| [3,2,4] Αὐτὴ δ' ἡ Τουρδητανία θαυμαστῶς εὐτυχεῖ· παμφόρου δ' οὔσης αὐτῆς, 
ὡσαύτως δὲ καὶ πολυφόρου, διπλασιάζεται τὰ εὐτυχήματα ταῦτα τῷ 
ἐκκομισμῷ· τὸ γὰρ περιττεῦον τῶν καρπῶν ἀπεμπολεῖται ῥᾳδίως τῷ πλήθει 
τῶν ναυκληρίων. Ποιοῦσι δὲ τοῦτο οἵ τε ποταμοὶ καὶ αἱ ἀναχύσεις, ὡς εἶπον, 
ἐμφερεῖς τοῖς ποταμοῖς οὖσαι καὶ ἀναπλεόμεναι παραπλησίως ἐκ θαλάττης 
οὐ μικροῖς μόνον, ἀλλὰ καὶ μεγάλοις σκάφεσιν εἰς τὰς ἐν τῇ μεσογαίᾳ πόλεις. 
Ἅπασα γάρ ἐστι πεδιὰς ἡ ὑπὲρ τῆς παραλίας ἐπὶ πολὺ τῆς μεταξὺ τοῦ τε ἱεροῦ 
ἀκρωτηρίου καὶ Στηλῶν. Ἐνταῦθα δὲ πολλαχοῦ κοιλάδες εἰς τὴν μεσόγαιαν 
ἐκ τῆς θαλάττης ἀνέχουσι, φάραγξι μετρίαις ἢ καὶ ῥείθροις ἐοικυῖαι ποταμίοις, 
ἐκτεταμέναι ἐπὶ πολλοὺς σταδίους· ταύτας δὲ πληροῦσιν αἱ τῆς θαλάττης 
ἐπιβάσεις κατὰ τὰς πλημμυρίδας, ὥστ' ἀναπλεῖσθαι μηδὲν ἧττον ἢ τοὺς 
ποταμούς, ἀλλὰ καὶ βέλτιον· τοῖς γὰρ κατάπλοις ἔοικε τοῖς ποταμίοις, 
ἀντικόπτοντος μὲν οὐδενός, ἐπουρίζοντος δὲ τοῦ πελάγους καθάπερ τοῦ 
ποταμίου ῥεύματος διὰ τὴν πλημμυρίδα. Αἱ δ' ἐπιβάσεις μείζους εἰσὶν ἐνταῦθα 
ἢ ἐν τοῖς ἄλλοις τόποις, ὅτι εἰς πόρον συνωθουμένη στενὸν ἡ θάλαττα ἐκ 
μεγάλου πελάγους, ὃν ἡ Μαυρουσία ποιεῖ πρὸς τὴν Ἰβηρίαν, ἀνακοπὰς 
λαμβάνει, καὶ φέρεται πρὸς τὰ εἴκοντα μέρη τῆς γῆς εὐπετῶς. Ἔνιαι μὲν οὖν 
τῶν τοιούτων κοιλάδων κενοῦνται κατὰ τὰς ἀμπώτεις, τινὰς δ' οὐ παντάπασιν 
ἐπιλείπει τὸ ὕδωρ, ἔνιαι δὲ καὶ νήσους ἀπολαμβάνουσιν ἐν ἑαυταῖς. Τοιαῦται 
μὲν οὖν εἰσιν αἱ ἀναχύσεις αἱ μεταξὺ τοῦ τε ἱεροῦ ἀκρωτηρίου καὶ τῶν 
Στηλῶν, ἐπίδοσιν ἔχουσαι σφοδροτέραν παρὰ τὰς ἐν τοῖς ἄλλοις τόποις· ἡ 
τοιαύτη δ' ἐπίδοσις ἔχει μέν τι καὶ πλεονέκτημα πρὸς τὰς χρείας τῶν 
πλοϊζομένων· πλείους γὰρ καὶ μείζους ποιεῖ τὰς ἀναχύσεις, πολλάκις καὶ ἐπὶ + 
ὀκτὼ σταδίους ἀναπλεομένας, ὥστε τρόπον τινὰ πᾶσαν πλωτὴν παρέχεται 
τὴν γῆν καὶ εὐπετῆ πρός τε τὰς ἐξαγωγὰς τῶν φορτίων καὶ τὰς εἰσαγωγάς. 
Ἔχει δέ τι καὶ ὀχληρόν· αἱ γὰρ ἐν τοῖς ποταμοῖς ναυτιλίαι (αἱ) διὰ τὴν 
σφοδρότητα τῆς πλημμυρίδος ἰσχυρότερον τῇ ῥύσει τῶν ποταμῶν 
ἀντιπνέουσαν κίνδυνον οὐ μικρὸν τοῖς ναυκληρίοις ἐπιφέρουσι 
κατακομιζομένοις τε ὁμοίως καὶ ἀνακομιζομένοις. Αἱ δὲ ἀμπώτεις ἐν ταῖς 
ἀναχύσεσίν εἰσι βλαβεραί· ταῖς γὰρ πλημμυρίσιν ἀνὰ λόγον καὶ αὐταὶ 
παροξύνονται, διά τε τὸ τάχος καὶ ἐπὶ ξηρᾶς πολλάκις ἐγκατέλιπον τὴν ναῦν. 
Τά τε βοσκήματα εἰς τὰς νήσους διαβαίνοντα τὰς πρὸ τῶν ἀναχύσεων τοτὲ 
μὲν οὖν καὶ ἐπεκλύσθη τοτὲ δὲ ἀπελήφθη, βιαζόμενα δ' ἐπανελθεῖν οὐκ 
ἴσχυσεν ἀλλὰ διεφθάρη· τὰς δὲ βοῦς φασι καὶ τετηρηκυίας τὸ συμβαῖνον 
περιμένειν τὴν ἀναχώρησιν τῆς θαλάττης καὶ τότε ἀπαίρειν εἰς τὴν ἤπειρον. 
 | [3,2,4] La Turdétanie, au contraire, jouit d'une merveilleuse fertilité, non 
seulement tout y vient et en grande abondance, mais ces avantages 
naturels sont en quelque sorte doublés par les facilités qu'elle a pour 
l'exportation de ses produits. Le superflu de ses récoltes, en effet, se 
vend et s'enlève aisément vu le grand nombre de bâtiments de 
commerce qui la sillonnent grâce à ses beaux fleuves et à la 
disposition de ses estuaires, lesquels ressemblent, avons-nous dit, à 
des fleuves, et peuvent être, comme ceux-ci, remontés depuis la mer 
non seulement par les petites embarcations, mais même par de grands 
bâtiments, et peuvent l'être jusqu'aux villes de l'intérieur. On sait qu'au-dessus 
de la côte comprise entre le Promontoire Sacré et les Colonnes 
d'Hercule tout le pays n'est à proprement parler qu'une plaine : or, 
cette plaine sur beaucoup de points est entamée par des combes ou 
ravins, qui, semblables à des vallées de moyenne grandeur, ou tout au 
moins aux lits encaissés des fleuves, partent de la mer et pénètrent 
dans l'intérieur des terres à plusieurs centaines de stades de distance, 
et, comme, à la marée haute, les eaux de la mer y font irruption et les 
remplissent, les embarcations peuvent les remonter ni plus ni moins 
qu'ils remontent les fleuves, voire même plus facilement, car la 
navigation y ressemble à la descente d'une rivière, nul obstacle ne la 
gène et le mouvement ascendant de la marée la favorise comme 
pourrait le faire le courant de la rivière. Ajoutons que sur cette côte le 
flot a plus de force qu'ailleurs : poussé en effet des espaces libres et 
ouverts de la mer Extérieure vers l'étroit canal que la Maurusie forme 
en s'avançant à la rencontre de l'Ibérie, le flot rebondit en quelque 
sorte et pénètre aisément les parties peu résistantes de la côte. 
Quelques-unes de ces combes ou tranchées naturelles se vident 
complètement avec le reflux, d'autres ne sont jamais entièrement à 
sec. Il y en a aussi qui contiennent des îles. Tel est l'aspect particulier 
que donnent aux estuaires compris entre le Promontoire Sacré et les 
Colonnes d'Hercule l'élévation et la force exceptionnelles des marées. 
Sans doute, cette élévation procure certains avantages à la navigation 
: elle est cause, par exemple, que ces estuaires sont ici et plus 
nombreux et plus étendus, ce qui permet aux bâtiments de commerce, 
sur certains points, de remonter par cette voie jusqu'à 8{00} stades 
dans l'intérieur, et le pays, rendu en quelque sorte navigable dans tous 
les sens, offre ainsi à l'importation comme à l'exportation des 
marchandises de grandes facilités. Mais il en résulte aussi des 
inconvénients graves : ainsi, dans les fleuves, la navigation, soit en 
montant soit en descendant, est rendue extrêmement dangereuse par 
cette force du flot et par la résistance plus grande qu'il oppose au 
courant; dans les estuaires, au contraire, c'est le reflux qui est 
particulièrement à craindre; comme son mouvement a en effet une 
rapidité proportionnée à celle du flot, il n'est pas rare de voir des 
bâtiments, surpris par cette rapidité du reflux, demeurer à sec. II est 
arrivé aussi que des bestiaux, en passant dans les îles qui bordent les 
rivages de ces estuaires, aient été engloutis, ou que, se voyant cernés 
dans ces îles, ils aient tenté de revenir et se soient noyés dans le 
trajet. Les gens du pays cependant prétendent que les vaches, pour 
avoir souvent observé le fait, attendent maintenant que la mer se soit 
tout à fait retirée avant d'essayer de regagner la côte.
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