HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre III

Chapitre 5

  par. 11

[3,5,11] Αἱ δὲ Καττιτερίδες δέκα μέν εἰσι, κεῖνται δ' ἐγγὺς ἀλλήλων, πρὸς ἄρκτον ἀπὸ τοῦ τῶν Ἀρτάβρων λιμένος πελάγιαι· μία δ' αὐτῶν ἔρημός ἐστι, τὰς δ' ἄλλας οἰκοῦσιν ἄνθρωποι μελάγχλαινοι, ποδήρεις ἐνδεδυκότες τοὺς χιτῶνας, ἐζωσμένοι περὶ τὰ στέρνα, μετὰ ῥάβδων περιπατοῦντες, ὅμοιοι ταῖς τραγικαῖς Ποιναῖς· ζῶσι δ' ἀπὸ βοσκημάτων νομαδικῶς τὸ πλέον. Μέταλλα δὲ ἔχοντες καττιτέρου καὶ μολίβδου κέραμον ἀντὶ τούτων καὶ τῶν δερμάτων διαλλάττονται καὶ ἅλας καὶ χαλκώματα πρὸς τοὺς ἐμπόρους. Πρότερον μὲν οὖν Φοίνικες μόνοι τὴν ἐμπορίαν ἔστελλον ταύτην ἐκ τῶν Γαδείρων κρύπτοντες ἅπασι τὸν πλοῦν· τῶν δὲ Ῥωμαίων ἐπακολουθούντων ναυκλήρῳ τινί, ὅπως καὶ αὐτοὶ γνοῖεν τὰ ἐμπόρια, φθόνῳ ναύκληρος ἑκὼν εἰς τέναγος ἐξέβαλε τὴν ναῦν, ἐπαγαγὼν δ' εἰς τὸν αὐτὸν ὄλεθρον καὶ τοὺς ἑπομένους, αὐτὸς ἐσώθη διὰ ναυαγίου, καὶ ἀπέλαβε δημοσίᾳ τὴν τιμὴν ὧν ἀπέβαλε φορτίων. Οἱ Ῥωμαῖοι δὲ ὅμως πειρώμενοι πολλάκις ἐξέμαθον τὸν πλοῦν· ἐπειδὴ δὲ καὶ Πόπλιος Κράσσος, διαβὰς ἐπ' αὐτοὺς, ἔγνω τὰ μέταλλα ἐκ μικροῦ βάθους ὀρυττόμενα καὶ τοὺς ἄνδρας εἰρηναίους, ἐκ περιουσίας ἤδη τὴν θάλατταν ἐργάζεσθαι ταύτην τοῖς ἐθέλουσιν ἐπέδειξε καίπερ οὖσαν πλείω τῆς διειργούσης τὴν Βρεττανικήν. Καὶ περὶ μὲν Ἰβηρίας καὶ τῶν προκειμένων νήσων ταῦτα. [3,5,11] Les îles Cassitérides, qui suivent, sont au nombre de dix, toutes très rapprochées les unes des autres. On les trouve en s'avançant au nord en pleine mer à partir du port des Artabres. Une seule de ces îles est déserte; dans toutes les autres, les habitants ont pour costume de grands manteaux noirs, qu'ils portent par-dessus de longues tuniques talaires, serrées par une ceinture autour de la poitrine, ce qui, joint au bâton qu'ils ont toujours à la main quand ils se promènent, les fait ressembler tout-à-fait aux Furies vengeresses de la tragédie. Ils vivent en général du produit de leurs troupeaux à la façon des peuples nomades. Quant aux produits de leurs mines d'étain et de plomb, ils les échangent, ainsi que les peaux de leurs bestiaux, contre des poteries, du sel et des ustensiles de cuivre ou d'airain que des marchands étrangers leur apportent. Dans le principe, les Phéniciens de Gadira étaient le seul peuple qui envoyât des vaisseaux trafiquer dans ces îles, et ils cachaient soigneusement à tous les autres la route qui y mène. Il arriva même qu'un patron de navire phénicien, qui se voyait suivi par des bâtiments romains, dont les pilotes avaient espéré de pouvoir ainsi connaître la route de ces comptoirs, s'échoua volontairement et par pure jalousie nationale sur un bas-fond, où il savait entraîner les Romains à une perte assurée; mais ayant réussi, lui, à s'échapper du milieu de ce naufrage général, il fut indemnisé par l'État des marchandises qu'il avait perdues. A force d'essayer, cependant, les Romains finirent par découvrir la route de ces îles. Ce fut Publius Crassus qui y passa le premier, et, comme il reconnut le peu d'épaisseur des filons et le caractère pacifique des habitants, il donna toutes les indications pouvant faciliter la libre pratique de ces parages, plus éloignés de nous pourtant que ne l'est la mer de Bretagne. Ici s'arrête ce que nous avions à dire de l'Ibérie et des îles situées en regard de ses côtes.


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Dernière mise à jour : 16/02/2006