HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre VI

Chapitre 3

  Para 9

[6,3,9] ἐκ δὲ Βαρίου πρὸς τὸν ποταμὸν Αὔφιδον, ἐφ' τὸ ἐμπόριον τῶν Κανυσιτῶν, τετρακόσιοι: δ' ἀνάπλους ἐπὶ τὸ ἐμπόριον ἐνενήκοντα. πλησίον δὲ καὶ Σαλαπία τὸ τῶν Ἀργυριππίνων ἐπίνειον. οὐ πολὺ γὰρ δὴ τῆς θαλάττης ὑπέρκεινται δύο πόλεις ἔν γε τῷ πεδίῳ, μέγισται τῶν Ἰταλιωτίδων γεγονυῖαι πρότερον, ὡς ἐκ τῶν περιβόλων δῆλον, τό τε Κανύσιον καὶ Ἀργυρίππα, ἀλλὰ νῦν ἐλάττων ἐστίν. ἐκαλεῖτο δ' ἐξ ἀρχῆς Ἄργος ἵππιον, εἶτ' Ἀργυρίππα, εἶτα νῦν Ἄρποι. λέγονται δ' ἀμφότεραι Διομήδους κτίσματα: καὶ τὸ πεδίον καὶ ἄλλα πολλὰ δείκνυται τῆς Διομήδους ἐν τούτοις τοῖς τόποις δυναστείας σημεῖα, ἐν μὲν τῷ τῆς Ἀθηνᾶς ἱερῷ τῆς ἐν Λουκερίᾳ παλαιὰ ἀναθήματα ̔καὶ αὕτη δ' ὑπῆρξε πόλις ἀρχαία Δαυνίων, νῦν δὲ τεταπείνωταἰ, ἐν δὲ τῇ πλησίον θαλάττῃ δύο νῆσοι Διομήδειαι προσαγορευόμεναι, ὧν μὲν οἰκεῖται, τὴν δ' ἐρήμην φασὶν εἶναι: ἐν καὶ τὸν Διομήδη μυθεύουσιν ἀφανισθῆναί τινες καὶ τοὺς ἑταίρους ἀπορνιθωθῆναι, καὶ δὴ καὶ νῦν διαμένειν ἡμέρους καὶ βίον τινὰ ζῆν ἀνθρώπινον τάξει τε διαίτης καὶ τῇ πρὸς ἀνθρώπους ἡμερότητι τοὺς ἐπιεικεῖς, ἀπὸ δὲ τῶν κακούργων καὶ μιαρῶν φυγῇ. εἴρηται δὲ καὶ τὰ παρὰ τοῖς Ἑνετοῖς διατεθρυλημένα περὶ τοῦ ἥρωος τούτου καὶ αἱ νομισθεῖσαι τιμαί. δοκεῖ δὲ καὶ Σιποῦς Διομήδους εἶναι κτίσμα διέχων τῆς Σαλαπίας ὅσον τετταράκοντα καὶ ἑκατὸν σταδίους, καὶ ὠνομάζετό γε Σηπιοῦς Ἑλληνικῶς ἀπὸ τῶν ἐκκυματιζομένων σηπιῶν. μεταξὺ δὲ τῆς Σαλαπίας καὶ τοῦ Σιποῦντος ποταμός τε πλωτὸς καὶ στομαλίμνη μεγάλη: δι' ἀμφοῖν δὲ τὰ ἐκ Σιποῦντος κατάγεται καὶ μάλιστα σῖτος. δείκνυται δὲ τῆς Δαυνίας περὶ λόφον ὄνομα Δρίον ἡρῷα, τὸ μὲν Κάλχαντος ἐπ' ἄκρᾳ τῇ κορυφῇ ̔ἐναγίζουσι δ' αὐτῷ μέλανα κριὸν οἱ μαντευόμενοι, ἐγκοιμώμενοι ἐν τῷ δέρματἰ, τὸ δὲ Ποδαλειρίου κάτω πρὸς τῇ ῥίζῃ διέχον τῆς θαλάττης ὅσον σταδίους ἑκατόν: ῥεῖ δ' ἐξ αὐτοῦ ποτάμιον πάνακες πρὸς τὰς τῶν θρεμμάτων νόσους. πρόκειται δὲ τοῦ κόλπου τούτου πελάγιον ἀκρωτήριον ἐπὶ τριακοσίους ἀνατεῖνον σταδίους πρὸς τὰς ἀνατολὰς τὸ Γάργανον, κάμπτοντι δὲ τὴν ἄκραν πολισμάτιον Οὔριον καὶ πρὸ τῆς ἄκρας αἱ Διομήδειαι νῆσοι. ἔστι δὲ πᾶσα χώρα αὕτη πάμφορός τε καὶ πολυφόρος, ἵπποις δὲ καὶ προβάτοις ἀρίστη: δ' ἐρέα μαλακωτέρα μὲν τῆς Ταραντίνης ἐστί, λαμπρὰ δὲ ἧττον. δὲ χώρα εὐδινὴ διὰ τὴν κοιλότητα τῶν πεδίων. οἱ δὲ καὶ διώρυγα τεμεῖν ἐπιχειρῆσαί φασι τὸν Διομήδη μέχρι τῆς θαλάττης, καταλιπεῖν δ' ἡμιτελῆ καὶ ταύτην καὶ τὰς ἄλλας πράξεις μετάπεμπτον οἴκαδε γενόμενον, κἀκεῖ καταστρέψαι τὸν βίον. εἷς μὲν οὗτος λόγος περὶ αὐτοῦ, δεύτερος δ' ὡς αὐτόθι μείνειε μέχρι καταστροφῆς τοῦ βίου, τρίτος δ' μυθώδης ὃν προεῖπον τὸν ἐν τῇ νήσῳ λέγων ἀφανισμόν, τέταρτον δὲ θείη τις ἂν τὸν τῶν Ἑνετῶν: καὶ γὰρ ἐκεῖνοι παρὰ σφίσι πως τὴν καταστροφὴν αὐτοῦ μυθεύουσιν, ἣν ἀποθέωσιν καλοῦσι. [6,3,9] De Barium au fleuve Aufidus, sur lequel est situé l'emporium ou marché des Canusites, on compte 400 stades, à quoi il faut ajouter 6 stades pour remonter jusqu'à l'emporium même. Tout à côté est Salapia, qui est comme le port d'Argyrippe. Sans être, en effet, fort éloignées de la mer, Canusium et Argyrippe sont situées dans la plaine même : après avoir été jadis, à en juger par le développement de leur enceinte, les deux plus grandes villes d'origine grecque qu'il y eût en Italie, elles se trouvent aujourd'hui singulièrement déchues de ce qu'elles étaient. La seconde, qui, avant de porter ce nom d'Argyrippe, s'était appelée Argos Hippium, porte actuellement le nom d'Arpi. L'une et l'autre du reste passent pour avoir été fondées par Diomède, dont la domination sur toute cette contrée est attestée et par le nom même de la plaine {dite Campus Diomedis} et par maint autre indice ou vestige, notamment par ces vénérables offrandes qu'on voit encore suspendues dans le temple de Minerve à Lucérie, autre ville de l'antique Daunie, fort déchue également. Il y a, en outre, à peu de distance de la côte deux îles connues sous le nom d'îles de Diomède. L'une d'elles est sûrement habitée; quant à l'autre, on la dit déserte. C'est dans cette même île que la fable a placé la disparition mystérieuse de Diomède et la métamorphose de ses compagnons en oiseaux reconnaissables, dit-on, aujourd'hui encore, à leur extrême douceur et à de certaines habitudes qui rappellent tout à fait celles de la vie humaine, à un certain instinct, notamment, qui les fait s'apprivoiser avec les bons et les éloigne au contraire des méchants et des impies. Nous avons mentionné ci-dessus les traditions qui ont cours chez les Hénètes relativement au même héros et les honneurs que ce peuple continue à lui rendre. Ajoutons que Siponte, ville distante de Salapia de 140 stades environ, et que les Grecs avaient nommée d'abord Sepiûs à cause de la quantité de sèches (g-sehpiohn) que la mer vomit sur cette plage, paraît avoir été fondée aussi par Diomède. Entre ces deux villes de Salapia et de Siponte se trouvent une rivière navigable et une grande lagune, qui servent l'une et l'autre au transport des denrées venant de Siponte, du blé surtout. On remarque en outre près d'une montagne de la Daunie, appelée le Drium, deux hérôon consacrés l'un à Calchas et l'autre à Podalire : le premier est situé tout au haut de la montagne, et l'usage, quand on vient y consulter l'oracle, est d'immoler un bélier noir et de s'envelopper, pour dormir, dans la peau de la victime; l'autre au contraire est situé tout au bas, au pied même de la montagne et à 100 stades environ de la mer : un ruisseau s'en échappe, dont les eaux sont souveraines pour guérir les différentes maladies des bestiaux. En avant du golfe que forme ici la côte, on voit s'étendre à une distance de 300 stades en mer et dans la direction du levant le promontoire Garganum : qu'on double ensuite ce promontoire et l'on rencontre immédiatement après la petite ville d'Urium. Le cap Garganum est juste en face des îles de Diomède. Le pays que nous venons de parcourir produit de tout et en très grande quantité. Il est, en outre, éminemment favorable à l'élève des chevaux et des moutons; les laines qu'on en exporte ont moins de lustre peut-être, mais assurément plus de moëlleux que les laines de Tarente. Il faut dire que toutes les vallées y sont si profondément encaissées qu'elles se trouvent à l'abri des intempéries de l'air. Certains auteurs ajoutent au sujet de Diomède qu'il avait commencé à creuser ici un canal allant jusqu'à la mer, mais qu'ayant été rappelé dans sa patrie il y fut surpris par la mort et laissa ce travail et mainte autre entreprise utile inachevés. C'est là une première version sur sa mort ; une autre le fait rester jusqu'au bout et mourir en Daunie; une troisième, purement fabuleuse, et que j'ai déjà eu occasion de rappeler, parle de sa disparition mystérieuse dans l'une des îles qui portent son nom; enfin, l'on peut regarder comme une quatrième version cette prétention des Hénètes de placer dans leur pays sinon la mort, du moins l'apothéose du héros.


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Dernière mise à jour : 7/12/2005