[3,5,8] Οὐκ οἶδα δὲ πῶς κατ' ἄλλα δεινοὺς ἀποφαίνων ὁ Ποσειδώνιος τοὺς
Φοίνικας, ἐνταῦθα μωρίαν μᾶλλον ἢ δριμύτητα αὐτῶν κατέγνωκεν. Ἡμέρα
μὲν γὰρ καὶ νὺξ τῇ τοῦ ἡλίου περιφορᾷ μετρεῖται, τοτὲ μὲν ὑπὸ γῆς ὄντος, τοτὲ
δὲ ὑπὲρ γῆς φαινομένου· φησὶ δὲ τὴν τοῦ ὠκεανοῦ κίνησιν ὑπέχειν ἀστροειδῆ
περίοδον, τὴν μὲν ἡμερήσιον ἀποδιδοῦσαν, τὴν δὲ μηνιαίαν, τὴν δ'
ἐνιαυσιαίαν συμπαθῶς τῇ σελήνῃ· ὅταν γὰρ αὕτη ζῳδίου μέγεθος ὑπερέχῃ
τοῦ ὁρίζοντος, ἄρχεσθαι διοιδεῖν τὴν θάλατταν καὶ ἐπιβαίνειν τῆς γῆς
αἰσθητῶς μέχρι μεσουρανήσεως· ἐκκλίναντος δὲ τοῦ ἄστρου, πάλιν
ἀναχωρεῖν τὸ πέλαγος κατ' ὀλίγον, ἕως ἂν ζῴδιον ὑπερέχῃ τῆς δύσεως ἡ
σελήνη· εἶτα μένειν τοσοῦτον ἐν τῇ αὐτῇ καταστάσει χρόνον, ὅσον ἡ σελήνη
συνάπτει πρὸς αὐτὴν τὴν δύσιν, καὶ ἔτι μᾶλλον τοσοῦτον ὅσον κινηθεῖσα ὑπὸ
γῆς ζῴδιον ἀπόσχοι ἂν τοῦ ὁρίζοντος· εἶτ' ἐπιβαίνειν πάλιν ἕως τοῦ ὑπὸ γῆν
μεσουρανήματος· εἶτ' ἀναχωρεῖν, ἕως ἂν πρὸς τὰς ἀνατολὰς περιχωρήσασα ἡ
σελήνη ζῴδιον τοῦ ὁρίζοντος ἀπόσχῃ· μένειν δὲ μέχρι ἂν ζῴδιον ὑπὲρ γῆς
μετεωρισθῇ, καὶ πάλιν ἐπιβαίνειν· ταύτην μὲν εἶναι λέγει τὴν ἡμερήσιον
περίοδον. Τὴν δὲ μηνιαίαν, ὅτι μέγισται μὲν αἱ παλίρροιαι γίνονται περὶ τὰς
συνόδους, εἶτα μειοῦνται μέχρι διχοτόμου· πάλιν δ' αὔξονται μέχρι
πανσελήνου, καὶ μειοῦνται πάλιν ἕως διχοτόμου φθινάδος· εἶθ' ἕως τῶν
συνόδων αἱ αὐξήσεις· πλεονάζειν δὲ καὶ χρόνῳ καὶ τάχει τὰς αὐξήσεις. Τὰς δ'
ἐνιαυσιαίας παρὰ τῶν ἐν Γαδείροις πυθέσθαι φησί, λεγόντων ὡς κατὰ θερινὰς
τροπὰς μάλιστα αὔξοιντο καὶ αἱ ἀναχωρήσεις καὶ αἱ ἐπιβάσεις. Εἰκάζει δ'
αὐτὸς ἀπὸ τῶν τροπῶν μειοῦσθαι μὲν ἕως ἰσημερίας, αὔξεσθαι δὲ ἕως
χειμερινῶν τροπῶν· εἶτα μειοῦσθαι μέχρι ἐαρινῆς ἰσημερίας· εἶτ' αὔξεσθαι
μέχρι θερινῶν τροπῶν. Τῶν δὲ περιόδων τούτων οὐσῶν καθ' ἑκάστην ἡμέραν
καὶ νύκτα, τὸν συνάμφω χρόνον, δὶς μὲν ἐπιβαινούσης τῆς θαλάττης, δὶς δὲ
ἀναχωρούσης, τεταγμένως δὲ καὶ * τῶν ἡμερησίων χρόνων καὶ τῶν
νυκτερινῶν, πῶς οἷόν τε πολλάκις μὲν συμβαίνειν κατὰ τὰς ἀμπώτεις τὴν
πλήρωσιν τοῦ φρέατος, μὴ πολλάκις δὲ τὴν λειψυδρίαν; Ἢ πολλάκις μέν, μὴ
ἰσάκις δέ; Ἢ καὶ ἰσάκις μέν, τοὺς δὲ Γαδειρίτας ταῦτα μὲν μὴ ἱκανοὺς
γενέσθαι τηρῆσαι τὰ καθ' ἡμέραν γινόμενα, τὰς δ' ἐνιαυσίους περιόδους ἐκ
τῶν ἅπαξ συμβαινόντων κατ' ἔτος τηρῆσαι; Ἀλλὰ μὴν ὅτι γε πιστεύει αὐτοῖς,
δῆλον ἐξ ὧν καὶ προσεικάζει γίνεσθαι τὰς μειώσεις καὶ πάλιν αὐξήσεις ἀπὸ
τροπῶν ἐπὶ τροπάς τε ἑτέρας κἀκεῖθεν πάλιν ἐπανόδους. Καὶ μὴν οὐδὲ ἐκεῖνο
εἰκός, ὅτι τηρητικοὶ ὄντες τὰ μὲν συμβαίνοντα οὐκ εἶδον, τοῖς δὲ μὴ
συμβαίνουσιν ἐπίστευσαν.
| [3,5,8] En revanche, je ne m'explique pas que Posidonius, qui, en général
présente les Phéniciens comme un peuple éclairé, leur attribue ici une
croyance qui .dénoterait en eux plutôt de l'idiotisme que de la sagacité.
On sait que la durée d'un jour et d'une nuit correspond à une révolution
complète du soleil, qui pendant cette révolution se trouve tantôt au-
dessus et tantôt au-dessous de la terre ; or, Posidonius prétend que le
mouvement de l'Océan, comme le cours des astres, est soumis à une
marche périodique et qu'il se trouve avoir, comme la lune et
harmoniquement avec la lune, une période diurne, une période
mensuelle et une période annuelle : = quand la lune, ajoute-t-il, a
parcouru toute l'étendue d'un signe au dessus de l'horizon, la mer
commence à se soulever et envahit sensiblement ses rivages, jusqu'à
ce que l'astre ait atteint le méridien; après quoi, l'astre déclinant, la mer
se retire peu à peu jusqu'à ce que la lune ne soit plus qu'à la distance
d'un signe au-dessus du point où elle se couche. La mer demeure
alors stationnaire tout le temps que met la lune à atteindre le point de
son coucher, tout le temps aussi qu'elle met à parcourir l'espace d'un
signe au-dessous de l'horizon; puis elle recommence à monter jusqu'à
ce que la lune atteigne le méridien inférieur, se retire ensuite de
nouveau jusqu'au moment où la lune, s'étant avancée vers te levant,
n'est plus qu'à la distance d'un signe de l'horizon, et enfin reste
stationnaire jusqu'à ce que l'astre se soit de nouveau élevé de tout un
signe au-dessus de l'horizon, pour recommencer encore à monter. »
Telle est, suivant Posidonius, la période diurne de l'Océan ; quant à sa
période mensuelle, elle consisterait en ce que les marées les plus
fortes d'une lunaison ont toujours lieu à l'époque de la conjonction de
l'astre ou de la Néoménie, après quoi elles diminuent jusqu'au premier
quartier, pour augmenter de nouveau d'intensité jusqu'à la pleine lune,
et diminuer encore pendant le décours de la lune jusqu'au dernier
quartier, auquel succède une nouvelle augmentation jusqu'à la
néoménie suivante, et une augmentation plus marquée tant sous le
rapport de la durée que sous le rapport de la vitesse. Reste la période
annuelle des marées; or, c'est par les Gaditans mêmes que Posidonius
en avait eu connaissance : il avait appris d'eux que, vers le solstice
d'été, les marées montantes et descendantes étaient plus fortes que
dans tout le reste de l'année, et il en avait conjecturé lui-même qu'à
partir de ce solstice les marées devaient diminuer d'élévation jusqu'à
l'équinoxe, puis recommencer à croître jusqu'au solstice d'hiver, pour
diminuer de nouveau jusqu'à l'équinoxe du printemps, et croître encore
jusqu'au solstice d'été. Mais, avec ces mouvements périodiques de la
mer, qui se reproduisent chaque jour et chaque nuit, la mer montant
deux fois et se retirant deux fois dans l'espace d'un jour et d'une nuit,
et à des intervalles réguliers la nuit comme le jour, comment peut-il se
faire que le reflux coïncide souvent avec le moment où le puits en
question se remplit, et rarement avec celui où il tarit, ou, sinon
rarement, pas aussi souvent du moins, qu'avec l'autre? Et, si l'on
suppose la coïncidence aussi fréquente dans les deux cas, comment
se fait il que les Gadirites n'aient pas été capables d'observer ce qui se
passait tous les jours sous leurs yeux, eux qui avaient su soi-disant
reconnaître la période annuelle des marées par l'observation patiente
d'un fait qui ne se produit qu'une fois par an? Car on ne saurait douter
que Posidonius n'ajoutât une foi entière à cette dernière observation,
puisqu'il l'a prise pour point de départ de ses propres hypothèses sur
les décroissements et accroissements successifs des marées dans
l'intervalle d'un solstice à l'autre et sur le retour de ces mêmes
variations. Il n'est guère vraisemblable, cependant, que de si bons
observateurs aient laissé passer inaperçus les faits réels pour se
laisser prendre à des faits chimériques !
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