[7,3,11] Τῶν δὴ Γετῶν τὰ μὲν παλαιὰ ἀφείσθω, τὰ δ' εἰς ἡμᾶς ἤδη τοιαῦτα ὑπῆρξε.
Βοιρεβίστας, ἀνὴρ Γέτης, ἐπιστὰς ἐπὶ τὴν τοῦ ἔθνους ἐπιστασίαν, ἀνέλαβε
κεκακωμένους τοὺς ἀνθρώπους ὑπὸ συχνῶν πολέμων καὶ τοσοῦτον ἐπῆρεν
ἀσκήσει καὶ νήψει καὶ τῷ προσέχειν τοῖς προστάγμασιν, ὥστ' ὀλίγων ἐτῶν
μεγάλην ἀρχὴν κατεστήσατο, καὶ τῶν ὁμόρων τοὺς πλείστους ὑπέταξε τοῖς
Γέταις· ἤδη δὲ καὶ Ῥωμαίοις φοβερὸς ἦν, διαβαίνων ἀδεῶς τὸν Ἴστρον καὶ τὴν
Θρᾴκην λεηλατῶν μέχρι Μακεδονίας καὶ τῆς Ἰλλυρίδος, τούς τε Κελτοὺς τοὺς
ἀναμεμιγμένους τοῖς τε Θρᾳξὶ καὶ τοῖς Ἰλλυριοῖς ἐξεπόρθησε, Βοίους δὲ καὶ
ἄρδην ἠφάνισε τοὺς ὑπὸ Κριτασίρῳ καὶ Ταυρίσκους. Πρὸς δὲ τὴν εὐπείθειαν
τοῦ ἔθνους συναγωνιστὴν ἔσχε Δεκαίνεον ἄνδρα γόητα, {καὶ} πεπλανημένον
κατὰ τὴν Αἴγυπτον καὶ προσημασίας ἐκμεμαθηκότα τινάς, δι' ὧν ὑπεκρίνετο
τὰ θεῖα· καὶ δι' ὀλίγου καθίστατο θεός, καθάπερ ἔφαμεν περὶ τοῦ Ζαμόλξεως
διηγούμενοι. Τῆς δ' εὐπειθείας σημεῖον· ἐπείσθησαν γὰρ ἐκκόψαι τὴν ἄμπελον
καὶ ζῆν οἴνου χωρίς. Ὁ μὲν οὖν Βοιρεβίστας ἔφθη καταλυθεὶς ἐπαναστάντων
αὐτῷ τινων πρὶν ἢ Ῥωμαίους στεῖλαι στρατείαν ἐπ' αὐτόν· οἱ δὲ διαδεξάμενοι
τὴν ἀρχὴν εἰς πλείω μέρη διέστησαν. Καὶ δὴ καὶ νῦν, ἡνίκα ἔπεμψεν ἐπ'
αὐτοὺς στρατείαν ὁ Σεβαστὸς Καῖσαρ, εἰς πέντε μερίδας, τότε δὲ εἰς τέτταρας
διεστῶτες ἐτύγχανον· οἱ μὲν οὖν τοιοῦτοι μερισμοὶ πρόσκαιροι καὶ ἄλλοτ' ἄλλοι.
| [7,3,11] Et sans plus insister sur l'histoire ancienne des Gètes, je passe aux
événements contemporains. Un Gète, nommé Byrebistas, devenu
parmi les siens chef suprême ou épistate, entreprit de réparer les
maux qu'avaient causés à la nation ses guerres continuelles ; il y
réussit et la releva si bien par le travail, la sobriété et la discipline,
qu'en peu d'années il eut fondé un grand empire et soumis aux Gètes
la plupart des nations voisines. Déjà même les Romains
commençaient à s'inquiéter, l'ayant vu franchir audacieusement l'Ister,
pousser ses courses, par delà la Thrace, jusqu'à la Macédoine et à
l'Illyrie, ruiner toutes les tribus celtiques qui vivent mêlées aux Illyriens
et aux Thraces et exterminer, qui plus est, les Boïens de Critasir et la
nation des Taurisques. Pour mieux se faire obéir des Gètes,
Byrebistas s'était aidé de Decenaeus, espèce de charlatan, qui avait
longtemps voyagé en Egypte et y avait acquis la connaissance de
certains signes, à l'aide desquels il annonçait les volontés divines.
Depuis quelque temps déjà, les Gètes lui avaient conféré ce titre de
Dieu, dont il a été question plus haut à propos de Zamolxis ; et, ce qui
prouve l'ascendant qu'il exerçait sur eux, c'est qu'ils s'étaient laissé
persuader par lui de couper leurs vignes et de renoncer à l'usage du
vin. Les Romains cependant n'eurent pas le temps d'expédier une
armée contre Byrebistas, il périt auparavant sous les coups de
quelques factieux, et, sa succession ayant été démembrée, les Gètes
furent désormais partagés entre plusieurs chefs. C'est ainsi que
l'expédition que César Auguste vient d'envoyer contre eux les a
trouvés divisés en cinq Etats. Ils n'en avaient formé que quatre à la
mort de Byrebistas, mais en sait que ces sortes de partages sont
essentiellement temporaires et varient au gré des circonstances.
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