[6,1,4] τὴν δ' ἑξῆς παραλίαν Βρέττιοι μέχρι τοῦ Σικελικοῦ κατέχουσι πορθμοῦ
σταδίων πεντήκοντα καὶ τριακοσίων ἐπὶ τοῖς χιλίοις. φησὶ δ' Ἀντίοχος ἐν τῷ περὶ
τῆς Ἰταλίας συγγράμματι ταύτην Ἰταλίαν κληθῆναι καὶ περὶ ταύτης συγγράφειν,
πρότερον δ' Οἰνωτρίαν προσαγορεύεσθαι. ὅριον δ' αὐτῆς ἀποφαίνει πρὸς μὲν τῷ
Τυρρηνικῷ πελάγει τὸ αὐτὸ ὅπερ καὶ τῆς Βρεττανῆς ἔφαμεν, τὸν Λᾶον ποταμόν,
πρὸς δὲ τῷ Σικελικῷ τὸ Μεταπόντιον. τὴν δὲ Ταραντίνην, ἣ συνεχὴς τῷ
Μεταποντίῳ ἐστίν, ἐκτὸς τῆς Ἰταλίας ὀνομάζει, Ἰάπυγας καλῶν. ἔτι δ' ἀνώτερον
Οἰνωτρούς τε καὶ Ἰταλοὺς μόνους ἔφη καλεῖσθαι τοὺς ἐντὸς τοῦ ἰσθμοῦ πρὸς τὸν
Σικελικὸν κεκλιμένους πορθμόν. ἔστι δ' αὐτὸς ὁ ἰσθμὸς ἑκατὸν καὶ ἑξήκοντα
στάδιοι μεταξὺ δυεῖν κόλπων, τοῦ τε Ἱππωνιάτου, ὃν Ἀντίοχος Ναπητῖνον
εἴρηκε, καὶ τοῦ Σκυλλητικοῦ. περίπλους δ' ἐστὶ τῆς ἀπολαμβανομένης χώρας
πρὸς τὸν πορθμὸν ἐντὸς στάδιοι δισχίλιοι. μετὰ δὲ ταῦτα ἐπεκτείνεσθαί φησι
τοὔνομα καὶ τὸ τῆς Ἰταλίας καὶ τὸ τῶν Οἰνωτρῶν μέχρι τῆς Μεταποντίνης καὶ
τῆς Σειρίτιδος: οἰκῆσαι γὰρ τοὺς τόπους τούτους Χῶνας, Οἰνωτρικὸν ἔθνος
κατακοσμούμενον, καὶ τὴν γῆν ὀνομάσαι Χώνην. οὗτος μὲν οὖν ἁπλουστέρως
εἴρηκε καὶ ἀρχαϊκῶς, οὐδὲν διορίσας περὶ τῶν Λευκανῶν καὶ τῶν Βρεττίων. ἔστι
δ' ἡ μὲν Λευκανία μεταξὺ τῆς τε παραλίας τῆς Τυρρηνικῆς καὶ τῆς Σικελικῆς, τῆς
μὲν ἀπὸ τοῦ Σιλάριδος μέχρι Λάου, τῆς δ' ἀπὸ τοῦ Μεταποντίου μέχρι Θουρίων:
κατὰ δὲ τὴν ἤπειρον ἀπὸ Σαυνιτῶν μέχρι τοῦ ἰσθμοῦ τοῦ ἀπὸ Θουρίων εἰς
Κηρίλλους πλησίον Λάου: στάδιοι δ' εἰσὶ τοῦ ἰσθμοῦ τριακόσιοι. ὑπὲρ δὲ τούτων
Βρέττιοι χερρόνησον οἰκοῦντες: ἐν ταύτῃ δ' ἄλλη περιείληπται χερρόνησος ἡ τὸν
ἰσθμὸν ἔχουσα τὸν ἀπὸ Σκυλλητίου ἐπὶ τὸν Ἱππωνιάτην κόλπον. ὠνόμασται δὲ
τὸ ἔθνος ὑπὸ Λευκανῶν: βρεττίους γὰρ καλοῦσι τοὺς ἀποστάτας: ἀπέστησαν δ',
ὥς φασι, ποιμαίνοντες αὐτοῖς πρότερον, εἶθ' ὑπὸ ἀνέσεως ἐλευθεριάσαντες,
ἡνίκα ἐπεστράτευσε Δίων Διονυσίῳ καὶ ἐξετάραξεν ἅπαντας πρὸς ἅπαντας. τὰ
καθόλου μὲν δὴ ταῦτα περὶ Λευκανῶν καὶ Βρεττίων λέγομεν.
| [6,1,4] Le reste de la côte, jusqu'au détroit de Sicile, est
occupé par les Brutiens et mesure 1350 stades. Antiochus,
dans ses Italiques, dit en termes exprès que le nom d'Italie
ne désigna d'abord que cette partie de la péninsule et
que c'est cette Italie primitive , connue plus anciennement
encore sous le nom d'OEnotrie, qu'il a voulu décrire
dans son livre : or, il lui assigne pour limites, du côté de la
mer Tyrrhénienne le cours du Laüs, c'est-à-dire la limite
que nous-même avons assignée à la Lucanie, et, du côté de
la mer de Sicile, Métaponte. Quant au district de Tarente,
qui succède immédiatement à celui de Métaponte, il le rejette
en dehors de l'Italie proprement dite comme faisant
partie de la Japygie. Il veut même qu'à une époque encore
plus reculée les noms d'OEnotrie et d'Italie se soient appliqués
uniquement au pays compris entre le détroit de Sicile
et ce premier isthme, large de 160 stades, qui va du golfe
Hipponiate, ou, comme l'appelle Antiochus, du golfe Napétin
au golfe Scyllétique, pays dont le périple peut bien mesurer
en tout 2000 stades. De là, maintenant, les noms d'Italie et
d'OEnotrie se seraient avancés jusqu'au Métapontin et à la
Siritide, car Antiochus nous montre les Chônes, nation
oenotrienne déjà fort civilisée, établis en ces lieux et donnant
à tout le pays le nom de Chôné. Antiochus, malheureusement,
ne s'est pas exprimé d'une façon aussi nette au sujet
des Lucaniens et des Brutiens, et, comme tous les anciens
historiens, il a omis de préciser quelles étaient dans le principe
les possessions respectives des deux peuples. Aujourd'hui
la contrée appelée Lucanie comprend tout ce qui s'étend
entre la mer Tyrrhénienne et la mer de Sicile, depuis
l'embouchure du Silaris jusqu'à celle du Laüs sur la côte de la
mer Tyrrhénienne, depuis Métaponte jusqu'à Thurium sur
la côte de la mer de Sicile, et, dans l'intérieur, depuis le
Samnium jusqu'à l'isthme compris entre Thurium et une
localité, Cerilli, voisine de Laüs, isthme pouvant mesurer
300 stades de large. Quant au Brutium, il forme au-dessus
de la Lucanie une presqu'île, dans laquelle se trouve
naturellement comprise cette autre petite presqu'île qui part de
l'isthme resserré entre les golfes Scyllétien et Hipponiate.
Ce sont les Lucaniens qui ont donné aux Brutiens le nom
qu'ils portent, car ce nom, dans la langue lucanienne, signifie
déserteurs ou rebelles: les premiers Brutiens étaient, dit-on,
des pasteurs au service des Lucaniens, mais la mollesse de
leurs maîtres leur avait laissé prendre des habitudes
d'indépendance et ils avaient fini par s'insurger, quand la guerre
de Dion contre Denys était venue bouleverser tout ce pays. —
Du reste nous ne pousserons pas plus loin ces considérations
générales touchant les Lucaniens et les Brutiens.
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