[2,1,14] Φέρε δὴ ἐπὶ τὴν ἀνταίρουσαν τῇ Κινναμωμοφόρῳ καὶ ἐπὶ τοῦ
αὐτοῦ παραλλήλου πρὸς ἕω κειμένην ὑποβῶμεν. Αὕτη δ' ἐστὶν ἡ περὶ
τὴν Ταπροβάνην· ἡ δὲ Ταπροβάνη πεπίστευται σφόδρα ὅτι τῆς Ἰνδικῆς
πρόκειται πελαγία μεγάλη νῆσος πρὸς νότον, μηκύνεται δὲ ἐπὶ τὴν
Αἰθιοπίαν πλέον ἢ πεντακισχιλίους σταδίους, ὥς φασιν, ἐξ ἧς καὶ
ἐλέφαντα κομίζεσθαι πολὺν εἰς τὰ τῶν Ἰνδῶν ἐμπόρια καὶ χελώνεια
καὶ ἄλλον φόρτον. Ταύτῃ δὴ τῇ νήσῳ πλάτος προστεθὲν τὸ ἀνάλογον
τῷ μήκει καὶ δίαρμα τὸ ἐπ' αὐτὴν ἐκ τῆς Ἰνδικῆς τῶν μὲν τρισχιλίων
σταδίων οὐκ ἂν ἔλαττον ποιήσειε διάστημα, ὅσον ἦν τὸ ἀπὸ τοῦ ὅρου
τῆς οἰκουμένης εἰς Μερόην, εἴπερ μέλλει τὰ ἄκρα τῆς Ἰνδικῆς
ἀνταίρειν τῇ Μερόῃ· πιθανώτερον δ' ἐστὶ καὶ πλείους τῶν τρισχιλίων
τιθέναι. Εἰ δὴ τοῦτο προσθείη τις τοῖς τρισμυρίοις, οἷς φησιν ὁ
Δηίμαχος μέχρι τῆς εἰς Βακτρίους καὶ Σογδιανοὺς ὑπερθέσεως,
ἐκπέσοι ἂν πάντα ταῦτα τὰ ἔθνη τῆς οἰκουμένης καὶ τῆς εὐκράτου. Τίς
ἂν οὖν θαρρήσειε ταῦτα λέγειν, ἀκούων καὶ τῶν πάλαι καὶ τῶν νῦν
τὴν εὐκρασίαν καὶ τὴν εὐκαρπίαν λεγόντων πρῶτον μὲν τὴν τῶν
προσβόρρων Ἰνδῶν, ἔπειτα δὲ καὶ τὴν ἐν τῇ Ὑρκανίᾳ καὶ τῇ Ἀρίᾳ καὶ
ἐφεξῆς τῇ τε Μαργιανῇ καὶ τῇ Βακτριανῇ; Ἅπασαι γὰρ αὗται
προσεχεῖς μέν εἰσι τῇ βορείῳ πλευρᾷ τοῦ Ταύρου, καὶ ἥ γε Βακτριανὴ
καὶ πλησιάζει τῇ εἰς Ἰνδοὺς ὑπερθέσει, τοσαύτῃ δ' εὐδαιμονίᾳ
κέχρηνται ὥστε πάμπολύ τι ἀπέχειν τῆς ἀοικήτου. Ἐν μέν γε τῇ
Ὑρκανίᾳ τὴν ἄμπελον μετρητὴν οἴνου φέρειν φασί, τὴν δὲ συκῆν
μεδίμνους ἑξήκοντα, τὸν δὲ σῖτον ἐκ τοῦ ἐκπεσόντος καρποῦ τῆς
καλάμης πάλιν φύεσθαι, ἐν δὲ τοῖς δένδρεσι σμηνουργεῖσθαι καὶ τῶν
φύλλων ἀπορρεῖν μέλι, ὅπερ γίνεσθαι μὲν καὶ τῆς Μηδίας ἐν τῇ
Ματιανῇ καὶ τῆς Ἀρμενίας ἐν τῇ Σακασηνῇ καὶ τῇ Ἀραξηνῇ· ἀλλ'
ἐνταῦθα μὲν οὐκ ἐπ' ἴσης θαυμαστόν, εἴπερ εἰσὶ νοτιώτεραι τῆς
Ὑρκανίας καὶ εὐκρασίᾳ διαφέρουσαι τῆς ἄλλης χώρας· ἐκεῖ δὲ
μᾶλλον. Ἐν δὲ τῇ Μαργιανῇ τὸν πυθμένα φασὶν εὑρίσκεσθαι τῆς
ἀμπέλου πολλάκις δυεῖν ἀνδρῶν ὀργυιαῖς περιληπτόν, τὸν δὲ βότρυν
δίπηχυν. Παραπλησίαν δὲ λέγουσι καὶ τὴν Ἀρίαν, εὐοινίᾳ δὲ καὶ
ὑπερβάλλειν, ἐν ᾗ γε καὶ εἰς τριγένειαν παραμένειν ἐν ἀπιττώτοις
ἄγγεσι τὸν οἶνον· πάμφορον δ' εἶναι καὶ τὴν Βακτριανὴν πλὴν ἐλαίου,
πλησίον τῇ Ἀρίᾳ παρακειμένην.
| [2,1,14] A présent, transportons-nous à l'opposite de la Cinnamômophore en
suivant dans la direction de l'est toujours le même parallèle, nous
atteignons ainsi les parages de la Taprobane. On croit. fermement que la
Taprobane est une grande île située en pleine mer, au midi et en avant de
l'Inde, qu'elle s'étend, qui plus est, en longueur dans la direction de
l'Éthiopie sur un espace de plus de 5.000 stades, et qu'elle envoie sur les
marchés de l'Inde une quantité considérable d'ivoire, d'écaille et d'autres
objets d'échange. Or, prêtons-lui une largeur proportionnée à sa longueur
: cela, joint à l'espace qui la sépare de l'Inde, ne saurait faire moins de
3.000 stades, ce qui est juste la distance qu'on calcule depuis la limite
extrême de la terre habitée jusqu'à Méroé, s'il est vrai que les extrémités
de l'Inde correspondent exactement à l'île de Méroé : peut-être même un
nombre plus fort serait-il plus près de la vérité. Ajoutons ensuite ces 3.000
stades aux 30.000 que suppute Déimaque jusqu'au col qui donne accès
chez les Bactriens et les Sogdiens, et voilà ces peuples rejetés en dehors
de la zone habitable et tempérée ! Mais personne osera-t-il avancer rien
de pareil après tous les récits qu'on a faits et qu'on fait encore de
l'heureux climat et de la fertilité merveilleuse, non seulement de l'Inde
septentrionale, mais de l'Hyrcanie elle-même, de l'Arie et des contrées qui
suivent, telles que la Margiane et la Bactriane? Car toutes ces contrées,
bien qu'elles appartiennent au versant septentrional du Taurus, et que la
Bactriane touche même au col par où l'on entre dans l'Inde, toutes, dis-je,
jouissent d'un si heureux climat, qu'on ne saurait rien concevoir qui diffère
davantage de la nature des contrées inhabitables. En Hyrcanie, par
exemple, si ce qu'on dit est vrai, tel cep de vigne donne jusqu'à un
métrète de vin, tel figuier jusqu'à soixante médimnes de figues, le grain
tombé des épis suffit à faire lever une seconde moisson, les abeilles font
leurs ruches dans les arbres, et le miel découle des feuilles. En Médie,
dans le canton de Matiane, en Arménie, dans ceux de Smashe et
d'Araxène, les mêmes faits se produisent, sans être aussi surprenants,
puisque ces cantons sont plus méridionaux que l'Hyrcanie, et qu'ils
jouissent d'ailleurs d'un climat exceptionnel relativement au reste des
pays auxquels ils appartiennent. En Hyrcanie, la chose est donc
autrement merveilleuse. Dans la Margiane, aussi, l'on assure qu'il n'est
pas rare de trouver des ceps de vigne tellement gros, que deux hommes
auraient peine à en embrasser le pied, et que leurs grappes ont jusqu'à
deux coudées de long. L'Arie, qui passe pour posséder également tous
ces mêmes avantages, semble, en outre, supérieure aux provinces
voisines par la qualité de ses vignobles, car les vins s'y conservent
jusqu'à la troisième génération, et cela dans des vases qu'on n'a pas
enduits de poix. Enfin l'on nous dit que dans la Bactriane, laquelle confine
à l'Arie, tout vient, tout absolument, excepté l'olivier.
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