[7,7,11] Ἡ Δωδώνη τοίνυν τὸ μὲν παλαιὸν ὑπὸ Θεσπρωτοῖς ἦν καὶ τὸ ὄρος ὁ
Τόμαρος ἢ Τμάρος ( ἀμφοτέρως γὰρ λέγεται), ὑφ' ᾧ κεῖται τὸ ἱερόν, καὶ οἱ
τραγικοὶ δὲ καὶ Πίνδαρος Θεσπρωτίδα εἰρήκασι τὴν Δωδώνην· ὕστερον δὲ ὑπὸ
Μολοττοῖς ἐγένετο. Ἀπὸ δὲ τοῦ Τομάρου τοὺς ὑπὸ τοῦ ποιητοῦ λεγομένους
ὑποφήτας τοῦ Διός, οὓς καὶ ἀνιπτόποδας, χαμαιεύνας καλεῖ, τομούρους φασὶ
λεχθῆναι· καὶ ἐν μὲν τῇ Ὀδυσσείᾳ οὕτω γράφουσί τινες ἅ φησιν Ἀμφίνομος,
συμβουλεύων τοῖς μνηστῆρσι, μὴ πρότερον ἐπιτίθεσθαι τῷ Τηλεμάχῳ, πρὶν ἂν
τὸν Δία ἔρωνται·
Εἰ μέν κ' αἰνήσωσι Διὸς μεγάλοιο τομοῦροι,
αὐτός τε κτανέω, τούς τ' ἄλλους πάντας ἀνώξω·
εἰ δέ κ' ἀποτρεπέῃσι θεός, παύεσθαι ἄνωγα.
Βέλτιον γὰρ εἶναι τομούρους ἢ θέμιστας γράφειν· οὐδαμοῦ γοῦν τὰ μαντεῖα
θέμιστας λέγεσθαι παρὰ τῷ ποιητῇ, ἀλλὰ τὰς βουλὰς καὶ τὰ πολιτεύματα καὶ
νομοθετήματα· τομούρους δ' εἰρῆσθαι ἐπιτετμημένως οἷον τομαροφύλακας.
Οἱ μὲν οὖν νεώτεροι λέγουσιν τομούρους· {παρ'} Ὁμήρῳ δ' ἁπλούστερον δεῖ
δέχεσθαι θέμιστας, καταχρηστικῶς {ὡς} καὶ βουλάς, τὰ προστάγματα καὶ τὰ
βουλήματα τὰ μαντικά, καθάπερ καὶ τὰ νόμιμα· τοιοῦτον γὰρ καὶ τό
ἐκ δρυὸς ὑψικόμοιο Διὸς βουλὴν ἐπακοῦσαι.
| [7,7,11] Cela posé, nous dirons que Dodone, avec la montagne au pied de
laquelle le temple est bâti et qu'on nomme indifféremment Tomaros ou
Tniaros, appartint dans le principe aux Thesprotes et ne passa que
plus tard sous la domination des Molosses. Les Tragiques en effet et
Pindare joignent souvent au nom de Dodone l'épithète de Thesprotide.
Du nom de Tomaros, maintenant, on prétend qu'Homère a tiré le mot
tomures et qu'il s'en est servi pour désigner ces interprètes ou
hypophètes de Jupiter, qu'il qualifie en outre d'aniptopodes et de
chamaeeunes ; qu'ainsi, dans l'Odyssée (XVI, 403), le discours
qu'Amphinomos adresse aux prétendants pour les dissuader d'attaquer
Télémaque avant d'avoir consulté Jupiter doit être lu comme il suit :
«Si du grand Jupiter les TOMURES vous approuvent, moi-même je
le frapperai et j'exciterai vos coups ; mais si le dieu vous détourne,
s'il vous écarte de lui, croyez-moi, suspendez-les» ;
que la leçon "tomouroi" est ici bien préférable à la leçon "themistes" par la
raison que ce dernier mot n'est jamais employé dans Homère avec le
sens d'oracles, mais toujours avec le sens d'arrêtés, de règlements, de
prescriptions légales ; qu'enfin le mot "tomouroi" est une contraction de
"tomarouroi" et équivaut à "tomarophulakes" ou gardiens du Tomare. -
Mais non, le mot "tomouroi" est de formation plus récente, et, dans
Homère, il nous parait plus simple de conserver la leçon "themistes", en
supposant seulement que le poète aura employé ce terme par
catachrèse, comme il a employé souvent le mot "boulai", appliquant aux
volontés et aux prescriptions de l'oracle l'expression affectée
d'ordinaire aux volontés et aux prescriptions de la loi, ce dont le vers
suivant nous offre un exemple (Odyssée, XIV, 328) :
g-Ek g-druos g-upsikomoio g-Dios g-BOULEN g-epakousai ; «Pour recueillir ces
divins arrêts que, du haut de son chêne altier, Jupiter fait entendre aux mortels».
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