HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre V

Chapitre 3

  par. 2

[5,3,2] Ἑξῆς δ´ Λατίνη κεῖται, ἐν καὶ τῶν Ῥωμαίων πόλις, πολλὰς συνειληφυῖα καὶ τῆς μὴ Λατίνης πρότερον. Αἶκοι γὰρ καὶ Ὀυόλσκοι καὶ Ἕρνικοι Ἀβοριγῖνές τε οἱ περὶ αὐτὴν τὴν Ῥώμην καὶ Ῥούτουλοι οἱ τὴν ἀρχαίαν Ἀρδέαν ἔχοντες καὶ ἄλλα συστήματα μείζω καὶ ἐλάττω τὰ περιοικοῦντα τοὺς τότε Ῥωμαίους ὑπῆρξαν, ἡνίκα πρῶτον ἔκτιστο πόλις· ὧν ἔνια κατὰ κώμας αὐτονομεῖσθαι συνέβαινεν ὑπ´ οὐδενὶ κοινῷ φύλῳ τεταγμένα. Φασὶ δὲ Αἰνείαν μετὰ τοῦ πατρὸς Ἀγχίσου καὶ τοῦ παιδὸς Ἀσκανίου κατάραντας εἰς Λαυρεντὸν τῆς πλησίον τῶν Ὠστίων καὶ τοῦ Τιβέρεως ᾐόνος, μικρὸν ὑπὲρ τῆς θαλάττης, ὅσον ἐν τέτταρσι καὶ εἴκοσι σταδίοις, κτίσαι πόλιν. Ἐπελθόντα δὲ Λατῖνον τὸν τῶν Ἀβοριγίνων βασιλέα, τῶν οἰκούντων τὸν τόπον τοῦτον, ὅπου νῦν Ῥώμη ἐστί, συμμάχοις χρήσασθαι τοῖς περὶ τὸν Αἰνείαν ἐπὶ τοὺς γειτονεύοντας Ῥουτούλους τοὺς Ἀρδέαν κατέχοντας (στάδιοι δ´ εἰσὶν ἀπὸ τῆς Ἀρδέας εἰς τὴν Ῥώμην ἑκατὸν ἑξήκοντα), νικήσαντα δ´ ἀπὸ τῆς θυγατρὸς Λαουινίας ἐπώνυμον κτίσαι πλησίον πόλιν. Πάλιν δὲ τῶν Ῥουτούλων συμβαλόντων εἰς μάχην, τὸν μὲν Λατῖνον πεσεῖν, τὸν δὲ Αἰνείαν νικήσαντα βασιλεῦσαι καὶ Λατίνους καλέσαι τοὺς ὑφ´ αὑτῷ. Καὶ τούτου δὲ τελευτήσαντος καὶ τοῦ πατρός, τὸν Ἀσκάνιον Ἄλβαν κτίσαι ἐν τῷ Ἀλβανῷ ὄρει, διέχοντι τῆς Ῥώμης τοσοῦτον ὅσον καὶ Ἀρδέα. Ἐνταῦθα Ῥωμαῖοι σὺν τοῖς Λατίνοις Διὶ θύουσιν, ἅπασα συν αρχία ἀθροισθεῖσα· τῇ πόλει δ´ ἐφιστᾶσιν ἄρχοντα πρὸς τὸν τῆς θυσίας χρόνον τῶν γνωρίμων τινὰ νέων. Ὕστερον δὲ τετρακοσίοις ἔτεσιν ἱστορεῖται τὰ περὶ Ἀμόλλιον καὶ τὸν ἀδελφὸν Νουμίτορα, τὰ μὲν μυθώδη τὰ δ´ ἐγγυτέρω πίστεως. Διεδέξαντο μὲν γὰρ τὴν τῆς Ἄλβας ἀρχὴν ἀμφότεροι παρὰ τῶν ἀπογόνων τοῦ Ἀσκανίου, διατείνουσαν μέχρι τοῦ Τιβέρεως· παραγκωνισάμενος δ´ νεώτερος τὸν πρεσβύτερον ἦρχεν Ἀμόλλιος, υἱοῦ δ´ ὄντος καὶ θυγατρὸς τῷ Νουμίτορι, τὸν μὲν ἐν κυνηγίᾳ δολοφονεῖ, τὴν δέ, ἵνα ἄτεκνος διαμείνῃ, τῆς Ἑστίας ἱέρειαν κατέστησε παρθενείας χάριν· καλοῦσι δ´ αὐτὴν Ῥέαν Σιλβίαν. Εἶτα φθορὰν φωράσας, διδύμων αὐτῇ παίδων γενομένων, τὴν μὲν εἷρξεν ἀντὶ τοῦ κτείνειν χαριζόμενος τἀδελφῷ, τοὺς δ´ ἐξέθηκε πρὸς τὸν Τίβεριν κατά τι πάτριον. Μυθεύεται μὲν οὖν ἐξ Ἄρεως γενέσθαι τοὺς παῖδας, ἐκτεθέν τας δ´ ὑπὸ λυκαίνης ὁραθῆναι σκυλακευομένους. Φαυστύλον δέ τινα τῶν περὶ τὸν τόπον συφορβῶν ἀνελόμενον ἐκθρέψαι (δεῖ δ´ ὑπολαβεῖν τῶν δυνατῶν τινα, ὑπηκόων δὲ τῷ Ἀμολλίῳ, λαβόντα ἐκθρέψαι), καλέσαι δὲ τὸν μὲν Ῥωμύλον τὸν δὲ Ῥῶμον. Ἁνδρωθέντας δ´ ἐπιθέσθαι τῷ Ἀμολλίῳ καὶ τοῖς παισί· καταλυθέν των δ´ ἐκείνων καὶ τῆς ἀρχῆς εἰς τὸν Νουμίτορα περιστάσης, ἀπελθόντας οἴκαδε κτίσαι τὴν Ῥώμην ἐν τόποις οὐ πρὸς αἵρεσιν μᾶλλον πρὸς ἀνάγκην ἐπιτηδείοις. Οὔτε γὰρ ἐρυμνὸν τὸ ἔδαφος οὔτε χώραν οἰκείαν ἔχον τὴν πέριξ ὅση πόλει πρόσφορος, ἀλλ´ οὐδ´ ἀνθρώπους τοὺς συνοικήσοντας· οἱ γὰρ ὄντες ᾤκουν καθ´ αὑτούς, συνάπτοντές πως τοῖς τείχεσι τῆς κτιζομένης πόλεως, οὐδὲ τοῖς Ἀλβανοῖς πάνυ προσέχοντες. Κολλατία δ´ ἦν καὶ Ἀντέμναι καὶ Φιδῆναι καὶ Λαβικὸν καὶ ἄλλα τοιαῦτα τότε μὲν πολίχνια, νῦν δὲ κῶμαι, κτήσεις ἰδιωτῶν, ἀπὸ τριάκοντα μικρῷ πλειόνων τῆς Ῥώμης σταδίων. Μεταξὺ γοῦν τοῦ πέμπτου καὶ τοῦ ἕκτου λίθου τῶν τὰ μίλια διασημαινόντων τῆς Ῥώμης καλεῖται τόπος Φῆστοι· τοῦτον δ´ ὅριον ἀποφαίνουσι τῆς τότε Ῥωμαίων γῆς, οἵ θ´ ἱερομνήμονες θυσίαν ἐπιτελοῦσιν ἐνταῦθά τε καὶ ἐν ἄλλοις τόποις πλείοσιν ὡς ὁρίσις αὐθημερόν, ἣν καλοῦσιν Ἀμβαρουίαν. Γενομένης δ´ οὖν στάσεως φασὶ κατὰ τὴν κτίσιν ἀναιρεθῆναι τὸν Ῥῶμον. Μετὰ δὲ τὴν κτίσιν ἀνθρώπους σύγκλυδας Ῥωμύλος ἤθροιζεν, ἀποδείξας ἄσυλόν τι τέμενος μεταξὺ τῆς ἄκρας καὶ τοῦ Καπετωλίου, τοὺς δ´ ἐκεῖ καταφεύγοντας τῶν ἀστυγειτόνων πολίτας ἀποφαίνων. Ἐπιγαμίας δὲ τούτοις οὐ τυγχάνων ἐπηγγείλατο ἕνα ἀγῶνα ἱππικὸν τοῦ Ποσειδῶνος ἱερόν, τὸν καὶ νῦν ἐπιτελούμενον. Συνελθόντων δὲ πολλῶν, πλείστων δὲ Σαβίνων, ἐκέλευσε τὰς παρθένους ἁρπάσαι τὰς ἀφιγμένας τοῖς δεομένοις γάμου· μετιὼν δὲ τὴν ὕβριν Τίτος Τάτιος δι´ ὅπλων βασιλεὺς τῶν Κυριτῶν ἐπὶ κοινωνίᾳ τῆς ἀρχῆς καὶ πολιτείας συνέβη πρὸς τὸν Ῥωμύλον· δολοφονηθέντος δ´ ἐν Λαουινίῳ τοῦ Τατίου, μόνος ἦρξεν ἑκόντων τῶν Κυριτῶν Ῥωμύλος. Μετὰ δὲ τοῦτον διεδέξατο τὴν ἀρχὴν Νουμᾶς Πομπίλιος πολίτης τοῦ Τατίου, παρ´ ἑκόντων λαβὼν τῶν ὑπηκόων. [5,3,2] Le Latium actuel, qui fait suite à la Sabine, comprend, avec la ville de Rome, beaucoup d'autres villes qui ne faisaient point partie de l'ancien Latium. A l'époque, en effet, où Rome fut fondée, il existait déjà dans le pays environnant un certain nombre de peuples formant autant d'États plus ou moins considérables : tels étaient les Aeques, les Volsques, les Herniques et les Aborigènes; voisins immédiats de Rome, les Rutules de l'antique Ardée, d'autres encore et jusqu'à de simples bourgs, dont les populations, entièrement autonomes ou indépendantes, n'appartenaient à aucun corps de nation. {Au sujet de la fondation de Rome} voici ce que marque la tradition. Énée, accompagné d'Anchise, son père, et de son jeune fils Ascagne, aborde à Laurentum dans le voisinage d'Osties et de l'embouchure du Tibre, et, s'avançant dans l'intérieur du pays à une distance de 24 stades environ, y fonde une ville. Survient Latinus : c'était le roi des Aborigènes, peuple alors établi aux lieux mêmes où Rome s'élève aujourd'hui; il obtient le secours d'Énée et de ses compagnons contre les Rutules d'Ardée, ses voisins (la distance entre Rome et Ardée est de 160 stades), remporte la victoire et fonde tout à côté de la ville nouvelle une autre ville à laquelle il donne le nom de sa propre fille, Lavinie Mais les Rutules étant revenus à la charge, un second combat s'engage et Latinus est tué. Énée le venge en battant les Rutules, puis réunissant les sujets de Latinus et les siens sous la dénomination commune de Latins, il règne à la place de son allié. Roi à son tour par la mort de son père et de son aïeul, Ascagne fonde la ville d'Albe sur le mont Albain, montagne située, comme Ardée, à 160 stades de Rome, et sur laquelle les Romains, unis aux Latins, ou du moins l'assemblée générale de leurs magistrats, ont de tout temps offert le sacrifice solennel à Jupiter : durant le sacrifice, un jeune patricien, revêtu momentanément du pouvoir, est préposé à la garde de la ville. A quatre cents ans de là se placent les traditions relatives à Amulius et à son frère Numitor, traditions qui, à côté de fables évidentes, nous offrent des faits plus authentiques. Ainsi, il est constant que ces deux princes avaient hérité en commun des droits des descendants d'Ascagne sur le royaume d'Albe, lequel s'étendait alors jusqu'au Tibre; que le plus jeune, Amulius, après avoir évincé son frère aîné, régna seul, et que, des deux enfants qu'avait Numitor, un fils et une fille, il fit tuer le fils traîtreusement dans une partie de chasse, et voua la fille au culte de Vesta pour s'assurer qu'elle n'aurait jamais d'enfant, car les fonctions de vestale lui imposaient la loi de rester vierge. Il arriva cependant que Rhea Silvia (c'est ainsi qu'on appelle la fille de Numitor) fut séduite et qu'elle ne put cacher son crime à Amulius, ayant mis au monde deux jumeaux. Par égard pour Numitor, Amulius ne l'envoya pas au supplice, il se borna à l'emprisonner, mais fit, suivant la coutume du pays, exposer ses enfants sur les bords du Tibre. Ici la fable ajoute que les deux enfants étaient fils de Mars, que, sur les bords du fleuve où ils étaient exposés, on vit une louve les allaiter comme elle eût fait ses petits, qu'un certain Faustule, l'un des nombreux porchers qui faisaient paître alors leurs troupeaux le long du fleuve, les recueillit, les fit nourrir chez lui, et appela l'un Romulus et l'autre Remus : ce qu'il faut entendre vraisemblablement de quelque seigneur de la cour d'Amulius qui aura recueilli en effet les jeunes princes et les aura fait élever. Quoi qu'il en soit, les deux frères parvenus à l'âge d'homme attaquèrent Amulius et ses fils, les mirent à mort, rétablirent Numitor sur son trône, puis, retournant aux lieux où ils avaient été élevés, y fondèrent Rome. Ce fut pourtant plus par nécessité que par choix qu'ils bâtirent leur ville dans l'emplacement où nous la voyons, car l'assiette du lieu n'était guère forte par elle-même et ses environs n'offraient ni assez de terres disponibles pour former à la ville nouvelle un territoire convenable, ni assez d'habitants pour lui fournir une population suffisante, les voisins de Rome étant dès longtemps habitués à l'isolement et à l'indépendance et devant rester aussi étrangers, aussi indifférents à l'égard de cette ville naissante, dont ils touchaient pourtant en quelque sorte les remparts, qu'ils l'avaient toujours été à l'égard d'Albe. Telles étaient les dispositions de Collatie, d'Antemnae, de Fidènes, de Lavicum et d'autres localités semblables situées toutes dans un rayon de 30 à 40 stades de Rome, guère plus, et qui formaient, non pas comme aujourd'hui de simples bourgades, ou même de simples propriétés particulières, mais autant de petites cités. Il y a effectivement entre la cinquième et la sixième pierre milliaire à partir de Rome un lieu appelé Phesti où l'on, croit que passait alors l'extrême frontière du territoire romain et où les prêtres, gardiens de la tradition, célèbrent actuellement encore, pour la répéter le même jour dans plusieurs autres localités considérées aussi comme des points de l'ancienne frontière, la cérémonie ou procession de l'Ambarvale. {On sait le reste :} pendant la fondation même de la ville, une querelle s'engage entre les deux frères et Rémus est tué. Puis, une fois la ville fondée, Romulus y attire des hommes de tout pays en faisant d'un bois situé entre la citadelle et le Capitole un lieu d'asile et en proclamant citoyen romain quiconque y viendra des pays d'alentour chercher un refuge. Seulement, comme les nations voisines lui refusent des femmes pour ses sujets, il fait annoncer une grande cérémonie religieuse, des jeux hippiques en l'honneur de Neptune (ces jeux se célèbrent encore aujourd'hui), et, profitant du grand nombre de curieux accourus à Rome de toute part, et surtout de chez les Sabins, il fait enlever par ses gens, pour satisfaire au désir qu'ils ont de se marier, toutes les jeunes filles qui se trouvent parmi les spectateurs. Titus Tatius, le roi de Cures, qui veut d'abord poursuivre par les armes la vengeance de cet outrage, finit par conclure avec Romulus un traité, en vertu duquel il est admis au partage du trône et du gouvernement. Mais il est tué par trahison à Lavinium et Romulus règne seul du consentement des Kyrites. Enfin Romulus étant mort à son tour a pour successeur Numa Pompilius, concitoyen de Tatius. - Telle est la tradition la plus accréditée sur la fondation de Rome.


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Dernière mise à jour : 22/12/2005