὲ τοῦ Χελωνάτα καὶ τῆς Κυλλήνης ὅ τε
Πηνειὸς ἐκδίδωσι ποταμὸς καὶ ὁ Σελλήεις ὑπὸ τοῦ ποιητοῦ
λεγόμενος, ῥέων ἐκ Φολόης· ἐφ´ ᾧ Ἐφύρα πόλις,
ἑτέρα τῆς Θεσπρωτικῆς καὶ Θετταλικῆς καὶ τῆς Κορίνθου,
τετάρτη τις ἐπὶ τῇ ὁδῷ κειμένη τῇ ἐπὶ Λασίωνα,
ἤτοι ἡ αὐτὴ οὖσα τῇ Βοινώᾳ (τὴν γὰρ Οἰνόην οὕτω
καλεῖν εἰώθασιν) ἢ πλησίον ἐκείνης, διέχουσα τῆς
Ἠλείων πόλεως σταδίους ἑκατὸν εἴκοσιν· ἐξ ἧς ἥ τε
Τληπολέμου τοῦ Ἡρακλέους δοκεῖ λέγεσθαι μήτηρ
„τὴν ἄγετ´ ἐξ Ἐφύρης ποταμοῦ ἄπο Σελλήεντος“ (ἐκεῖ
γὰρ μᾶλλον αἱ τοῦ Ἡρακλέους στρατεῖαι, πρὸς ἐκείναις
τε οὐδεὶς ποταμὸς Σελλήεις), καὶ ὁ τοῦ Μέγητος
{θώραξ} „τόν ποτε Φυλεὺς ἤγαγεν ἐξ Ἐφύρης ποταμοῦ
ἄπο Σελλήεντος.“ ἐξ ἧς καὶ τὰ φάρμακα τὰ ἀνδροφόνα.
εἰς Ἐφύραν γὰρ ἀφῖχθαι {ἡ Ἀθηνᾶ} φησὶ τὸν
Ὀδυσσέα „φάρμακον ἀνδροφόνον διζήμενον, ὄφρα οἱ
„εἴη ἰοὺς χρίεσθαι“ καὶ τὸν Τηλέμαχον οἱ μνηστῆρες
„ἠὲ καὶ εἰς Ἐφύρην ἐθέλει πίειραν ἄρουραν ἐλθεῖν,
„ὄφρ´ ἔνθεν θυμοφθόρα φάρμακ´ ἐνείκῃ.“ καὶ γὰρ τὴν
Αὐγέου θυγατέρα τοῦ τῶν Ἐπειῶν βασιλέως ὁ Νέστωρ
ἐν τῇ διηγήσει τοῦ πρὸς αὐτοὺς πολέμου φαρμακίδα
εἰσάγει „πρῶτος ἐγὼν ἕλον ἄνδρα“ φήσας „Μούλιον
„αἰχμητήν, γαμβρὸς δ´ ἦν Αὐγείαο, πρεσβυτάτην δὲ
„θύγατρ´ εἶχεν, ἣ τόσα φάρμακα ᾔδη, ὅσα τρέφει εὐρεῖα
χθών.“ ἔστι δὲ καὶ περὶ Σικυῶνα Σελλήεις ποταμὸς
καὶ Ἐφύρα πλησίον κώμη, καὶ ἐν τῇ Ἀγραίᾳ τῆς
Αἰτωλίας Ἐφύρα κώμη, οἱ δ´ ἀπ´ αὐτῆς Ἔφυροι· καὶ
ἄλλοι οἱ Περραιβῶν πρὸς Μακεδονία, οἱ Κραννώνιοι,
καὶ οἱ Θεσπρωτικοὶ οἱ ἐκ Κιχύρου τῆς πρότερον Ἐφύρας.
| [8,3,5] Dans l'intervalle de Cyllène au cap Chélonatas, deux fleuves, le Pénée d'abord, et, après le Pénée,
le Selléïs débouchent à la mer. Le Selléïs, le même dont parle Homère, descend du Pholoé et passe
près d'une ville du nom d'Ephyre, qu'il ne faut pas confondre avec ses homonymes de Thesprotie, de
Thessalie et de Corinthie. Celle-ci est une quatrième Ephyre, la même ville peut-être sous un autre
nom qu'Oenoé, que Boenoé pour mieux dire (car le nom se prononce ainsi d'ordinaire) : tout au moins
est-elle sa proche voisine se trouvant sur la route du Lasion à 120 stades d'Elis. Il y a tout lieu de
penser que c'est de cette Ephyre qu'Homère parle à propos d'Astyochée, mère de Tlépolème, l'un des
Héraclides,
«Il l'avait enlevée d'Ephyra, des bords mêmes du fleuve Selléïs» (Iliade, II, 659) ;
car cette partie de l'Elide, on le sait, fut, plus que les cantons dont nous parlions tout à l'heure, le
théâtre de la valeur d'Hercule ; et d'ailleurs il n'existe pas de fleuve du nom de Selléïs dans les
environs des autres Ephyres. De la même ville aussi provenaient et {la fameuse cuirasse} de Mégès,
«Phylée l'avait rapportée naguère d'Ephyra, des bords du Selléïs» (Iliade, XV, 531) ;
et ces poisons terribles {dont parle le poète à plusieurs reprises. Minerve}, en effet, dans l'Odyssée (I,
261), dit qu'Ulysse est allé à Ephyre
«Chercher le venin homicide dont il a besoin pour y tremper ses flèches» ;
c'est aussi ce que disent les prétendants en parlant de Télémaque,
«Peut-être encore veut-il visiter les grasses prairies d'Ephyre, et en rapporter le terrible poison qu'il
nous destine» (Odyssée, II, 328).
Ce qui explique d'autre part comment Nestor, dans le récit de sa guerre contre les Epéens, ayant à
nommer la fille d'Augéas, leur roi, la représente comme une sorcière initiée à la connaissance des poisons :
«C'est moi, dit-il, moi qui le premier renversai de ma lance un chef ennemi, le vaillant Mulius : il était
gendre d'Augéas, et avait épousé sa fille aînée. Celle-ci connaissait tout ce que la terre, dans son
vaste sein, nourrit de sucs vénéneux» (Iliade, XI, 738).
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