[3,2,14] Τοὺς δὲ Φοίνικας λέγω μηνυτάς· καὶ τῆς Ἰβηρίας καὶ τῆς Λιβύης τὴν
ἀρίστην οὗτοι κατέσχον πρὸ τῆς ἡλικίας τῆς Ὁμήρου καὶ διετέλεσαν κύριοι
τῶν τόπων ὄντες, μέχρι οὗ Ῥωμαῖοι κατέλυσαν αὐτῶν τὴν ἡγεμονίαν. Τοῦ δ'
Ἰβηρικοῦ πλούτου καὶ ταῦτα μαρτύρια· Καρχηδόνιοι μετὰ τοῦ Βάρκα
στρατεύσαντες κατέλαβον, ὥς φασιν οἱ συγγραφεῖς, φάτναις ἀργυραῖς καὶ
πίθοις χρωμένους τοὺς ἐν τῇ Τουρδητανίᾳ. Ὑπολάβοι δ' ἄν τις ἐκ τῆς πολλῆς
εὐδαιμονίας καὶ μακραίωνας ὀνομασθῆναι τοὺς ἐνθάδε ἀνθρώπους, καὶ
μάλιστα τοὺς ἡγεμόνας, καὶ διὰ τοῦτο Ἀνακρέοντα μὲν οὕτως εἰπεῖν·
Ἔγωγ' οὔτ' ἂν Ἀμαλθίης
βουλοίμην κέρας οὔτ' ἔτεα
πεντήκοντά τε καὶ ἑκατὸν
Ταρτησσοῦ βασιλεῦσαι·
Ἡρόδοτον δὲ καὶ τὸ ὄνομα τοῦ βασιλέως καταγράψαι, καλέσαντα Ἀργανθώνιον.
| [3,2,14] Mais, je le répète, les premiers renseignements étaient dus aux
Phéniciens, qui, maîtres de la meilleure partie de l'Ibérie et de la Libye,
dès avant l'époque d'Homère, demeurèrent en possession de ces
contrées jusqu'à la destruction de leur empire par les armes romaines.
Quant à la richesse de l'Ibérie, elle nous est attestée encore par ce que
disent certains historiens, que les Carthaginois, dans une expédition
que commandait Barca, trouvèrent les peuples de la Turdétanie se
servant de crèches d'argent et de tonneaux d'argent; on se demande
même à ce propos si ce ne serait pas l'extrême félicité de ces peuples
qui aurait donné lieu à la réputation de longévité qu'on leur a faite,
qu'on a faite surtout à leurs rois, et qu'Anacréon rappelle dans ce
passage : « Je ne souhaite pour moi ni la corne d'Amalthée ni un siècle
et demi de règne sur l'heureuse Tartesse; » ce qui expliquerait, pour le
dire en passant, comment Hérodote nous a conservé le nom
d'Arganthonius, l'un de ces rois.
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