[7,3,13] Ῥεῖ δὲ δι' αὐτῶν Μάρισος ποταμὸς εἰς τὸν Δανούιον, ᾧ τὰς παρασκευὰς
ἀνεκόμιζον οἱ Ῥωμαῖοι τὰς πρὸς τὸν πόλεμον· καὶ γὰρ τοῦ ποταμοῦ τὰ μὲν
ἄνω καὶ πρὸς ταῖς πηγαῖς μέρη μέχρι τῶν καταρακτῶν Δανούιον
προσηγόρευον, ἃ μάλιστα διὰ τῶν Δακῶν φέρεται, τὰ δὲ κάτω μέχρι τοῦ
Πόντου τὰ παρὰ τοὺς Γέτας καλοῦσιν Ἴστρον· ὁμόγλωττοι δ' εἰσὶν οἱ Δακοὶ
τοῖς Γέταις. Παρὰ μὲν οὖν τοῖς Ἕλλησιν οἱ Γέται γνωρίζονται μᾶλλον διὰ τὸ
συνεχεῖς τὰς μεταναστάσεις ἐφ' ἑκάτερα τοῦ Ἴστρου ποιεῖσθαι καὶ τοῖς
Μοισοῖς ἀναμεμῖχθαι· καὶ τὸ τῶν Τριβαλλῶν δ' ἔθνος, Θρᾳκικὸν ὄν, τὸ αὐτὸ
πέπονθε τοῦτο. Μεταναστάσεις γὰρ δέδεκται, τῶν πλησιοχώρων εἰς τοὺς
ἀσθενεστέρους ἐξαναστάντων, τῶν μὲν ἐκ τῆς περαίας Σκυθῶν καὶ
Βασταρνῶν καὶ Σαυροματῶν ἐπικρατούντων πολλάκις, ὥστε καὶ
ἐπιδιαβαίνειν τοῖς ἐξελαθεῖσι καὶ καταμένειν τινὰς αὐτῶν ἢ ἐν ταῖς νήσοις ἢ
ἐν τῇ Θρᾴκῃ· τῶν δ' ἐκ θατέρου μέρους ὑπ' Ἰλλυριῶν μάλιστα κα τισχυομένων.
Αὐξηθέντες δ' οὖν ἐπὶ πλεῖστον οἵ τε Γέται οἵ τε Δακοί, ὥστε καὶ
εἰκοσιμυριάδας ἐκπέμπειν στρατείας, νῦν ὅσον εἰς τέτταρας μυριάδας
συνεσταλμένοι τυγχάνουσι καὶ ἐγγὺς μὲν ἥκουσι τοῦ ὑπακούειν Ῥωμαίων·
οὔπω δ' εἰσὶν ὑποχείριοι τελέως διὰ τὰς ἐκ τῶν Γερμανῶν ἐλπίδας πολεμίων
ὄντων τοῖς Ῥωμαίοις.
| [7,3,13] La rivière Marisus, qui traverse tout leur pays, vient se jeter dans le
Danube ; et, par cette dernière voie, les Romains avaient toute facilité
pour approvisionner leurs armées en cas de guerre. Les Romains, en
effet, appellent Danube toute la partie haute du fleuve comprise entre
la source et les cataractes, la même justement qui coule chez les
Daces, réservant le nom d'Ister uniquement à la partie inférieure,
laquelle s'étend jusqu'au Pont, et se trouve border le territoire des Gètes.
Les Daces parlent absolument la même langue que les Gètes. Que si,
maintenant, nous autres Grecs nous connaissons mieux les Gètes, la
cause en est que ceux-ci ont perpétuellement changé de demeure et
passé d'une rive à l'autre, se mêlant ainsi aux peuples de la Thrace
proprement dite, et notamment aux Moesiens. Il est arrivé de même
aux Triballes, autre peuple de la Thrace, de recevoir souvent au milieu
d'eux des bandes {de Gètes} émigrants, chassés de leurs demeures
par des voisins plus puissants, soit par les Scythes, les Bastarnes et
les Sauromates de la rive ultérieure, qui, non contents de les avoir
expulsés, franchissaient le fleuve après eux et ont laissé ainsi
différents établissements dans les îles de l'Ister et dans la Thrace, soit
par les Illyriens, les plus redoutables ennemis qu'ils eussent de ce
côté-ci du fleuve. - La nation des Daces et des Gètes, qui avait accru
sa puissance un moment jusqu'à pouvoir envoyer au dehors des
armées de 200.000 hommes, se trouve donc réduite aujourd'hui à une
force de 49.000 guerriers tout au plus, et elle paraît être sur le point
d'accepter le joug des Romains ; si même elle n'a pas fait encore sa
soumission pleine et entière, c'est qu'elle fonde un dernier espoir sur
les Germains et sur la haine que ceux-ci portent aux Romains.
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