[5,4,9] Τοῦ μὲν οὖν Μισηνοῦ πρόκειται νῆσος ἡ Προχύτη, Πιθηκουσσῶν δ´
ἔστιν ἀπόσπασμα. Πιθηκούσσας δ´ Ἐρετριεῖς ᾤκισαν καὶ Χαλκιδεῖς,
εὐτυχήσαντες {δὲ} δι´ εὐκαρπίαν καὶ διὰ τὰ χρυσεῖα ἐξέλιπον τὴν νῆσον κατὰ
στάσιν, ὕστερον δὲ καὶ ὑπὸ σεισμῶν ἐξελαθέντες καὶ ἀναφυσημάτων πυρὸς
καὶ θαλάττης καὶ θερμῶν ὑδάτων· ἔχει γὰρ τοιαύτας ἀποφορὰς ἡ νῆσος, ὑφ´
ὧν καὶ οἱ πεμφθέντες παρὰ Ἱέρωνος τοῦ τυράννου τῶν Συρακοσίων ἐξέλιπον
τὸ κατασκευασθὲν ὑφ´ ἑαυτῶν τεῖχος καὶ τὴν νῆσον· ἐπελθόντες δὲ
Νεαπολῖται κατέσχον. Ἐντεῦθεν καὶ ὁ μῦθος ὅτι φασὶ τὸν Τυφῶνα ὑποκεῖσθαι
τῇ νήσῳ ταύτῃ, στρεφομένου δὲ τὰς φλόγας ἀναφυσᾶσθαι καὶ τὰ ὕδατα, ἔστι
δ´ ὅτε καὶ νησῖδας ἐχούσας ζέον ὕδωρ. Πιθανώτερον δὲ Πίνδαρος εἴρηκεν ἐκ
τῶν φαινομένων ὁρμηθείς, ὅτι πᾶς ὁ πόρος οὗτος ἀπὸ τῆς Κυμαίας ἀρξάμενος
μέχρι τῆς Σικελίας διάπυρός ἐστι καὶ κατὰ βάθους ἔχει κοιλίας τινὰς εἰς ἓν
συναπτούσας πρός τε ἀλλήλας καὶ πρὸς τὴν ἤπειρον. Διόπερ ἥ τε Αἴτνη
τοιαύτην ἔχειν δείκνυται φύσιν οἵαν ἱστοροῦσιν ἅπαντες, καὶ αἱ τῶν
Λιπαραίων νῆσοι καὶ τὰ περὶ τὴν Δικαιάρχειαν καὶ Νεάπολιν καὶ Βαίας χωρία
καὶ αἱ Πιθηκοῦσσαι. Ταῦτ´ οὖν διανοηθεὶς τῷ παντὶ τόπῳ τούτῳ φησὶν
ὑποκεῖσθαι τὸν Τυφῶνα·
Νῦν γε μὰν
ταί θ´ ὑπὲρ Κύμας ἁλιερκέες ὄχθαι
Σικελία τ´ αὐτοῦ πιέζει στέρνα λαχνάεντα.
Καὶ Τίμαιος δὲ περὶ τῶν Πιθηκουσσῶν φησιν ὑπὸ τῶν πα λαιῶν πολλὰ
παραδοξολογεῖσθαι, μικρὸν δὲ πρὸ ἑαυτοῦ τὸν Ἐπωπέα λόφον ἐν μέσῃ τῇ
νήσῳ τιναγέντα ὑπὸ σεισμῶν ἀναβαλεῖν πῦρ καὶ τὸ μεταξὺ αὐτοῦ καὶ τῆς
θαλάττης ἐξῶσαι ἐπὶ τὸ πέλαγος, τὸ δ´ ἐκτεφρω θὲν τῆς γῆς μετεωρισμὸν
λαβὸν κατασκῆψαι πάλιν τυφωνοειδῶς εἰς τὴν νῆσον, καὶ ἐπὶ τρεῖς τὴν
θάλατταν ἀναχωρῆσαι σταδίους, ἀναχωρήσασαν δὲ μετ´ οὐ πολὺ ὑποστρέψαι
καὶ τῇ παλιρροίᾳ κατακλύσαι τὴν νῆσον, καὶ γενέσθαι σβέσιν τοῦ ἐν αὐτῇ
πυρός· ἀπὸ δὲ τοῦ ἤχου τοὺς ἐν τῇ ἠπείρῳ φυγεῖν ἐκ τῆς παραλίας εἰς τὴν
{ἄνω} Καμπανίαν. Δοκεῖ δὲ τὰ θερμὰ ὕδατα ἐνταῦθα θεραπεύειν τοὺς
λιθιῶντας. Αἱ δὲ Καπρέαι δύο πολίχνας εἶχον τὸ παλαιόν, ὕστερον δὲ μίαν.
Νεαπολῖται δὲ καὶ ταύτην κατέσχον, πολέμῳ δὲ ἀποβαλόντες τὰς
Πιθηκούσσας ἀπέλαβον πάλιν, δόντος αὐτοῖς Καίσαρος τοῦ Σεβαστοῦ, τὰς δὲ
Καπρέας ἴδιον ποιησαμένου κτῆμα καὶ κατοικοδομήσαντος. Αἱ μὲν οὖν
παράλιοι πόλεις τῶν Καμπανῶν καὶ αἱ προκείμεναι νῆσοι τοιαῦται.
| [5,4,9] Juste en face du promontoire Misène s'étend l'île de Prochyté, qui n'est
à proprement parler qu'un fragment détaché de l''île de Pithécusses. Celle-ci
fut colonisée anciennement par les Erétriens et les Chalcidéens, mais
cette première colonie, malgré les avantages qu'elle retirait d'un sol aussi
fertile et de mines d'or aussi riches, ne put se maintenir dans l'île, une
partie ayant été chassée par des discordes civiles, et le reste par des
tremblements de terre et des éruptions de feu, d'eau salée et d'eau
bouillante. L'île de Pithécusses est, en effet, sujette à ces sortes
d'éruptions, tellement même qu'une seconde colonie envoyée de Syracuse
par le tyran Hiéron dut encore pour ce motif, non seulement abandonner la
ville qu'elle s'était bâtie dans l'île, mais évacuer entièrement cette dernière,
ce qui n'empêcha pas, disons-le, les Néapolites d'y passer à leur tour et
d'en prendre définitivement possession. La fable qui nous montre Typhon
couché sous l'île de Pithécusses et faisant, à chaque mouvement de sou
corps pour se retourner, jaillir des colonnes de feu et d'eau et jusqu'à de
petites îles où l'on voit bouillir soi-disant l'eau des sources, cette fable ne
paraît pas avoir d'autre origine. Elle se retrouve chez Pindare, mais
présentée alors sous un jour plus vraisemblable, parce que le poète part
de données exactes sur le phénomène lui-même. Pindare savait
apparemment que les profondeurs de la mer, dans tout l'intervalle qui
sépare la côte de Cume des rivages de la Sicile, recèlent des foyers
volcaniques en communication les uns avec les autres, en communication
aussi avec le continent (ce qui explique {pour le dire en passant} tout ce
qui a été publié sur la nature des éruptions de l'Etna, et comme il se fait
qu'on ait observé des phénomènes analogues tant aux îles Lipariennes
qu'aux environs de Dicéarchie, de Neapolis, de Baies et dans l'île de
Pithécusses), et, pour rappeler cet état de choses, il aura supposé que le
corps du géant occupait au fond de l'abîme tout l'espace compris entre
Cume et la Sicile:
« Maintenant, dit-il, un poids énorme, la Sicile tout entière et ce rempart de
rochers qui borde la mer au-dessus de « Cume, oppresse sa poitrine velue. »
Timée, lui, est persuadé que les anciens ont singulièrement exagéré les
faits en ce qui concerne Pithécusses; toutefois lui-même nous raconte que
peu de temps avant sa naissance, l'Epopeus, colline située alors juste
au centre de l'île, vomit du feu, à la suite de violentes secousses de
tremblement de terre, et poussa jusque dans la mer tout le terrain qui la
séparait du rivage; qu'une partie des terres convertie en un monceau de
cendres fut soulevée en l'air, puis retomba sur l'île en forme de typhon ou
de tourbillon, ce qui fit reculer la mer de trois stades; mais qu'après s'être
ainsi retirée la mer ne tarda pas à revenir, et que, dans ce retour subit, elle
inonda l'île entière et éteignit le volcan, le tout avec un tel fracas que, sur
le continent, les populations épouvantées s'enfuirent depuis la côte
jusqu'au fond de la Campanie. Les eaux chaudes de Pithécusses passent
pour guérir de la pierre. Quant à l'île de Caprées, elle comptait
anciennement deux villes: avec le temps une seule a subsisté. Les
Néapolites avaient également pris possession de cette île; mais César-
Auguste s'étant réservé la propriété de Caprées et y ayant fait faire de
grandes constructions à son usage, leur rendit en échange l'île de
Pithécusses, qu'une guerre leur avait enlevée. - Telles sont les villes de la
côte de Campanie et les îles qui la bordent.
|