| [6,1,1] Μετὰ δὲ τὸ στόμα τοῦ Σιλάριδος Λευκανία καὶ τὸ τῆς Ἥρας ἱερὸν τῆς Ἀργῴας, 
Ἰάσονος ἵδρυμα, καὶ πλησίον ἐν πεντήκοντα σταδίοις ἡ Ποσειδωνία. Συβαρῖται 
μὲν οὖν ἐπὶ θαλάττῃ τεῖχος ἔθεντο, οἱ δ' οἰκισθέντες ἀνωτέρω μετέστησαν, 
ὕστερον δὲ Λευκανοὶ μὲν ἐκείνους, Ῥωμαῖοι δὲ Λευκανοὺς ἀφείλοντο τὴν πόλιν. 
ποιεῖ δ' αὐτὴν ἐπίνοσον ποταμὸς πλησίον εἰς ἕλη ἀναχεόμενος. ἐντεῦθεν δ' 
ἐκπλέοντι τὸν κόλπον νῆσος Λευκωσία, μικρὸν ἔχουσα πρὸς τὴν ἤπειρον 
διάπλουν, ἐπώνυμος μιᾶς τῶν Σειρήνων, ἐκπεσούσης δεῦρο μετὰ τὴν 
μυθευομένην ῥῖψιν αὐτῶν εἰς τὸν βυθόν. τῆς δὲ νήσου πρόκειται τὸ 
ἀντακρωτήριον ταῖς Σειρηνούσσαις ποιοῦν τὸν Ποσειδωνιάτην κόλπον. 
κάμψαντι δ' ἄλλος συνεχὴς κόλπος, ἐν ᾧ πόλις ἣν οἱ μὲν κτίσαντες Φωκαιεῖς 
Ὑέλην οἱ δὲ Ἔλην ἀπὸ κρήνης τινὸς οἱ δὲ νῦν Ἐλέαν ὀνομάζουσιν, ἐξ ἧς 
Παρμενίδης καὶ Ζήνων ἐγένοντο ἄνδρες Πυθαγόρειοι. δοκεῖ δέ μοι καὶ δι' 
ἐκείνους καὶ ἔτι πρότερον εὐνομηθῆναι: διὸ καὶ πρὸς Λευκανοὺς ἀντέσχον καὶ 
πρὸς Ποσειδωνιάτας καὶ κρείττους ἀπῄεσαν καίπερ ἐνδεέστεροι καὶ χώρᾳ καὶ 
πλήθει σωμάτων ὄντες. ἀναγκάζονται γοῦν διὰ τὴν λυπρότητα τῆς γῆς τὰ 
πολλὰ θαλαττουργεῖν καὶ ταριχείας συνίστασθαι καὶ ἄλλας τοιαύτας ἐργασίας. 
φησὶ δ' Ἀντίοχος Φωκαίας ἁλούσης ὑφ' Ἁρπάγου τοῦ Κύρου στρατηγοῦ, τοὺς 
δυναμένους ἐμβάντας εἰς τὰ σκάφη πανοικίους πλεῦσαι πρῶτον εἰς Κύρνον καὶ 
Μασσαλίαν μετὰ Κρεοντιάδου, ἀποκρουσθέντας δὲ τὴν Ἐλέαν κτίσαι: διέχει δὲ 
τῆς Ποσειδωνίας ὅσον διακοσίους σταδίους ἡ πόλις. μετὰ δὲ ταύτην ἀκρωτήριον 
Παλίνουρος. πρὸ δὲ τῆς Ἐλεάτιδος αἱ Οἰνωτρίδες νῆσοι δύο ὑφόρμους ἔχουσαι. 
μετὰ δὲ Παλίνουρον Πυξοῦς ἄκρα καὶ λιμὴν καὶ ποταμός: ἓν γὰρ τῶν τριῶν 
ὄνομα: ᾤκισε δὲ Μίκυθος ὁ Μεσσήνης ἄρχων τῆς ἐν Σικελίᾳ, πάλιν δ' ἀπῆραν οἱ 
ἱδρυθέντες πλὴν ὀλίγων. μετὰ δὲ Πυξοῦντα Λᾶος κόλπος καὶ ποταμὸς καὶ πόλις, 
ἐσχάτη τῶν Λευκανίδων, μικρὸν ὑπὲρ τῆς θαλάττης, ἄποικος Συβαριτῶν, εἰς ἣν 
ἀπὸ Ἔλης στάδιοι τετρακόσιοι: ὁ δὲ πᾶς τῆς Λευκανίας παράπλους ἑξακοσίων 
πεντήκοντα. πλησίον δὲ τὸ τοῦ Δράκοντος ἡρῷον ἑνὸς τῶν Ὀδυσσέως ἑταίρων, 
ἐφ' οὗ ὁ χρησμὸς τοῖς Ἰταλιώταις ἐγένετο 
Λάιον ἀμφὶ Δράκοντα πολύν ποτε λαὸν ὀλεῖσθαι.
ἐπὶ γὰρ ταύτην Λᾶον στρατεύσαντες οἱ κατὰ τὴν Ἰταλίαν Ἕλληνες ὑπὸ 
Λευκανῶν ἠτύχησαν ἐξαπατηθέντες τῷ χρησμῷ. 
 | [6,1,1] CHAPITRE PREMIER.
Passé l'embouchure du Silaris, nous entrons en Lucanie : 
là se succèdent {le long de la côte} le temple de Junon Argienne 
fondé, dit-on, par Jason, et un peu plus loin , à une 
cinquantaine de stades, la ville de Posidonie. {Simple forteresse 
à l'origine, bâtie par les Sybarites sur le rivage 
même de la mer, Posidonie se vit plus tard déplacer par ses 
propres habitants et reporter un peu au-dessus de la côte; 
puis, les Lucaniens l'enlevèrent aux Sybarites, et les Romains 
aux Lucaniens. Tout près de là un fleuve vient se 
perdre dans des marécages, ce qui rend le séjour de la ville 
très malsain.} Hors du golfe {Posidoniate}, en pleine mer, 
bien qu'à une faible distance encore du continent, est l'île de
Leucosie, ainsi nommée parce que la sirène Leucosie, après 
s'être, comme nous dit la fable, précipitée à la mer avec 
ses compagnes, aurait été par le mouvement des flots rejetée 
sur ses rivages. Juste en face de l'île s'avance le promontoire 
qui, avec la pointe correspondante des Sirénusses, 
forme le golfe Posidoniate. Mais doublons ce promontoire, 
et nous voyons s'ouvrir aussitôt devant nous un second golfe 
au fond duquel s'élève une ville, qui, appelée par les Phocéens, 
ses fondateurs, Hyélé (d'autres disent Elé), du nom 
d'une fontaine du voisinage, {ou, comme on le prétend encore, 
du nom du fleuve Eléès,} s'appelle aujourd'hui Elée. 
Cette ville a vu naître les Pythagoriciens Parménide et Zénon : 
grâce aux travaux de ces deux philosophes, peut-être même 
déjà avant qu'ils n'eussent paru, elle jouissait de lois excellentes, 
et c'est ce qui explique qu'elle ait pu non seulement 
tenir tête aux Lucaniens et aux Posidoniates, mais encore 
sortir victorieuse de la lutte, bien qu'elle fût fort inférieure 
à ses ennemis et par l'étendue de ses possessions et par le 
nombre de ses soldats. N'ayant qu'une terre ingrate à cultiver, 
ses habitants avaient été forcés, en effet, de tourner 
toute leur activité vers la mer, vers les industries maritimes, 
le salage du poisson, par exemple. Antiochus raconte qu'après 
la prise de Phocée par Harpagus, lieutenant de Cyrus, tous 
ceux d'entre les Phocéens qui purent s'embarquer avec leurs 
familles et leurs biens le firent, et, sous la conduite de 
Creontiadès, cinglèrent d'abord vers Cyrnos et vers Massalia; 
mais ils en auraient été repoussés et seraient venus alors 
fonder la colonie d'Elée. Cette ville est à deux cents stades 
environ de Posidonie et précède immédiatement le promontoire 
Palinure. En face de la côte à laquelle elle donne son 
nom sont situées les deux îles OEnotrides, pourvues l'une et 
l'autre d'excellents mouillages. Au delà du cap Palinure, 
on aperçoit la citadelle, le port et la rivière de Pyxûs (le 
même nom s'applique aux trois). C'est Micythus , tyran
de Messène en Sicile, qui envoya la première colonie en 
ce lieu; mais à peine l'établissement était-il formé, que les 
colons, à l'exception d'un petit nombre, remirent à la voile. 
A la sute de Pyxûs nous rencontrons le golfe de Laüs, avec 
un fleuve et une ville de même nom. Cette ville, la dernière 
de la Lucanie, est une colonie de Sybaris, elle est bâtie un 
peu au-dessus de la côte. D'Elée à Laüs on compte 400 stades; 
on en compte 650 pour l'étendue totale de la côte de 
Lucanie. Près de là est l'hérôon de Dracon, l'un des compagnons 
d'Ulysse. Il en est question dans un ancien oracle 
adressé aux populations de cette partie de l'Italie :
« Un jour Dracon de LAOS verra périr tout LAOS. »
Trompés par cet oracle, les Grecs, voisins de Laüs, tentèrent 
contre cette ville une attaque malheureuse et se firent 
écraser par les Lucaniens.
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