[3,5,7] Φησὶ δὲ ὁ Πολύβιος κρήνην ἐν τῷ Ἡρακλείῳ τῷ ἐν Γαδείροις εἶναι, βαθμῶν
ὀλίγων κατάβασιν ἔχουσαν εἰς τὸ ὕδωρ πότιμον, ἣν ταῖς παλιρροίαις τῆς
θαλάττης ἀντιπαθεῖν, κατὰ μὲν τὰς πλήμας ἐκλείπουσαν, κατὰ δὲ τὰς
ἀμπώτεις πληρουμένην. Αἰτιᾶται δ' ὅτι τὸ πνεῦμα τὸ ἐκ τοῦ βάθους εἰς τὴν
ἐπιφάνειαν τῆς γῆς ἐκπῖπτον, καλυφθείσης μὲν αὐτῆς ὑπὸ τοῦ κύματος κατὰ
τὰς ἐπιβάσεις τῆς θαλάττης, εἴργεται τῶν οἰκείων τοιούτων ἐξόδων,
ἀναστρέψαν δὲ εἰς τὸ ἐντὸς ἐμφράττει τοὺς τῆς πηγῆς πόρους καὶ ποιεῖ
λειψυδρίαν, γυμνωθείσης δὲ πάλιν, εὐθυπορῆσαν ἐλευθεροῖ τὰς φλέβας τῆς
πηγῆς, ὥστ' ἀναβλύειν εὐπόρως. Ἀρτεμίδωρος δὲ ἀντειπὼν τούτῳ καὶ ἅμα
παρ' αὑτοῦ τινα θεὶς αἰτίαν, μνησθεὶς δὲ καὶ τῆς Σιλανοῦ δόξης τοῦ
συγγραφέως, οὔ μοι δοκεῖ μνήμης ἄξια εἰπεῖν, ὡς ἂν ἰδιώτης περὶ ταῦτα καὶ
αὐτὸς καὶ Σιλανός. Ποσειδώνιος δὲ ψευδῆ λέγων τὴν ἱστορίαν εἶναι ταύτην
δύο φησὶν εἶναι φρέατα ἐν τῷ Ἡρακλείῳ καὶ τρίτον ἐν τῇ πόλει· τῶν δ' ἐν τῷ
Ἡρακλείῳ τὸ μὲν μικρότερον ὑδρευομένων συνεχῶς αὐθωρὸν καὶ ἐκλείπειν,
καὶ διαλειπόντων τῆς ὑδρείας πληροῦσθαι πάλιν· τὸ δὲ μεῖζον δι' ὅλης τῆς
ἡμέρας τὴν ὑδρείαν ἔχον, μειούμενον μέντοι, καθάπερ καὶ τἆλλα φρέατα
πάντα, νύκτωρ πληροῦσθαι, μηκέτι ὑδρευομένων· ἐπειδὴ δὲ συμπίπτει κατὰ
τὸν τῆς συμπληρώσεως καιρὸν ἡ ἄμπωτις πολλάκις, πεπιστεῦσθαι κενῶς ὑπὸ
τῶν ἐγχωρίων τὴν * ἀντιπάθειαν. Ὅτι μὲν οὖν ἡ ἱστορία πεπίστευται, καὶ
οὗτος εἴρηκε καὶ ἡμεῖς ἐν τοῖς παραδόξοις θρυλουμένην παρειλήφαμεν.
Ἠκούομεν δὲ καὶ φρέατα εἶναι, τὰ μὲν πρὸ τῆς πόλεως ἐν τοῖς κήποις, τὰ δὲ
ἐντός, διὰ δὲ τὴν μοχθηρίαν τοῦ ὕδατος κατὰ τὴν πόλιν δεξαμενὰς
ἐπιπολάζειν τοῦ λακκαίου ὕδατος· εἰ μέντοι καὶ τούτων τι τῶν φρεάτων
ἐπιδείκνυται τὴν τῆς ἀντιπαθείας ὑπόνοιαν, οὐκ ἴσμεν. Τὰς δ' αἰτίας, εἴπερ
συμβαίνει ταῦτα οὕτως, ὡς ἐν χαλεποῖς ἀποδέχεσθαι δεῖ. Εἰκὸς μὲν γὰρ οὕτως
ἔχειν, ὡς ὁ Πολύβιός φησιν, εἰκὸς δὲ καὶ τῶν φλεβῶν τινας τῶν πηγαίων
νοτισθείσας ἔξωθεν χαυνοῦσθαι καὶ παρέκχυσιν εἰς τὰ πλάγια μᾶλλον
διδόναι τοῖς ὕδασιν, ἢ ἀναθλίβειν κατὰ τὸ ἀρχαῖον ῥεῖθρον εἰς τὴν κρήνην·
νοτίζεσθαι δ' ἀναγκαῖον, ἐπικλύσαντος τοῦ κύματος. Εἰ δ', ὥσπερ Ἀθηνόδωρός
φησιν, εἰσπνοῇ τε καὶ ἐκπνοῇ τὸ συμβαῖνον περὶ τὰς πλημμυρίδας καὶ περὶ
τὰς ἀμπώτεις ἔοικεν, εἶναι ἄν τινα τῶν ῥεόντων ὑδάτων, ἃ κατ' ἄλλους μὲν
πόρους ἔχει τὴν ἔκρυσιν κατὰ φύσιν εἰς τὴν ἐπιφάνειαν, ὧν δὴ τὰ στόματα
πηγὰς καὶ κρήνας καλοῦμεν, κατ' ἄλλους δὲ πόρους συνέλκεται πρὸς τὸ τῆς
θαλάττης βάθος· καὶ συνεξαίροντα μὲν ἐκείνην, ὥστε πλημμυρεῖν, ὅταν οἷον
ἡ ἐκπνοὴ γίνηται, τὸ οἰκεῖον ἀπολείπει ῥεῖθρον, πάλιν {δ'} ἀναχωρεῖ πρὸς τὸ
οἰκεῖον ῥεῖθρον, ὅταν κἀκείνη λάβῃ τὴν ἀναχώρησιν.
| [3,5,7] Suivant Polybe, il existe dans l'Heracleum de Gadira une source
d'eau potable, à laquelle on ne peut puiser qu'en descendant quelques
marches, et dont le régime est soi-disant l'inverse de celui de la mer,
vu qu'elle tarit à la marée haute et se remplit à la marée basse : Polybe
explique le fait en disant que, comme l'air, qui des profondeurs de la
terre s'exhale à la surface, ne peut plus, à la marée haute, quand la
surface de la terre est couverte par les flots, s'échapper par ses voies
ou issues habituelles, il est naturellement refoulé à l'intérieur de
manière à obstruer les conduits de la source, ce qui produit le
tarissement apparent de ses eaux; mais qu'à la marée basse, quand la
surface de la terre est de nouveau mise à nu, le courant d'air reprend
sa direction première et cesse d'obstruer les veines de la source, de
sorte que celle-ci recommence à jaillir avec la même abondance.
Artémidore contredit cette explication de Polybe, mais ni ses
objections, ni l'explication que lui-même propose du phénomène, ni
l'opinion de l'historien Silanus, qu'il cite à cette occasion, ne me
paraissent mériter d'être relatées ici, Silanus et lui étant évidemment
aussi étrangers qu'on peut l'être aux questions de cette nature. Quant
à Posidonius, il déclare le fait controuvé. « D'abord, dit-il, c'est deux
puits, et non un, que contient l'Heracleum, et il s'en trouve un troisième
encore dans la ville; des deux puits de l'Heracleum, le plus petit, pour
peu qu'on y puise sans interruption, tarit incontinent, mais pour
recommencer aussitôt à se remplir, si l'on cesse d'y puiser; et le pins
grand qui suffit parfaitement tout le jour aux besoins de ceux qui y
puisent, en baissant toutefois au fur et à mesure, comme cela arrive
généralement pour tous les puits, le plus grand s'élève de nouveau
pendant la nuit, par la raison toute simple, qu'alors personne n'y prend
d'eau. Seulement, ajoute Posidonius, il arrive souvent que le moment
du reflux coïncide avec celui où ces puits se remplissent, et cette vaine
apparence a suffi pour que les gens du pays aient cru à une opposition
constante entre le régime desdites sources et le phénomène des
marées. » Au moins Posidonius constate-t-il la croyance générale au
fait en question; de notre côté, nous l'avons toujours entendu citer au
nombre des faits réputés merveilleux. Nous avons ouï dire, en outre,
qu'il se trouvait beaucoup d'autres puits à Gadira, soit dans les vergers
des faubourgs de la ville, soit dans la ville elle-même. mais que, vu la
mauvaise qualité de l'eau de ces puits, on aimait mieux se servir d'eau
de citerne et qu'on avait en conséquence multiplié ces sortes de
réservoirs sur tous les points de la ville. Y a-t-il maintenant quelque
autre puits parmi ceux-là qui prête à cette supposition d'un régime
inverse de celui de la mer? C'est ce que nous ne saurions dire. Mais,
dans ce cas-là même, il faudrait reconnaître que le phénomène est de
ceux qu'il est bien difficile d'expliquer. Sans doute l'explication que
propose Polybe est spécieuse; ne pourrait-on pas cependant concevoir
aussi la chose d'autre sorte et dire que quelques-unes des veines qui
alimentent les sources se détendent au contact et sous l'influence du
sol humide et lainent leurs eaux s'épandre par les côtés, au lieu de les
pousser par leurs voies ordinaires jusque dans le bassin de la
fontaine? Et de fait cette influence de l'humidité du sol est inévitable
quand, à la marée haute, le flot a tout envahi. S'il est vrai, en outre,
comme le prétend Athénodore, que le flux et le reflux de la mer
ressemblent au double phénomène de l'expiration et de l'aspiration
chez les animaux, ne peut il pas se faire qua les cours d'eau, qui
jaillissent naturellement à la surface de la terre par certains conduits,
dont les ouvertures sont ce que nous appelons des fontaines ou des
sources, que ces cours d'eau, dis-je, soient en même temps par
d'autres voies sollicités et entrainés vers les profondeurs de la mer,
qu'ils soulèvent alors, et dont ils déterminent le mouvement ascendant,
non sans obéir eux-mêmes à cette sorte d'expiration de la mer, ce qui
leur fait abandonner leurs voies naturelles jusqu'à ce que le reflux leur
permette d'y rentrer?
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