HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre IV

Chapitre 4

  par. 6

[4,4,6] 6. Ἐν δὲ τῷ ὠκεανῷ φησιν εἶναι νῆσον μικρὰν οὐ πάνυ πελαγίαν, προκειμένην τῆς ἐκβολῆς τοῦ Λείγηρος ποταμοῦ· οἰκεῖν δὲ ταύτην τὰς τῶν Σαμνιτῶν γυναῖκας, Διονύσῳ κατεχομένας καὶ ἱλασκομένας τὸν θεὸν τοῦτον τελεταῖς τε καὶ ἄλλαις ἱεροποιίαις (ἐξηλλαγμέναις). Οὐκ ἐπιβαίνειν δὲ ἄνδρα τῆς νήσου, τὰς δὲ γυναῖκας αὐτὰς πλεούσας κοινωνεῖν τοῖς ἀνδράσι καὶ πάλιν ἐπανιέναι. Ἔθος δ' εἶναι κατ' ἐνιαυτὸν ἅπαξ τὸ ἱερὸν ἀποστεγάζεσθαι καὶ στεγάζεσθαι πάλιν αὐθημερὸν πρὸ δύσεως, ἑκάστης φορτίον ἐπιφερούσης· ἧς δ' ἂν ἐκπέσῃ τὸ φορτίον, διασπᾶσθαι ταύτην ὑπὸ τῶν ἄλλων· φερούσας δὲ τὰ μέρη περὶ τὸ ἱερὸν μετ' εὐασμοῦ μὴ παύεσθαι πρότερον, πρὶν παύσωνται τῆς λύττης· ἀεὶ δὲ συμβαίνειν ὥστε τινὰ ἐμπίπτειν τὴν τοῦτο πεισομένην. Τούτου δ' ἔτι μυθωδέστερον εἴρηκεν Ἀρτεμίδωρος τὸ περὶ τοὺς κόρακας συμβαῖνον. Λιμένα γάρ 'τινα τῆς παρωκεανίτιδος ἱστορεῖ Δύο κοράκων ἐπονομαζόμενον, φαίνεσθαι δ' ἐν τούτῳ δύο κόρακας τὴν δεξιὰν πτέρυγα παράλευκον ἔχοντας· τοὺς οὖν περί τινων ἀμφισβητοῦντας, ἀφικομένους δεῦρο ἐφ' ὑψηλοῦ τόπου σανίδα θέντας ἐπιβάλλειν ψαιστά, ἑκάτερον χωρίς· τοὺς δ' ὄρνεις ἐπιπτάντας τὰ μὲν ἐσθίειν, τὰ δὲ σκορπίζειν· οὗ δ' ἂν σκορπισθῇ τὰ ψαιστά, ἐκεῖνον νικᾶν. Ταῦτα μὲν οὖν μυθωδέστερα λέγει, περὶ δὲ τῆς Δήμητρος καὶ Κόρης πιστότερα, ὅτι φησὶν εἶναι νῆσον πρὸς τῇ Βρεττανικῇ, καθ' ἣν ὅμοια τοῖς ἐν Σαμοθρᾴκῃ περὶ τὴν Δήμητρα ν καὶ τὴν Κόρην ἱεροποιεῖται. Καὶ τοῦτο δὲ τῶν πιστευομένων ἐστίν, ὅτι ἐν τῇ Κελτικῇ φύεται δένδρον ὅμοιον συκῇ, καρπὸν δ' ἐκφέρει παραπλήσιον κιοκράνῳ κορινθιουργεῖ· ἐπιτμηθεὶς δ' οὗτος ἀφίησιν ὀπὸν θανάσιμον πρὸς τὰς ἐπιχρίσεις τῶν βελῶν. Καὶ τοῦτο δὲ τῶν θρυλουμένων ἐστίν, ὅτι πάντες Κελτοὶ ἡδόνικοί τέ εἰσι, καὶ οὐ νομίζεται παρ' αὐτοῖς αἰσχρὸν τὸ τῆς ἀκμῆς ἀφειδεῖν τοὺς νέους. Ἔφορος δὲ ὑπερβάλλουσάν τε τῷ μεγέθει λέγει τὴν Κελτικήν, ὥστε ἧσπερ νῦν Ἰβηρίας καλοῦμεν ἐκείνοις τὰ πλεῖστα προσνέμειν μέχρι Γαδείρων, φιλέλληνάς τε ἀποφαίνει τοὺς ἀνθρώπους, καὶ πολλὰ ἰδίως λέγει περὶ αὐτῶν οὐκ ἐοικότα τοῖς νῦν. Ἴδιον δὲ καὶ τοῦτο· ἀσκεῖν γὰρ αὐτοὺς μὴ παχεῖς εἶναι μηδὲ προγάστορας, τὸν δ' ὑπερβαλλόμενον τῶν νέων τὸ τῆς ζώνης μέτρον ζημιοῦσθαι. Ταῦτα μὲν περὶ τῆς ὑπὲρ τῶν Ἄλπεων Κελτικῆς. [4,4,6] 6. Dans l'Océan, non pas tout à fait en pleine mer, mais juste en face de l'embouchure de la Loire, Posidonius nous signale une île de peu d'étendue , qu'habitent soi-disant les femmes des Namnètes. Ces femmes, possédées de la fureur bachique, cherchent, par des mystères et d'autres cérémonies religieuses, à apaiser, à désarmer le dieu qui les tourmente. Aucun homme ne met le pied dans leur île, et ce sont elles qui passent sur le continent toutes les fois qu'elles sont pour avoir commerce avec leurs maris, après quoi elles regagnent leur île. Elles ont coutume aussi, une fois par an, d'enlever la toiture du temple de Bacchus et de le recouvrir, le tout dans une même journée, avant le coucher du soleil, chacune d'elles apportant sa charge de matériaux. Mais s'il en est une dans le nombre qui en travaillant laisse tomber son fardeau, aussitôt elle est mise en pièces par ses compagnes, qui, aux cris d'évoé, évoé, promènent autour du temple les membres de leur victime, et ne s'arrêtent que quand la crise furieuse qui les possède s'est apaisée d'elle-même. Or ce travail ne s'achève jamais sans que quelqu'une d'entre elles se soit laissée choir et ait subi ce triste sort. L'histoire des corbeaux dont parle Artémidore tient encore plus de la fable : à l'en croire, il existerait sur la côte de l'Océan un port appelé le Port-des-Deux-Corbeaux, parce qu'il s'y trouvait en effet naguère deux de ces oiseaux à l'aile droite blanchâtre : les personnes ayant ensemble quelque contestation s'y transportaient, plaçaient une planche en un lieu élevé, et, sur cette planche, des gâteaux, chaque partie disposait les siens de manière à ce qu'on ne pût les confondre, puis les corbeaux s'abattaient sur les gâteaux, mangeaient les uns, culbutaient les autres, et celle des deux parties qui avait eu ses gâteaux ainsi culbutés triomphait. Mais, si ce récit d'Artémidore sent trop la fable, il y a moins d'invraisemblance dans ce que le même auteur nous dit au sujet de Cérès et de Proserpine, qu'une des îles situées sur les côtes de Bretagne possède des cérémonies religieuses rappelant tout à fait les rites du culte de Cérès et de Proserpine dans l'île de Samothrace. Le fait suivant est de ceux aussi qu'on peut admettre : il s'agit d'un arbre, assez semblable au figuier, qui vient en Gaule, et dont le fruit est fait à peu près comme un chapiteau corinthien; si l'on coupe ce fruit, il en découle, dit-on, un suc mortel dans lequel on trempe les flèches. Enfin, s'il faut en croire un bruit très répandu, tous les Gaulois seraient d'humeur querelleuse ; on assure de même qu'ils n'attachent aucune idée de honte à ce que les garçons prostituent la fleur de leur jeunesse. - Dans Éphore, l'étendue de la Celtique est singulièrement exagérée, car il résulte de ce que dit cet auteur que les Celtes auraient peuplé la plus grande partie de la contrée appelée aujourd'hui Ibérie, et que leurs possessions s'y seraient étendues jusqu'à Gadira. Ajoutons qu'il réduit les Celtes à n'être plus que de purs philhellènes, et qu'il leur prête maint détail de mœurs bien peu en rapport avec ce qu'on observe aujourd'hui chez eux, celui-ci entre autres, qu'ils s'étudient à ne pas trop engraisser, à ne pas trop prendre de ventre, et que la loi punit même d'une amende tout jeune garçon dont l'embonpoint excède la ceinture réglementaire. - Nous n'en dirons pas davantage touchant la Celtique ou Gaule transalpine.


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Dernière mise à jour : 12/04/2006