[2,5,43] Τὰ δ' ἐπέκεινα, ἤδη πλησιάζοντα τῇ ἀοικήτῳ διὰ ψῦχος, οὐκέτι
χρήσιμα τῷ γεωγράφῳ ἐστίν. Ὁ δὲ βουλόμενος καὶ ταῦτα μαθεῖν καὶ
ὅσα ἄλλα τῶν οὐρανίων Ἵππαρχος μὲν εἴρηκεν, ἡμεῖς δὲ
παραλείπομεν διὰ τὸ τρανότερα εἶναι τῆς νῦν προκειμένης
πραγματείας, παρ' ἐκείνου λαμβανέτω. Τρανότερα δ' ἐστὶ καὶ τὰ περὶ
τῶν περισκίων καὶ ἀμφισκίων καὶ ἑτεροσκίων, ἅ φησι Ποσειδώνιος.
Ὅμως γε καὶ τούτων τό γε τοσοῦτον ἐπιμνηστέον, ὥστε τὴν ἐπίνοιαν
διασαφῆσαι, καὶ πῆ χρήσιμον πρὸς τὴν γεωγραφίαν, καὶ πῆ ἄχρηστον.
Ἐπεὶ δὲ περὶ τῶν ἀφ' ἡλίου σκιῶν ὁ λόγος ἐστίν, ὁ δ' ἥλιος πρὸς
αἴσθησιν κατὰ παραλλήλου φέρεται, καθ' οὗ καὶ ὁ κόσμος· παρ' οἷς
καθ' ἑκάστην κόσμου περιστροφὴν ἡμέρα γίνεται καὶ νύξ, ὅτε μὲν
ὑπὲρ γῆς τοῦ ἡλίου φερομένου ὅτε δ' ὑπὸ γῆν, παρὰ τούτοις οἵ τε
ἀμφίσκιοι ἐπινοοῦνται καὶ οἱ ἑτερόσκιοι. Ἀμφίσκιοι μὲν ὅσοι κατὰ
μέσον ἡμέρας τοτὲ μὲν ἐπὶ τάδε πιπτούσας ἔχουσι τὰς σκιάς, ὅταν ὁ
ἥλιος ἀπὸ μεσημβρίας τῷ γνώμονι προσπίπτῃ τῷ ὀρθῷ πρὸς τὸ
ὑποκείμενον ἐπίπεδον, τοτὲ δ' εἰς τοὐναντίον, ὅταν ὁ ἥλιος εἰς
τοὐναντίον περιστῇ· τοῦτο δὲ συμβέβηκε μόνοις τοῖς μεταξὺ τῶν
τροπικῶν οἰκοῦσιν. Ἑτερόσκιοι δ' ὅσοις ἢ ἐπὶ τὴν ἄρκτον ἀεὶ πίπτουσιν
ὥσπερ ἡμῖν, ἢ ἐπὶ τὰ νότια ὥσπερ τοῖς ἐν τῇ ἑτέρᾳ εὐκράτῳ ζώνῃ
οἰκοῦσι· τοῦτο δὲ συμβαίνει πᾶσι τοῖς ἐλάττονα ἔχουσι τοῦ τροπικοῦ
τὸν ἀρκτικόν. Ὅταν δὲ τὸν αὐτὸν ἢ μείζονα, ἀρχὴ τῶν περισκίων ἐστὶ
μέχρι τῶν οἰκούντων ὑπὸ τῷ πόλῳ. Τοῦ γὰρ ἡλίου καθ' ὅλην τὴν τοῦ
κόσμου περιστροφὴν ὑπὲρ γῆς φερομένου, δῆλον ὅτι καὶ ἡ σκιὰ κύκλῳ
περιενεχθήσεται περὶ τὸν γνώμονα· καθ' ὃ δὴ καὶ περισκίους αὐτοὺς
ἐκάλεσεν, οὐδὲν ὄντας πρὸς τὴν γεωγραφίαν· οὐ γάρ ἐστιν οἰκήσιμα
ταῦτα τὰ μέρη διὰ ψῦχος, ὥσπερ ἐν τοῖς πρὸς Πυθέαν λόγοις
εἰρήκαμεν. Ὥστ' οὐδὲ τοῦ μεγέθους τῆς ἀοικήτου ταύτης φροντιστέον
ἐκ τοῦ λαβεῖν, ὅτι οἱ ἔχοντες ἀρκτικὸν τὸν τροπικὸν ὑποπεπτώκασι τῷ
γραφομένῳ κύκλῳ ὑπὸ τοῦ πόλου τοῦ ζωδιακοῦ κατὰ τὴν τοῦ κόσμου
περιστροφήν, ὑποκειμένου τοῦ μεταξὺ διαστήματος τοῦ τε ἰσημερινοῦ
καὶ τοῦ τροπικοῦ τεττάρων ἑξηκοστῶν τοῦ μεγίστου κύκλου.
| [2,5,43] Pour ce qui est des contrées ultérieures, lequelles touchent déjà pour
ainsi dire à la partie de la terre que le froid rend inhabitable, le géographe
n'a que faire de s'en occuper. Que si l'on veut pourtant s'instruire de la
nature de ces climats, comme de maint autre détail astronomique
qu'Hipparque a fait connaître, mais qui ne serait qu'un vain luxe dans un
traité comme le nôtre, et que nous avons dû négliger pour cette raison, on
devra recourir à Hipparque lui-même. Ce serait également charger notre
ouvrage d'un détail superflu que de reproduire tout ce que Posidonius a
publié au sujet des Périsciens, des Amphisciens et des Hétérosciens.
Nous devrons pourtant nous-même en toucher quelques mots, en dire
assez du moins pour que nos lecteurs se fassent une idée claire de ces
dénominations, et puissent distinguer dans la théorie de Posidonius la
partie utile et la partie inutile au géographe. Il s'agit là d'ombres solaires,
et comme le soleil , au jugement de nos sens, se meut dans un cercle
parallèle à la révolution diurne du monde, on conçoit que les peuples pour
lesquels se produit, à chaque révolution du monde, la succession d'un
jour et d'une nuit, par suite de la position alternative du soleil au-dessus et
au-dessous de l'horizon, doivent être ou Amphisciens ou Hétérosciens:
amphisciens, quand après avoir vu, pendant une partie de l'année,
l'ombre méridienne tomber au nord, parce que le soleil frappe alors du
midi le gnomon élevé perpendiculairement sur une surface plane, ils la
voient, le reste de l'année, tomber dans une direction con-traire, parce
que le soleil frappe alors le gnomon du côté opposé (ce qui n'arrive que
pour les habitants de la zone comprise entre les tropiques); hétérosciens,
quand ils voient l'ombre méridienne tomber ou toujours au nord (comme
c'est le cas pour nous), ou toujours au midi (comme il arrive aux habitants
de l'autre zone tempérée et en général à tous les peuples qui voient le
cercle arctique plus petit que le tropique). Mais, avec les premiers
peuples qui voient le cercle arctique de même grandeur ou plus grand
que le tropique, commence la région dite des Périsciens, laquelle s'étend
jusqu'au pôle : comme, en effet, pour cette partie de la terre, le soleil,
pendant toute la durée de la révolution diurne du monde, se meut au
dessus de l'horizon, il est évident que l'ombre y doit décrire un cercle
entier autour du gnomon. De là cette dénomination de périsciens
proposée par Posidonius: quant aux pays qu'elle désigne, ils n'existent
pas, à proprement parler, pour le géographe ; car, ainsi que nous l'avons
dit en réfutant Pythéas, le froid les rend absolument inhabitables. Nous
n'avons même pas, d'après cela, à nous occuper de l'étendue que peut
avoir cette région inhabitable, qu'il nous suffise d'avoir précédemment
établi que la distance entre l'équateur et le tropique est de 4 soixantièmes
du grand cercle de la terre, ce qui place toute contrée ayant le tropique
pour cercle arctique sous le cercle que le pôle du zodiaque décrit dans la
révolution diurne du monde.
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