[5,1,4] Ἔστι δὲ πεδίον σφόδρα εὔδαιμον καὶ γεωλοφίαις εὐκάρποις
πεποικιλμένον. Διαιρεῖ δ´ αὐτὸ μέσον πως ὁ Πάδος, καὶ καλεῖται τὸ μὲν ἐντὸς
τοῦ Πάδου τὸ δὲ πέραν· ἐντὸς μὲν ὅσον ἐστὶ πρὸς τοῖς Ἀπεννίνοις ὄρεσι καὶ τῇ
Λιγυστικῇ, πέραν δὲ τὸ λοιπόν. Οἰκεῖται δὲ τὸ μὲν ὑπὸ τῶν Λιγυστικῶν ἐθνῶν
καὶ τῶν Κελτικῶν, τῶν μὲν ἐν τοῖς ὄρεσιν οἰκούντων τῶν δ´ ἐν τοῖς πεδίοις, τὸ
δ´ ὑπὸ τῶν Κελτῶν καὶ Ἑνετῶν. Οἱ μὲν οὖν Κελτοὶ τοῖς ὑπεραλπείοις ὁμοεθνεῖς
εἰσι, περὶ δὲ τῶν Ἑνετῶν διττός ἐστι λόγος. Οἱ μὲν γὰρ καὶ αὐτούς φα σιν εἶναι
Κελτῶν ἀποίκους τῶν ὁμωνύμων παρωκεανιτῶν, οἱ δ´ ἐκ τοῦ Τρωικοῦ πολέμου
μετ´ Ἀντήνορος σωθῆναι δεῦρό φασι τῶν ἐκ τῆς Παφλαγονίας Ἑνετῶν τινάς·
μαρτύριον δὲ τούτου προφέρονται τὴν περὶ τὰς ἱπποτροφίας ἐπιμέλειαν, ἣ νῦν
μὲν τελέως ἐκλέλοιπε, πρότερον δ´ ἐτιμᾶτο παρ´ αὐτοῖς ἀπὸ τοῦ παλαιοῦ
ζήλου τοῦ κατὰ τὰς ἡμιονίτιδας ἵππους. Τούτου δὲ καὶ Ὅμηρος μέμνηται·
Ἐξ Ἑνετῶν, ὅθεν ἡμιόνων γένος ἀγροτεράων.
Καὶ Διονύσιος, ὁ τῆς Σικελίας τύραννος, ἐντεῦθεν τὸ ἱπποτροφεῖον
συνεστήσατο τῶν ἀθλη τῶν ἵππων, ὥστε καὶ ὄνομα ἐν τοῖς Ἕλλησι γενέσθαι
τῆς Ἑνετικῆς πωλείας καὶ πολὺν χρόνον εὐδοκιμῆσαι τὸ γένος.
| [5,1,4] Cette région forme une plaine extrêmement riche, parsemée de collines
riantes et fertiles, qui en varient l'aspect; le Padus la coupe à peu près par
le milieu et la divise en deux partis, la Cispadane et la Transpadane : sous
le nom de Cispadane on comprend ce qui avoisine l'Apennin et la
Ligystique; on désigne le reste sous le nom de Transpadane. De ces deux
parties, la première est habitée par des Ligyens et par des Celtes; l'autre a
pour population un mélange de Celtes et d'Hénètes. Ces peuples celtes
appartiennent à la même race que ceux qui habitent la Transalpine ; mais
il existe deux traditions différentes sur l'origine des Hénètes. Certains
auteurs voient en eux une colonie de cette nation celtique des bords de
l'Océan qui porte aussi le nom d'Hénètes; suivant d'autres, une bande
d'Henètes-Paphlagoniens serait venue, après la prise de Troie, et sous les
auspices d'Anténor, chercher un refuge jusqu'ici. On cite même comme
preuve à l'appui de cette opinion le goût des habitants du pays pour l'élève
des chevaux. Aujourd'hui, à vrai dire, cette industrie n'existe plus dans le
pays, mais elle y est restée fort longtemps en honneur, comme un
souvenir apparemment des soins que donnaient à leurs cavales
mulassières ces anciens Paphlagoniens dont parle Homère, ces
Paphlagoniens-Hénètes « venus du pays qui le premier vit naître la
farouche hémione ». Ajoutons que Denys, le tyran de Sicile, avait recruté
son fameux haras de chevaux de course dans les pâturages mêmes de la
Transpadane, de sorte que les chevaux hénètes acquirent une renommée
brillante jusqu'en Grèce et que la supériorité de leur race y fut pendant
longtemps proclamée.
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