[7,3,8] Οἱ μέντοι πρὸ ἡμῶν, καὶ μάλιστα οἱ ἐγγὺς τοῖς Ὁμήρου χρόνοις, τοιοῦτοί
τινες ἦσαν καὶ ὑπελαμβάνοντο παρὰ τοῖς Ἕλλησιν, ὁποίους Ὅμηρός φησιν.
Ὅρα δὲ ἃ λέγει Ἡρόδοτος περὶ τοῦ τῶν Σκυθῶν βασιλέως, ἐφ' ὃν ἐστράτευσε
Δαρεῖος, καὶ τὰ ἐπεσταλμένα παρ' αὐτοῦ. Ὅρα δὲ καὶ ἃ λέγει Χρύσιππος περὶ
τῶν τοῦ Βοσπόρου βασιλέων τῶν περὶ Λεύκωνα. Πλήρεις δὲ καὶ αἱ Περσικαὶ
ἐπιστολαὶ τῆς ἁπλότητος, ἧς λέγω, καὶ τὰ ὑπὸ τῶν Αἰγυπτίων καὶ
Βαβυλωνίων καὶ Ἰνδῶν ἀπο μνημονευόμενα. Διὰ τοῦτο δὲ καὶ ὁ Ἀνάχαρσις
καὶ Ἄβαρις καί τινες ἄλλοι τοιοῦτοι παρὰ τοῖς Ἕλλησιν εὐδοκίμουν, ὅτι
ἐθνικόν τινα χαρακτῆρα ἐπέφαινον εὐκολίας καὶ λιτότητος καὶ δικαιοσύνης.
Καὶ τί δεῖ τοὺς πάλαι λέγειν; Ἀλέξανδρος γὰρ ὁ Φιλίππου κατὰ τὴν ἐπὶ
Θρᾷκας τοὺς ὑπὲρ τοῦ Αἵμου στρατείαν ἐμβαλὼν εἰς Τριβαλλούς, ὁρῶν μέχρι
τοῦ Ἴστρου καθήκοντας καὶ τῆς ἐν αὐτῷ νήσου Πεύκης, τὰ πέραν δὲ Γέτας
ἔχοντας, ἀφῖχθαι λέγεται μέχρι δεῦρο, καὶ εἰς μὲν τὴν νῆσον ἀποβῆναι μὴ
δύνασθαι σπάνει πλοίων· ἐκεῖσε γὰρ καταφυγόντα τὸν τῶν Τριβαλλῶν
βασιλέα Σύρμον ἀντισχεῖν πρὸς τὴν ἐπιχείρησιν· εἰς δὲ τοὺς Γέτας διαβάντα
ἑλεῖν αὐτῶν πόλιν καὶ ἀναστρέψαι διὰ ταχέων εἰς τὴν οἰκείαν, λαβόντα δῶρα
{παρὰ} τῶν ἐθνῶν καὶ παρὰ τοῦ Σύρμου. Φησὶ δὲ Πτολεμαῖος ὁ Λάγου κατὰ
ταύτην τὴν στρατείαν συμμῖξαι τῷ Ἀλεξάνδρῳ Κελτοὺς τοὺς περὶ τὸν Ἀδρίαν
φιλίας καὶ ξενίας χάριν, δεξάμενον δὲ αὐτοὺς φιλοφρόνως τὸν βασιλέα
ἐρέσθαι παρὰ πότον, τί μάλιστα εἴη, ὃ φοβοῖντο, νομίζοντα αὐτὸν ἐρεῖν·
αὐτοὺς δ' ἀποκρίνασθαι, ὅτι οὐδὲνα, πλὴν εἰ ἄρα μὴ ὁ οὐρανὸς αὐτοῖς
ἐπιπέσοι, φιλίαν γε μὴν ἀνδρὸς τοιούτου περὶ παντὸς τίθεσθαι. Ταῦτα δὲ
ἁπλότητος τῆς τῶν βαρβάρων ἐστὶ σημεῖα, τοῦ τε μὴ συγχωρήσαντος μὲν τὴν
ἀπόβασιν τὴν εἰς τὴν νῆσον, δῶρα δὲ πέμψαντος καὶ συνθεμένου φιλίαν, καὶ
τῶν φοβεῖσθαι μὲν οὐδένα φαμένων, φιλίαν δὲ περὶ παντὸς τίθεσθαι μεγάλων
ἀνδρῶν. Ὅ τε Δρομιχαίτης κατὰ τοὺς διαδόχους ἦν τοὺς Ἀλεξάνδρου Γετῶν
βασιλεύς· ἐκεῖνος τοίνυν λαβὼν ζωγρίᾳ Λυσίμαχον ἐπιστρατεύσαντα αὐτῷ,
δείξας τὴν πενίαν τήν τε ἑαυτοῦ καὶ τοῦ ἔθνους, ὁμοίως δὲ καὶ τὴν
αὐτάρκειαν, ἐκέλευσε τοῖς τοιούτοις μὴ πολεμεῖν, ἀλλὰ φίλοις χρῆσθαι· ταῦτα
δ' εἰπών, ξενίσας καὶ συνθέμενος φιλίαν, ἀπέλυσεν αὐτόν.
| [7,3,8] Mais, du temps de nos pères (et cela est d'autant plus vrai qu'on se
rapproche davantage de l'époque d'Homère), le caractère des Scythes
et l'idée qu'on s'en faisait en Grèce étaient bien réellement tels que le
marque le poète. Voyez le portrait que fait Hérodote du roi des Scythes
attaqué par Darius, et le message de ce barbare au grand roi ; voyez
le portrait que fait Chrysippe {de Satyrus} et de Leucon, rois du
Bosphore. La même simplicité règne et dans les Lettres des anciens
Perses et dans ce qui nous reste d'Apophthegmes ou de Dits
mémorables des Egyptiens, des Babyloniens et des Indiens ; et, si
Anacharsis, Abaris et tel autre Scythe ont acquis tant de célébrité
parmi les Grecs, c'est qu'ils possédaient au plus haut degré ce que l'on
peut appeler les vertus caractéristiques de leur nation, la douceur, la
simplicité et la justice.
Pourquoi même remonter si haut ? Lorsque Alexandre, fils de Philippe,
dans son expédition contre les Thraces d'au delà de l'Haemus,
envahit le territoire des Triballes, il voulut, sachant que les possessions
de ce peuple s'étendaient jusqu'à l'Ister et comprenaient même l'île
Peucé, située dans le fleuve à porté de la rive occupée par les Gètes,
il voulut, dis-je, passer dans cette île, mais il ne le put, faute
d'embarcations, le roi des Triballes, Syrmus, s'y étant retiré et ayant
refusé de l'y laisser descendre. Il franchit alors le fleuve sur un autre
point, et, ayant attaqué les Gètes, il s'empara de leur ville, mais pour
regagner aussitôt ses Etats, comblé de présents et par ces peuples
qu'il venait de vaincre et par Syrmus lui-même.
Durant la même expédition (c'est Ptolémée, fils de Lagus, qui raconte le fait),
Alexandre reçut une députation des Celtes de l'Adriatique chargée de conclure
avec lui un pacte d'alliance et d'amitié. Il fit à ces Barbares le plus cordial accueil,
et, dans la chaleur du festin, se prit à leur demander ce qu'ils redoutaient le plus
au monde, croyant bien qu'ils allaient prononcer son nom ; mais leur réponse fut
qu'ils ne redoutaient rien que de voir le ciel tomber sur eux que, du reste,
ils attachaient le plus haut prix à l'amitié d'un homme tel que lui.
Or, n'avons-nous pas là encore la preuve de la simplicité barbare ?
D'un côté, ce roi qui refuse à Alexandre l'entrée de son île pour lui envoyer
ensuite des présents et s'unir à lui d'amitié ; et de l'autre, ces ambassadeurs
gaulois qui déclarent ne rien craindre au monde, mais ne rien tant priser aussi
que l'amitié des grands hommes ! Plus récemment, au temps des
successeurs d'Alexandre, Dromichaetès, roi des Gètes, est attaqué par
Lysimaque et le fait prisonnier ; il lui donne le spectacle de sa pauvreté
et de celle de son peuple, le spectacle aussi de leur sobriété, puis il
l'invite à ne plus porter désormais la guerre chez des hommes comme
eux, mais à rechercher plutôt leur amitié, et, cela dit, il le traite en hôte,
conclut alliance avec lui et lui rend sa liberté.
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