[7,7,3] Πρότερον μὲν οὖν, καίπερ μικρῶν καὶ πολλῶν καὶ ἀδόξων ὄντων τῶν
ἐθνῶν, ὅμως διὰ τὴν εὐανδρίαν καὶ τὸ βασιλεύεσθαι κατὰ σφᾶς οὐ πάνυ ἦν
χαλεπὸν διαλαβεῖν τοὺς ὅρους αὐτῶν, νυνὶ δ' ἐρήμου τῆς πλείστης χώρας
γεγενημένης καὶ τῶν κατοικιῶν, καὶ μάλιστα τῶν πόλεων ἠφανισμένων, οὐδ'
εἰ δύναιτό τις ἀκριβοῦν ταῦτα, οὐδὲν ἂν ποιοίη χρήσιμον διὰ τὴν ἀδοξίαν καὶ
τὸν ἀφανισμὸν αὐτῶν, ὃς ἐκ πολλοῦ χρόνου λαβὼν τὴν ἀρχὴν οὐδὲ νῦν πω
πέπαυται κατὰ πολλὰ μέρη διὰ τὰς ἀποστάσεις· ἀλλ' ἐνστρατοπεδεύουσιν
αὐτοῖς Ῥωμαῖοι τοῖς οἴκοις, κατασταθέντες ὑπ' αὐτῶν δυνάσται. Τῶν γοῦν
Ἠπειρωτῶν ἑβδομήκοντα πόλεις Πολύβιός φησιν ἀνατρέψαι Παῦλον μετὰ τὴν
Μακεδόνων καὶ Περσέως κατάλυσιν ( Μολοττῶν δ' ὑπάρξαι τὰς πλείστας),
πέντε δὲ καὶ δέκα μυριάδας ἀνθρώπων ἐξανδραποδίσασθαι. Ὅμως δ' οὖν
ἐγχειρήσομεν, ἐφ' ὅσον τῇ γραφῇ τε προσήκει καὶ ἡμῖν ἐφικτόν, ἐπελθεῖν τὰ
καθ' ἕκαστα, ἀρξάμενοι ἀπὸ τῆς κατὰ τὸν Ἰόνιον κόλπον παραλίας· αὕτη δ'
ἐστίν, εἰς ἣν ὁ ἔκπλους ὁ ἐκ τοῦ Ἀδρίου τελευτᾷ.
| [7,7,3] Autrefois, bien que les peuples de cette partie de l'Europe eussent
par eux-mêmes peu d'importance, qu'ils fussent très nombreux et
généralement peu connus, on pouvait encore sans trop de difficulté
déterminer leurs limites respectives, par la raison que chacun d'eux
formait une agglomération d'hommes assez considérable sous un roi
particulier ; mais aujourd'hui que le pays est en grande partie désert et
que beaucoup de centres de population, beaucoup de villes surtout ont
disparu, une délimitation aussi minutieuse, fût-elle possible, n'offrirait
plus guère d'utilité s'appliquant à des lieux dont la mémoire est en
quelque sorte effacée et dont la dévastation, commencée il y a
longtemps déjà, n'a pas encore cessé. On sait comment par suite
d'insurrections nouvelles qui ont éclaté sur différents points, les soldats
romains campent aujourd'hui dans le pays et comment ils ont dans
quelques districts changé les chefs ou dynastes nationaux. Et
précédemment (on peut-le lire dans Polybe) Paul {Emile}, vainqueur de
la Macédoine et du roi Persée, avait détruit en Epire jusqu'à 70 villes,
Molosses pour la plupart, et emmené avec lui 150.000 esclaves.
Quoi qu'il en soit, nous voulons essayer (dans les limites bien entendu
de notre plan et dans la mesure de nos moyens) de donner une
description détaillée de cette contrée en commençant par la côte du
golfe Ionien, laquelle part juste du point où s'arrête la navigation de
l'Adriatique.
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