[2,5,8] Ὁ μὲν οὖν Μασσαλιώτης Πυθέας τὰ περὶ Θούλην τὴν βορειοτάτην
τῶν Βρεττανίδων ὕστατα λέγει, παρ' οἷς ὁ αὐτός ἐστι τῷ ἀρκτικῷ ὁ
θερινὸς τροπικὸς κύκλος· παρὰ δὲ τῶν ἄλλων οὐδὲν ἱστορῶ, οὔθ' ὅτι
Θούλη νῆσός ἐστί τις, οὔτ' εἰ τὰ μέχρι δεῦρο οἰκήσιμά ἐστιν, ὅπου ὁ
θερινὸς τροπικὸς ἀρκτικὸς γίνεται. Νομίζω δὲ πολὺ εἶναι νοτιώτερον
τοῦτο τὸ τῆς οἰκουμένης πέρας τὸ προσάρκτιον· οἱ γὰρ νῦν
ἱστοροῦντες περαιτέρω τῆς Ἰέρνης οὐδὲν ἔχουσι λέγειν, ἣ πρὸς ἄρκτον
πρόκειται τῆς Βρεττανικῆς πλησίον, ἀγρίων τελέως ἀνθρώπων καὶ
κακῶς οἰκούντων διὰ ψῦχος, ὥστ' ἐνταῦθα νομίζω τὸ πέρας εἶναι
θετέον. Τοῦ δὲ παραλλήλου τοῦ διὰ Βυζαντίου (τοῦ) διὰ Μασσαλίας
πως ἰόντος, ὥς φησιν Ἵππαρχος πιστεύσας Πυθέᾳ (φησὶ γὰρ ἐν
Βυζαντίῳ τὸν αὐτὸν εἶναι λόγον τοῦ γνώμονος πρὸς τὴν σκιάν, ὃν
εἶπεν ὁ Πυθέας ἐν Μασσαλίᾳ), τοῦ δὲ διὰ Βορυσθένους ἀπὸ τούτου
διέχοντος περὶ τρισχιλίους καὶ ὀκτακοσίους, εἴη ἂν ἐκ τοῦ
διαστήματος τοῦ ἀπὸ Μασσαλίας ἐπὶ τὴν Βρεττανικὴν ἐνταῦθά που
πίπτων ὁ διὰ τοῦ Βορυσθένους κύκλος. Πανταχοῦ δὲ παρακρουόμενος
τοὺς ἀνθρώπους ὁ Πυθέας κἀνταῦθά που διέψευσται· τὸ μὲν γὰρ τὴν
ἀπὸ Στηλῶν γραμμὴν ἐπὶ τοὺς περὶ τὸν Πορθμὸν καὶ Ἀθήνας καὶ
Ῥόδον τόπους ἐπὶ τοῦ αὐτοῦ παραλλήλου κεῖσθαι ὡμολόγηται παρὰ
πολλῶν· ὁμολογεῖται δὲ ὅτι καὶ διὰ μέσου πως τοῦ πελάγους ἐστὶν ἡ
ἀπὸ Στηλῶν ἐπὶ τὸν Πορθμόν. Οἱ δὲ πλέοντες τὸ μέγιστον δίαρμα ἀπὸ
τῆς Κελτικῆς ἐπὶ τὴν Λιβύην εἶναι τὸ ἀπὸ τοῦ Γαλατικοῦ κόλπου
σταδίων πεντακισχιλίων, τοῦτο δ' εἶναι καὶ τὸ μέγιστον πλάτος τοῦ
πελάγους, ὥστ' εἴη ἂν τὸ ἀπὸ τῆς λεχθείσης γραμμῆς ἐπὶ τὸν μυχὸν
τοῦ κόλπου σταδίων δισχιλίων πεντακοσίων, ἐπὶ δὲ Μασσαλίαν
ἐλαττόνων· νοτιωτέρα γάρ ἐστιν ἡ Μασσαλία τοῦ μυχοῦ τοῦ κόλπου.
Τὸ δέ γε ἀπὸ τῆς Ῥοδίας ἐπὶ τὸ Βυζάντιον ἐστὶ τετρακισχιλίων που καὶ
ἐνακοσίων σταδίων, ὥστε πολὺ ἀρκτικώτερος ἂν εἴη ὁ διὰ Βυζαντίου
τοῦ διὰ Μασσαλίας. Τὸ δ' ἐκεῖθεν ἐπὶ τὴν Βρεττανικὴν δύναται
συμφωνεῖν τῷ ἀπὸ Βυζαντίου ἐπὶ Βορυσθένη· τὸ δ' ἐκεῖθεν ἐπὶ τὴν
Ἰέρνην οὐκέτι γνώριμον πόσον ἄν τις θείη, οὐδ' εἰ περαιτέρω ἔτι
οἰκήσιμά ἐστιν, οὐδὲ δεῖ φροντίζειν τοῖς ἐπάνω λεχθεῖσι
{προσέχοντας}· πρός τε γὰρ ἐπιστήμην ἀρκεῖ τὸ λαβεῖν, καθάπερ ἐπὶ
τῶν νοτίων μερῶν, ὅτι ὑπὲρ Μερόης μέχρι τρισχιλίων σταδίων
προελθόντι τῆς οἰκησίμου τίθεσθαι {πέρας} προσῆκεν (οὐχ ὡς ἂν
τούτου ἀκριβεστάτου πέρατος ὄντος, ἀλλ' ἐγγύς γε τἀκριβοῦς), οὕτω
κἀκεῖ τοὺς ὑπὲρ τῆς Βρεττανικῆς οὐ πλείους τούτων θετέον ἢ μικρῷ
πλείους, οἷον τετρακισχιλίους. Πρός τε τὰς ἡγεμονικὰς χρείας οὐδὲν
ἂν εἴη πλεονέκτημα τὰς τοιαύτας γνωρίζειν χώρας καὶ τοὺς
ἐνοικοῦντας, καὶ μάλιστα εἰ νήσους οἰκοῖεν τοιαύτας, αἳ μήτε λυπεῖν
μήτ' ὠφελεῖν ἡμᾶς δύνανται μηδὲν διὰ τὸ ἀνεπίπλεκτον· καὶ γὰρ τὴν
Βρεττανικὴν ἔχειν δυνάμενοι Ῥωμαῖοι κατεφρόνησαν, ὁρῶντες ὅτι
οὔτε φόβος ἐξ αὐτῶν οὐδὲ εἷς ἐστιν (οὐ γὰρ ἰσχύουσι τοσοῦτον ὥστ'
ἐπιδιαβαίνειν ἡμῖν), οὔτ' ὠφέλεια τοσαύτη τις, εἰ κατάσχοιεν. Πλέον
γὰρ (ἂν) ἐκ τῶν τελῶν δοκεῖ προσφέρεσθαι νῦν, ἢ ὁ φόρος δύναται
συντελεῖν, ἀφαιρουμένης τῆς εἰς τὸ στρατιωτικὸν δαπάνης τὸ
φρουρῆσον καὶ φορολογῆσον τὴν νῆσον· πολὺ δ' ἂν ἐπιγένοιτο τὸ
ἄχρηστον ἐπὶ τῶν ἄλλων τῶν περὶ ταύτην νήσων.
| [2,5,8] Pythéas, à la vérité, recule la limite extrême de la terre habitée jusqu'à
une contrée plus septentrionale encore que les dernières terres faisant
partie de la Bretagne, contrée qui porterait le nom de Thulé, et pour les
habitants de laquelle le tropique d'été tiendrait lieu de cercle arctique.
Mais j'ai beau chercher, je ne vois pas qu'aucun autre voyageur ait
mentionné une île du nom de Thulé, et reculé les limites de la terre
habitable jusqu'au climat, pour lequel le tropique d'été fait office de cercle
arctique. Aussi ai je idée qu'il faut reporter bien au midi la limite
septentrionale de notre terre habitée, et, comme nos explorations
modernes ne peuvent signaler aucune terre au delà d'lerné, île située à
une faible distance au N. de la Bretagne, et dont les habitants
complétement sauvages mènent déjà la vie la plus misérable à cause du
froid, je suis assez tenté d'y placer la limite en question. S'il était vrai, en
outre, que le parallèle de Byzance fût à peu près le même que celui de
Massalia, comme le dit Hipparque sur la foi de Pythéas, et sur ce qu'il
aurait trouvé à Byzance le même rapport de l'ombre au gnomon que
Pythéas disait avoir observé à Massalia, le parallèle du Borysthène étant
d'ailleurs éloigné de celui de Byzance de 3.800 stades, on voit que,
d'après la distance de Massalia à la Bretagne, le parallèle du Borysthène
devrait tomber quelque part en Bretagne. Mais ce Pythéas, qui partout et
toujours a cherché à tromper son monde, a certainement encore menti ici.
Ainsi l'on convient généralement que la ligne qui, partant des Colonnes
d'Hercule, se dirige sur le détroit de Sicile, sur Athènes et sur Rhodes,
suit sans dévier le même parallèle; on convient également que la partie
de cette ligne comprise entre les Colonnes d'Hercule et le détroit de Sicile
coupe la mer à peu près par le milieu; et, comme le plus long trajet de la
Celtique en Libye part, au dire des navigateurs, du golfe Galatique et
mesure 5.000 stades, ce qui représente précisément la plus grande
largeur de la mer intérieure, on voit que la ligne en question devra se
trouver à 2.500 stades du fond du golfe et à moins de 2.500 stades de
Massalia, qui se trouve être plus méridionale que le fond du golfe. Mais
d'autre part, la distance de Rhodes à Byzance est de 4.900 stades
environ, le parallèle de Byzance doit donc être beaucoup plus
septentrional que celui de Massalia. Maintenant, sila distance de Massalia
à la Bretagne nous représente à la rigueur l'équivalent de la distance de
Byzance au Borysthène, on ne sait plus quelle peut être la distance du
parallèle du Borysthène à celui d'Ierné, on ne sait pas davantage si au
delà d'Ierné se trouvent encore d'autres terres habitables, sans qu'il y ait
du reste, nous l'avons dit plus haut, grand intérêt à le chercher, car il suffit
pour la science que l'on suppose, comme on a fait pour le midi, où l'on a
cru pouvoir, non pas rigoureusement il est vrai, mais d'une façon au
moins approximative, placer la limite de la terre habitable à 3.000 stades
au-dessus de Méroé, que l'on suppose, dis-je, du côté du nord
également, la limite placée à 3.000 stades au-dessus de la Bretagne ou à
un peu plus de 3.000 stades, à 4.000 par exemple. Ajoutons qu'au point de
vue politique il n'y aurait également aucun avantage à connaître ces
contrées lointaines avec leurs habitants, surtout si ce sont encore des
îles, qui, faute de communication facile, ne pourraient rien pour nous soit
en bien soit en mal. Cela est si vrai que les Romains, qui pouvaient
prendre possession de la Bretagne, ont dédaigné de le faire, sentant bien
qu'il n'y avait, d'une part, rien à redouter pour eux, rien absolu-ment, de
peuples comme les Bretons, trop faibles évidemment pour oser jamais
franchir le détroit et nous venir attaquer, et rien à gagner, d'autre part, à
l'occupation d'un pays comme le leur. Et il semble effectivement que les
droits que notre commerce prélève actuellement sur ces peuples nous
rapportent plus que ne ferait un tribut régulier, diminué naturellement des
frais d'entretien de l'armée qui serait chargée de garder l'île et de faire
rentrer l'impôt; sans compter que l'occupation eût été plus improductive
encore si elle se fût étendue à toutes les îles qui peuvent entourer la Bretagne.
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