[4,1,11] 11. Τὴν δ' ὑπερκειμένην αὐτῆς χώραν μάλιστα γεωγραφεῖ τά τε ὄρη τὰ
περικείμενα καὶ οἱ ποταμοί, διαφερόντως δὲ ὁ Ῥοδανὸς μέγιστός τε ὢν καὶ
πλεῖστον ἀνάπλουν ἔχων, ἐκ πολλῶν πληρούμενος ῥευμάτων· λεκτέον οὖν
ἐφεξῆς περὶ τούτων. Ἀπὸ Μασσαλίας τοίνυν ἀρξαμένοις καὶ προϊοῦσιν ἐπὶ τὴν
μεταξὺ χώραν τῶν τε Ἄλπεων καὶ τοῦ Ῥοδανοῦ, μέχρι μὲν τοῦ Δρουεντία
ποταμοῦ Σάλυες οἰκοῦσιν ἐπὶ πεντακοσίους σταδίους· πορθμείῳ δὲ διαβᾶσιν
εἰς Καβαλλίωνα πόλιν ἡ ἐφεξῆς χώρα πᾶσα Καουάρων ἐστὶ μέχρι τῶν τοῦ
Ἴσαρος συμβολῶν πρὸς τὸν Ῥοδανόν· ἐνταῦθα δὲ καὶ τὸ Κέμμενον συνάπτει
πως τῷ Ῥοδανῷ· μῆκος τὸ μέχρι δεῦρο ἀπὸ τοῦ Δρουεντία σταδίων ἐστὶν
ἑπτακοσίων. Οἱ μὲν οὖν Σάλυες ἐν αὐτοῖς τά τε πεδία καὶ τὰ ὑπερκείμενα ὄρη
κατοικοῦσι, τῶν δὲ Καουάρων ὑπέρκεινται Ὀυοκόντιοί τε καὶ Τρικόριοι καὶ
Ἰκόνιοι καὶ Μέδυλλοι. Μεταξὺ δὲ τοῦ Δρουεντία καὶ τοῦ Ἴσαρος καὶ ἄλλοι
ποταμοὶ ῥέουσιν ἀπὸ τῶν Ἄλπεων ἐπὶ τὸν Ῥοδανόν, δύο μὲν οἱ περιρρέοντες
πόλιν Καουάρων (καὶ Οὐάρων) κοινῷ ῥείθρῳ συμβάλλοντες εἰς τὸν Ῥοδανόν,
τρίτος δὲ Σούλγας, ὁ κατὰ Οὔνδαλον πόλιν μισγόμενος τῷ Ῥοδανῷ, ὅπου
Γναῖος Ἀηνόβαρβος μεγάλῃ μάχῃ πολλὰς ἐτρέψατο Κελτῶν μυριάδας. Εἰσὶ δὲ
ἐν τῷ μεταξὺ πόλεις καὶ Αὐενιὼν καὶ Ἀραυσίων καὶ Ἀερία, τῷ ὄντι, φησὶν
Ἀρτεμίδωρος, ἀερία διὰ τὸ ἐφ' ὕψους ἱδρῦσθαι μεγάλου. Ἡ μὲν οὖν ἄλλη πᾶσά
ἐστι πεδιὰς καὶ εὔβοτος, ἡ δ' ἐκ τῆς Ἀερίας εἰς + τὴν Δουριῶνα ὑπερθέσεις ἔχει
στενὰς καὶ ὑλώδεις. Καθ' ὃ δὲ συμπίπτουσιν ὁ Ἴσαρ ποταμὸς καὶ ὁ Ῥοδανὸς
καὶ τὸ Κέμμενον ὄρος, Κόιντος Φάβιος Μάξιμος Αἰμιλιανὸς οὐχ ὅλαις τρισὶ
μυριάσιν εἴκοσι μυριάδας Κελτῶν κατέκοψε, καὶ ἔστησε τρόπαιον αὐτόθι
λευκοῦ λίθου καὶ νεὼς δύο, τὸν μὲν Ἄρεως τὸν δ' Ἡρακλέους. Ἀπὸ δὲ τοῦ
Ἴσαρος εἰς Ὀυίενναν τὴν τῶν Ἀλλοβρίγων μητρόπολιν κειμένην ἐπὶ τῷ
Ῥοδανῷ στάδιοί εἰσι τριακόσιοι εἴκοσι. Πλησίον δ' ὑπέρκειται τῆς Ὀυιέννης τὸ
Λούγδουνον, ἐφ' οὗ συμμίσγουσιν ἀλλήλοις ὅ τε Ἄραρ καὶ ὁ Ῥοδανός· στάδιοι
δ' εἰσὶν ἐπ' αὐτὸ πεζῇ μὲν περὶ διακοσίους διὰ τῆς Ἀλλοβρίγων, ἀνάπλῳ δὲ
μικρῷ πλείους. Ἀλλόβριγες δὲ μυριάσι πολλαῖς πρότερον μὲν ἐστράτευον, νῦν
δὲ γεωργοῦσι τὰ πεδία καὶ τοὺς αὐλῶνας τοὺς ἐν ταῖς Ἄλπεσι· καὶ οἱ μὲν ἄλλοι
κωμηδὸν ζῶσιν, οἱ δ' ἐπιφανέστατοι τὴν Ὀυίενναν ἔχοντες, κώμην πρότερον
οὖσαν, μητρόπολιν δ' ὅμως τοῦ ἔθνους λεγομένην, κατεσκευάκασι πόλιν·
ἵδρυται δ' ἐπὶ τῷ Ῥοδανῷ. Φέρεται δ' ἀπὸ τῶν Ἄλπεων οὗτος πολὺς καὶ
σφοδρός, ὅς γε καὶ διὰ λίμνης ἐξιὼν τῆς Λημέννης φανερὸν δείκνυσι τὸ
ῥεῖθρον ἐπὶ πολλοὺς σταδίους. Κατελθὼν δὲ εἰς τὰ πεδία τῆς χώρας τῆς
Ἀλλοβρίγων καὶ Σεγοσιανῶν συμβάλλει τῷ Ἄραρι κατὰ Λούγδουνον πόλιν
τῶν Σεγοσιανῶν. Ῥεῖ δὲ καὶ ὁ Ἄραρ ἐκ τῶν Ἄλπεων, ὁρίζων Σηκοανούς τε καὶ
Αἰδούους καὶ Λιγκασίους, παραλαβὼν δ' ὕστερον τὸν Δοῦβιν ἐκ τῶν αὐτῶν
ὀρῶν φερόμενον πλωτόν, ἐπικρατήσας τῷ ὀνόματι καὶ γενόμενος ἐξ ἀμφοῖν
Ἄραρ συμμίσγει τῷ Ῥοδανῷ. Πάλιν δ' ἐπικρατήσας ὁ Ῥοδανὸς εἰς τὴν
Ὀυίενναν φέρεται. Συμβαίνει δὴ κατ' ἀρχὰς μὲν τοὺς τρεῖς ποταμοὺς
φέρεσθαι πρὸς ἄρκτον, εἶτα πρὸς δύσιν· εἰς ἓν δ' ἤδη συμπεσὸν ῥεῖθρον πάλιν
ἄλλην καμπὴν λαβὸν νότιον φέρεται τὸ ῥεῦμα μέχρι τῶν ἐκβολῶν, δεξάμενον
καὶ τοὺς ἄλλους ποταμούς, κἀκεῖθεν ἤδη τὴν λοιπὴν ποιεῖται μέχρι τῆς
θαλάττης ῥύσιν. Ἡ μὲν οὖν μεταξὺ τῶν Ἄλπεων καὶ τοῦ Ῥοδανοῦ τοιαύτη τις.
| [4,1,11] 11. Passons à la contrée qui s'étend immédiatement au-dessus : cette
contrée, qui emprunte une configuration particulière aux montagnes
dont elle est enveloppée et aux fleuves qui la sillonnent, notamment au
Rhône, le plus considérable de tous, et celui qu'on peut remonter le
plus haut vu le grand nombre d'affluents dont son cours est grossi,
cette contrée demande à être décrite méthodiquement. Avançons-nous
donc à partir de Massalia dans le pays compris entre les Alpes et le
Rhône, nous y trouvons d'abord les Salyens, dont le territoire mesure
500 stades jusqu'au Druentias; puis, le bac nous passe à Cavallion, et
là nous mettons le pied sur le territoire des Cavares, qui s'étend à son
tour jusqu'au confluent de l'Isar et du Rhône, c'est-à-dire jusqu'au point
où le mont Cemmène vient en quelque sorte rejoindre le Rhône.
Depuis le Druentias jusqu'ici, la distance parcourue est de 700 stades.
Seulement, tandis que les Salyens, {dans les limites que nous avons
marquées,} occupent à la fois la plaine et les montagnes qui la
dominent, les Cavares ont au-dessus d'eux, dans la montagne, les
Vocontiens, les Tricoriens, les Iconiens et les Médylles. Il y a
encore d'autres rivières qui, entre le Druentias et l'Isar, descendent des
Alpes pour s'unir au Rhône; nous en citerons deux notamment qui
entourent {Luerion}, la ville des Cavares, et qui confondent leurs
eaux avant de se jeter dans le fleuve, et une troisième, le Sulgas, qui a
son confluent près de la ville de Vindalum, à l'endroit même où
Cnaeus {Domitius} Aenobarbus tailla en pièces, dans une grande
bataille rangée, plusieurs myriades de Gaulois. Dans ce même
intervalle du Druentias et de l'Isar, on remarque plusieurs places
importantes, telles que Avenion, Arausion et Aeria, ville bien nommée,
nous dit Artémidore, en ce qu'elle occupe, tout au haut d'une
montagne fort élevée, une situation vraiment aérienne. En général, le
pays n'offre que plaines et beaux pâturages, mais, pour aller d'Aeria à
{Luerion}, il faut franchir encore dans la montagne plusieurs défilés
étroits et obstrués par des bois. Au point de jonction de l'Isar, du
Rhône et du mont Cemmène, Q. Fabius Maximus Aemilianus, avec
moins de trente mille hommes, tailla en pièces deux cent mille Gaulois;
après quoi il éleva aux mêmes lieux un trophée en marbre blanc, ainsi
que deux temples qu'il dédia, l'un, à Mars, l'autre, à Hercule. Depuis
l'Isar, maintenant, jusqu'à Vienne, capitale des Allobriges, qui s'élève
sur les bords mêmes du Rhône, on compte 320 stades; puis, un peu
au-dessus de Vienne, au confluent de l'Arar et du Rhône, est la ville de
Lugdunum. La distance, quand on s'y rend par terre, c'est-à-dire en
traversant le territoire des Allobriges, est de 200 stades environ ; elle
est un peu plus forte si l'on remonte le fleuve. Les Allobriges, qui
entreprirent naguère tant d'expéditions avec des armées de plusieurs
myriades d'hommes, en sont réduits aujourd'hui à cultiver cette plaine
et les premières vallées des Alpes. En général, ils vivent dispersés
dans des bourgs, toute la noblesse pourtant habite Vienne, simple
bourg aussi dans l'origine, bien qu'elle portât déjà le titre de métropole
de toute la nation, mais dont ils ont fini par faire une ville. Elle est
située, {avons-nous dit,} sur le Rhône. Le fleuve descend des Alpes
déjà si fort, si impétueux, que, même au sein du lac Lemenna qu'il
traverse, son courant demeure visible sur un espace de plusieurs
stades; il se répand dans les plaines du pays des Allobriges et des
Ségosiaves, et reçoit l'Arar, près de Lugdunum, ville des
Ségosiaves. L'Arar vient aussi des Alpes; il forme la limite entre les
Séquanes, les Aeduens et les {Lingons}, puis reçoit le Dubis, autre
rivière navigable, descendue également de la chaîne des Alpes; dès là
réunis sous le nom d'Arar, qui a prévalu, ces deux cours d'eau vont se
mêler au Rhône, dont le nom prévaut à son tour, et qui poursuit son
cours sur Vienne. Il est remarquable que ces trois fleuves commencent
par se porter au nord, pour tourner ensuite au couchant, mais
qu'aussitôt après leur réunion leur courant commun fait un nouveau
coude vers le sud et qu'en se grossissant au fur et à mesure des
autres rivières {dont nous avons parlé ci-dessus} il conserve cette
direction au midi jusqu'au point où, pour gagner la mer, il se divise en
plusieurs branches. - Telle est la configuration de la contrée comprise
entre les Alpes et le Rhône.
|