[4,5,5] 5. Περὶ δὲ τῆς Θούλης ἔτι μᾶλλον ἀσαφὴς ἡ ἱστορία διὰ τὸν ἐκτοπισμόν·
ταύτην γὰρ τῶν ὀνομαζομένων ἀρκτικωτάτην τιθέασιν. Ἃ δ' εἴρηκε Πυθέας
περί τε ταύτης καὶ τῶν ἄλλων τῶν ταύτῃ τόπων ὅτι μὲν πέπλασται, φανερὸν
ἐκ τῶν γνωριζομένων χωρίων· κατέψευσται γὰρ αὐτῶν τὰ πλεῖστα, ὥσπερ καὶ
πρότερον εἴρηται, ὥστε δῆλός ἐστιν ἐψευσμένος μᾶλλον περὶ τῶν
ἐκτετοπισμένων. Πρὸς μέντοι τὰ οὐράνια καὶ τὴν μαθηματικὴν θεωρίαν
ἱκανῶς {ἂν} δόξειε κεχρῆσθαι τοῖς πράγμασι ... Τοῖς τῇ κατεψυγμένῃ ζώνῃ
πλησιάζουσι τὸ τῶν καρπῶν εἶναι τῶν ἡμέρων καὶ ζῴων τῶν μὲν ἀφορίαν
παντελῆ, τῶν δὲ σπάνιν, κέγχρῳ δὲ καὶ ἀγρίοις λαχάνοις καὶ καρποῖς καὶ
ῥίζαις τρέφεσθαι· παρ' οἷς δὲ σῖτος καὶ μέλι γίγνεται, καὶ τὸ πόμα ἐντεῦθεν
ἔχειν· τὸν δὲ σῖτον, ἐπειδὴ τοὺς ἡλίους οὐκ ἔχουσι καθαρούς, ἐν οἴκοις
μεγάλοις κόπτουσι, συγκομισθέν των δεῦρο τῶν σταχύων· αἱ γὰρ ἅλως
ἄχρηστοι γίνονται διὰ τὸ ἀνήλιον καὶ τοὺς ὄμβρους.
| [4,5,5] 5. Sur l'île de Thulé, nos renseignements sont encore moins sûrs, vu
l'extrême éloignement de cette contrée, qu'on nous représente comme
la plus septentrionale de toutes les terres connues. On ne peut guère
douter, notamment, que tout ce que Pythéas a publié de cette contrée
et de celles qui l'avoisinent ne soit une pure invention, à voir comme il
a parlé des contrées qui nous sont aujourd'hui familières : comme il n'a
guère parlé de celles-ci, en effet, que pour mentir, ainsi que nous
l'avons démontré ci-dessus, il est évident qu'il a dû mentir encore
davantage en parlant des extrémités mêmes de la terre. Disons
pourtant qu'il a su accommoder ses fictions avec assez de
vraisemblance aux données de l'astronomie et de la géographie
mathématique, {car on conçoit à la rigueur que, comme il le dit,}
les peuples voisins de la zone glaciale ne connaissent, en fait de
plantes et de fruits, aucune de nos espèces cultivées, qu'en fait
d'animaux domestiques ils manquent absolument des uns, et ne
possèdent qu'un très petit nombre des autres; qu'ils se nourrissent de
miel et de légumes, de fruits et de racines sauvages; que ceux qui
ont du blé et du miel en tirent aussi leur boisson habituelle, et que,
faute de jamais jouir d'un soleil sans nuages, ils portent leur blé dans
de grands bâtiments couverts pour l'y battre, les pluies et le manque
de soleil les empêchant naturellement de se servir, comme nous,
d'aires découvertes.
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