[2,1,5] Πρῶτον μὲν ὅτι πολλαῖς μαρτυρίαις ἐκείνου χρησαμένου μιᾷ φησι
τῇ Πατροκλέους αὐτὸν χρῆσθαι. Τίνες οὖν ἦσαν οἱ φάσκοντες τὰ
μεσημβρινὰ ἄκρα τῆς Ἰνδικῆς ἀνταίρειν τοῖς κατὰ Μερόην; Τίνες δ' οἱ
τὸ ἀπὸ Μερόης διάστημα μέχρι τοῦ δι' Ἀθηνῶν παραλλήλου τοσοῦτον
λέγοντες; Τίνες δὲ πάλιν οἱ τὸ τῶν ὀρῶν πλάτος {τοσοῦτον}, ἢ οἱ τὸ
ἀπὸ τῆς Κιλικίας ἐπὶ τὴν Ἀμισὸν τὸ αὐτὸ τούτῳ λέγοντες; Τίνες δὲ οἱ {τὸ}
ἀπὸ Ἀμισοῦ διὰ Κόλχων καὶ τῆς Ὑρκανίας μέχρι Βακτρίων καὶ τῶν
ἐπέκεινα εἰς τὴν ἑῴαν θάλατταν καθηκόντων ἐπ' εὐθείας τε εἶναι
λέγοντες καὶ ἐπ' ἰσημερινὰς ἀνατολὰς καὶ παρὰ τὰ ὄρη ἐν δεξιᾷ
ἔχοντι αὐτά; Ἢ πάλιν τὸ ἐπὶ τὴν δύσιν ἐπ' εὐθείας ταύτῃ τῇ γραμμῇ,
διότι ἐπὶ τὴν Προποντίδα ἐστὶ καὶ τὸν Ἑλλήσποντον; Ταῦτα γὰρ ὁ
Ἐρατοσθένης λαμβάνει πάντα ὡς καὶ ο'ἐκμαρτυρούμενα ὑπὸ τῶν ἐν
τοῖς τόποις γενομένων, ἐντετυχηκὼς ὑπομνήμασι πολλοῖς, ὧν εὐπόρει
βιβλιοθήκην ἔχων τηλικαύτην ἡλίκην αὐτὸς Ἵππαρχός φησι.
| [2,1,5] A mon tour, je trouve que ce jugement d'Hipparque prête à plus d'une
rectification. Et d'abord, quand il est notoire qu'Ératosthène a consulté
maintes autorités différentes, comment prétendre que Patrocle soit la
seule dont il s'est servi ? Que fait-un à ce compte du témoignage de
l'informateur, qui a dû lui apprendre que l'extrémité méridionale de l'Inde
correspondait juste à Méroé, du témoignage de cet autre informateur qui
lui aura fourni la mesure de la distance de Méroé au parallèle d'Athènes,
de cet autre encore qui lui aura fait connaître la vraie largeur de la chaîne
de montagnes, et comme elle égale l'intervalle qui sépare la Cilicie
d'Amisus, de ceux enfin qui lui auront appris comment la route qui,
partant d'Amisus traverse la Colchide et l'Hyrcanie, et mène jusqu'en
Bactriane et plus loin même jusque chez les peuples des bords de la mer
Orientale, se dirige en droite ligne au plein levant équinoxial, le long et à
la gauche des montagnes, tandis qu'au couchant la même ligne
prolongée coupe la Propontide et l'Hellespont? Car, si Ératosthène admet
comme vraies ces différentes données, c'est apparemment sur la foi de
voyageurs qui avaient été sur les lieux et qu'il avait pu consulter tout à
son aise, ayant rencontré sans doute leurs relations parmi les trésors de
cette bibliothèque qu'il avait à sa disposition, et dont Hipparque lui-même
a vanté la richesse.
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