[5,4,6] Ὁ δὲ Λοκρῖνος κόλπος πλατύνεται μέχρι Βαιῶν, χώματι εἰργόμενος ἀπὸ
τῆς ἔξω θαλάττης ὀκτασταδίῳ τὸ μῆκος, πλάτος δὲ ἁμαξιτοῦ πλατείας, ὅ
φασιν Ἡρακλέα διαχῶσαι τὰς βοῦς ἐλαύνοντα τὰς Γηρυόνου· δε χόμενον δ´
ἐπιπολῆς τὸ κῦμα τοῖς χειμῶσιν ὥστε μὴ πεζεύεσθαι ῥᾳδίως Ἀγρίππας
ἐπεσκεύασεν. Εἴσπλουν δ´ ἔχει πλοίοις ἐλαφροῖς, ἐνορμίσασθαι μὲν ἄχρηστος,
τῶν ὀστρέων δὲ θήραν ἔχων ἀφθονωτάτην. Ἔνιοι δὲ τοῦτον αὐτὸν τὴν λίμνην
εἶναι τὴν Ἀχερουσίαν φασίν, Ἀρτεμίδωρος δὲ αὐτὸν τὸν Ἄορνον. Τὰς δὲ Βαίας
ἐπωνύμους εἶναι λέγουσι Βαίου τῶν Ὀδυσσέως ἑταίρων τινός. Ἑξῆς δ´ εἰσὶν αἱ
περὶ Δικαιάρχειαν ἀκταὶ καὶ αὐτὴ ἡ πόλις. Ἦν δὲ πρότερον μὲν ἐπίνειον
Κυμαίων ἐπ´ ὀφρύος ἱδρυμένον, κατὰ δὲ τὴν Ἀννίβα στρατείαν συνῴκισαν
Ῥωμαῖοι καὶ μετωνόμασαν Ποτιόλους ἀπὸ τῶν φρεάτων· οἱ δ´ ἀπὸ τῆς
δυσωδίας τῶν ὑδάτων, ἅπαν τὸ χωρίον ἐκεῖ μέχρι Βαιῶν καὶ τῆς Κυμαίας θείου
πλῆρές ἐστι καὶ πυρὸς καὶ θερμῶν ὑδάτων. Τινὲς δὲ καὶ Φλέγραν διὰ τοῦτο τὴν
Κυμαίαν νομίζουσι κληθῆναι, καὶ τῶν πεπτωκότων Γιγάντων τὰ κεραύνια
τραύματα ἀναφέρειν τὰς τοιαύτας προχοὰς τοῦ πυρὸς καὶ τοῦ ὕδατος. Ἡ δὲ
πόλις ἐμπόριον γεγένηται μέγιστον, χειροποιήτους ἔχουσα ὅρμους διὰ τὴν
εὐφυΐαν τῆς ἄμμου· σύμμετρος γάρ ἐστι τῇ τιτάνῳ καὶ κόλλησιν ἰσχυρὰν καὶ
πῆξιν λαμβάνει. Διόπερ τῇ χάλικι κα ταμίξαντες τὴν ἀμμοκονίαν
προβάλλουσι χώματα εἰς τὴν θάλατταν, καὶ κολποῦσι τὰς ἀναπεπταμένας
ᾐόνας ὥστ´ ἀσφαλῶς ἐνορμίζεσθαι τὰς μεγίστας ὁλκάδας. Ὑπέρκειται δὲ τῆς
πόλεως εὐθὺς ἡ τοῦ Ἡφαίστου ἀγορά, πεδίον περικεκλειμένον διαπύροις
ὀφρύσι, κα μινώδεις ἐχούσαις ἀναπνοὰς πολλαχοῦ καὶ βρωμώδεις ἱκανῶς· τὸ
δὲ πεδίον θείου πλῆρές ἐστι συρτοῦ.
| [5,4,6] Le golfe Lucrin, qui, dans le sens de sa largeur, s'étend jusqu'à Baies,
est séparé lui-même par une digue de la mer extérieure. Cette digue est
longue de huit stades et a la largeur d'un chariot de grande voie; suivant la
tradition, elle aurait été élevée par Hercule, {comme il revenait d'Ibérie}
ramenant avec lui les troupeaux de Géryon. Agrippa en a fait récemment
exhausser la plate-forme, car, pour peu que la mer fût grosse, elle était
toujours balayée par la vague, ce qui rendait le passage de la digue
difficile aux piétons. Les embarcations légères ont accès dans le Lucrin : à
vrai dire, ce golfe ne saurait servir de mouillage ni d'abri, mais la pêche
des huîtres n'est nulle part aussi abondante. Quelques auteurs ont
confondu le Lucrin avec le lac Achérusien; Artémidore, lui, le confond avec
l'Averne. Ajoutons, au sujet de Baïes, qu'on dérive son nom de celui de
Baïus, l'un des compagnons d'Ulysse, comme on dérive du nom {de
Misenus} celui du cap Misène. - Suit la côte escarpée de Dicæarchie , et
Dicæarchie elle-même : bâtie sur un mamelon au bord de la mer, cette
ville ne fut d'abord que l'arsenal maritime de Cume, mais, ayant reçu, à
l'époque de l'expédition d'Annibal en Italie, une colonie romaine, elle vit
changer son nom en celui de Puteoli, soit à cause des puits (putei),
qui abondent dans les environs, soit, comme certains auteurs le pensent, à
cause de la puanteur des eaux, tout le pays jusqu'à Baïes et au territoire
de Cume étant rempli de soufrières, de fumaroles et de sources thermales.
La même circonstance, suivant quelques géographes, aurait fait donner le
nom de Phlegra à toute la campagne de Cume, et il faudrait reconnaître
dans ce que nous dit la fable des blessures faites aux Géants par la foudre
l'effet pur et simple de ces éruptions volcaniques d'eau et de feu. Avec le
temps, l'ancienne Dicæarchie est devenue un emporium considérable, ce
qu'elle doit aux vastes bassins qu'une précieuse propriété du sable de
cette côte a permis d'y construire : uni, en effet, à de la chaux en
proportion convenable, ce sable acquiert une consistance, une dureté
incroyable, et l'on n'a qu'à mêler du caillou à ce ciment de chaux et de
sable, pour pouvoir bâtir des jetées aussi avant qu'on veut dans la mer et
créer ainsi sur des côtes toutes droites des sinuosités ou enfoncements
qui deviennent autant d'abris sûrs ouverts aux plus grands navires du
commerce. - Juste au-dessus de la ville s'élève un plateau connu sous le
nom de Forum Vulcani et entouré de toutes parts de collines volcaniques,
d'où se dégagent, par de nombreux soupiraux, d'épaisses vapeurs
extrêmement fétides : de plus, toute la surface de ce plateau est
couverte de soufre en poudre, sublimé apparemment par l'action de ces
feux souterrains.
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