[4,6,2] 2. Τῶν οὖν Λιγύων τῶν μὲν ὄντων Ἰγγαύνων, τῶν δὲ Ἰντεμελίων, εἰκότως τὰς
ἐποικίας αὐτῶν ἐπὶ τῇ θαλάττῃ, τὴν μὲν ὀνομάζεσθαι Ἄλβιον Ἰντεμέλιον, οἷον
Ἄλπιον, τὴν δὲ ἐπιτετμημένως μᾶλλον Ἀλβίγγαυνον. Πολύβιος δὲ προστίθησι
τοῖς δυσὶ φύλοις τῶν Λιγύων τοῖς λεχθεῖσι τό τε τῶν Ὀξυβίων καὶ τὸ τῶν
Δεκιητῶν. Ὅλως δὲ ἡ παραλία αὕτη πᾶσα μέχρι Τυρρηνίας ἐκ Μονοίκου
λιμένος προσεχής τέ ἐστι καὶ ἀλίμενος πλὴν βραχέων ὅρμων καὶ
ἀγκυροβολίων. Ὑπέρκεινται δὲ οἱ τῶν ὀρῶν ἐξαίσιοι κρημνοί, στενὴν
ἀπολείποντες πρὸς θαλάττῃ πάροδον. Κατοικοῦσι δὲ Λίγυες, ζῶντες ἀπὸ
θρεμμάτων τὸ πλέον καὶ γάλακτος καὶ κριθίνου πόματος, νεμόμενοι τά τε
πρὸς θαλάττῃ χωρία καὶ τὸ πλέον τὰ ὄρη. Ἔχουσι δ' ὕλην ἐνταῦθα
παμπόλλην ναυπηγήσιμον καὶ μεγαλόδενδρον, ὥστ' ἐνίων τοῦ πάχους τὴν
διάμετρον ὀκτὼ ποδῶν εὑρίσκεσθαι· πολλὰ δὲ καὶ τῇ ποικιλίᾳ τῶν θυίνων οὐκ
ἔστι χείρω πρὸς τὰς τραπεζοποιίας. Ταῦτά τε δὴ κατάγουσιν εἰς τὸ ἐμπόριον
τὴν Γένουαν, καὶ θρέμματα καὶ δέρματα καὶ μέλι, ἀντιφορτίζονται δὲ ἔλαιον
καὶ οἶνον τὸν ἐκ τῆς Ἰταλίας· ὁ δὲ παρ' αὐτοῖς ὀλίγος ἐστί, πιττίτης αὐστηρός.
Ἐντεῦθεν δέ εἰσιν οἱ γίννοι λεγόμενοι, ἵπποι τε καὶ ἡμίονοι, καὶ οἱ λιγυστῖνοί
τε χιτῶνες καὶ σάγοι· πλεονάζει δὲ καὶ τὸ λιγγούριον παρ' αὐτοῖς, ὅ τινες
ἤλεκτρον προσαγορεύουσι. Στρατεύονται δ' ἱππεῖς μὲν οὐ πάνυ, ὁπλῖται δὲ
ἀγαθοὶ καὶ ἀκροβολισταί· ἀπὸ δὲ τοῦ χαλκάσπιδας εἶναι τεκμαίρονταί τινες
Ἕλληνας αὐτοὺς εἶναι.
| [4,6,2] 2. Et l'on en conclut que, comme les Ligyens se divisaient en Ingaunes
et en Intéméliens, on a bien pu, pour distinguer les deux colonies ou
établissements fondés par ce peuple sur le bord de la mer, appeler l'un
Albium Intemelium, autrement dit l'Intemelium des Alpes, et l'autre
{Albium Ingaunum} ou mieux Albingaunum par manière de contraction.
Notons cependant qu'à ces deux tribus ou divisions de la nation
Ligyenne Polybe en ajoute deux autres, la tribu des Oxybiens et celle
des Déciètes. En général toute cette côte, allant depuis le port de
Monoecus jusqu'à la Tyrrhénie, est droite et dépourvue d'abris autres
que des mouillages et ancrages sans profondeur; ajoutons qu'elle est
bordée de montagnes dont les escarpements vraiment prodigieux ne
laissent le long de la mer qu'un passage très étroit. Les habitants, tous
Ligyens d'origine, ne vivent guère que des produits de leurs troupeaux,
de laitage surtout et d'une sorte de boisson faite avec de l'orge ; ils
occupent certaines positions sur la côte, mais préfèrent pour la plupart
le séjour de la montagne. Ils ont là en quantité du bois pouvant servir
aux constructions navales (d'énormes arbres notamment qui ont
jusqu'à huit pieds de diamètre), en quantité aussi du bois richement
veiné et propre à faire d'aussi belles tables que celles qu'on fait en bois
de thuya. Ils font descendre ces bois vers l'emporium ou marché de
Genua, et y joignent du bétail, des peaux, du miel, qu'ils échangent là
contre de l'huile et des vins d'Italie, car le vin qu'ils font chez eux, en
petite quantité d'ailleurs, sent la poix et est âpre au goût. C'est de leur
pays qu'on tire les chevaux et les mulets appelés ginnes, ainsi que les
tuniques et les saies dites ligystines. Enfin, l'on y trouve en abondance
le lingurium, précieuse substance appelée quelquefois aussi electrum.
Ces peuples ne combattent guère à cheval, mais leurs hoplites et leurs
gens de trait sont excellents. De ce qu'ils portent des boucliers d'airain,
on a conjecturé qu'ils étaient Grecs.
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