HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre I

ἀλλ



Texte grec :

[1,2,31] Ἐπεὶ δὲ καὶ τὰ περὶ τῆς πλάνης τῆς Μενελάου λεχθέντα συνηγορεῖν δοκεῖ τῇ ἀγνοίᾳ τῇ περὶ τοὺς τόπους ἐκείνους, βέλτιον ἴσως ἐστὶ τὰ ἐν τοῖς ἔπεσι τούτοις ζητούμενα προεκθεμένους ἅμα ταῦτά τε διαστεῖλαι καὶ περὶ τοῦ ποιητοῦ ἀπολογήσασθαι καθαρώτερον. Φησὶ δὴ πρὸς Τηλέμαχον ὁ Μενέλαος θαυμάσαντα τὸν τῶν βασιλείων κόσμον· Ἦ γὰρ πολλὰ παθὼν καὶ πόλλ' ἐπαληθεὶς ἠγαγόμην ἐν νηυσί, καὶ ὀγδοάτῳ ἔτει ἦλθον Κύπρον Φοινίκην τε καὶ αἰγυπτίους ἐπαληθείς, Αἰθίοπάς θ' ἱκόμην καὶ Σιδονίους καὶ Ἐρεμβοὺς καὶ Λιβύην. Ζητοῦσι δὲ, πρὸς τίνας ἦλθεν αἰθίοπας, πλέων ἐξ Αἰγύπτου· οὔτε γὰρ ἐν τῇ καθ' ἡμᾶς θαλάττῃ οἰκοῦσί τινες Αἰθίοπες, οὔτε τοῦ Νείλου τοὺς καταράκτας ἦν διελθεῖν ναυσί· τίνες τε οἱ Σιδόνιοι· οὐ γὰρ οἵ γε ἐν Φοινίκῃ· οὐ γὰρ ἂν τὸ γένος προθεὶς τὸ εἶδος ἐπήνεγκε· τίνες τε οἱ Ἐρεμβοί· καινὸν γὰρ τὸ ὄνομα. Ἀριστόνικος μὲν οὖν ὁ καθ' ἡμᾶς γραμματικὸς ἐν τοῖς περὶ τῆς Μενελάου πλάνης πολλῶν ἀναγέγραφεν ἀνδρῶν ἀποφάσεις περὶ ἑκάστου τῶν ἐκκειμένων κεφαλαίων· ἡμῖν δ' ἀρκέσει κἂν ἐπιτέμνοντες λέγωμεν. Οἱ μὲν δὴ πλεῦσαι φήσαντες εἰς τὴν Αἰθιοπίαν, οἱ μὲν περίπλουν τῶν διὰ Γαδείρων μέχρι τῆς Ἰνδικῆς εἰσάγουσιν, ἅμα καὶ τὸν χρόνον τῇ πλάνῃ συνοικειοῦντες, ὅν φησιν, ὅτι ὀγδοάτῳ ἔτει ἦλθον· οἱ δὲ διὰ τοῦ ἰσθμοῦ τοῦ κατὰ τὸν Ἀράβιον κόλπον· οἱ δὲ διὰ τῶν διωρύγων τινός. Οὔτε δ' ὁ περίπλους ἀναγκαῖος, ὃν Κράτης εἰσάγει, οὐχ ὡς ἀδύνατος εἶναι ( καὶ γὰρ {οὐδ'} ἡ Ὀδυσσέως πλάνη ἀδύνατος), ἀλλ' ὅτι οὔτε πρὸς τὰς ὑποθέσεις τὰς μαθηματικὰς χρήσιμος, οὔτε πρὸς τὸν χρόνον τῆς πλάνης. Καὶ γὰρ ἀκούσιοι διατριβαὶ κατέσχον αὐτὸν ὑπὸ δυσπλοίας, φήσαντος ὅτι ἀπὸ ἑξήκοντα νεῶν πέντε ἐλείφθησαν αὐτῷ, καὶ ἑκούσιοι χρηματισμοῦ χάριν· φησὶ γὰρ ὁ Νέστωρ· Ὣς ὁ μὲν, ἔνθα πολὺν βίοτον καὶ χρυσὸν ἀγείρων, ἠλᾶτο ξὺν νηυσί· Κύπρον Φοινίκην τε καὶ Αἰγυπτίους ἐπαληθείς. Ὅ τε διὰ τοῦ ἰσθμοῦ πλοῦς ἢ τῶν διωρύγων λεγόμενος μὲν ἠκούετο ἂν ἐν μύθου σχήματι, μὴ λεγόμενος δὲ περιττῶς καὶ ἀπιθάνως εἰσάγοιτο ἄν. Ἀπιθάνως δὲ λέγω, ὅτι πρὸ τῶν Τρωικῶν οὐδεμία ἦν διῶρυξ· τὸν δὲ ἐπιχειρήσαντα ποιῆσαι Σέσωστριν ἀποστῆναί φασι, μετεωροτέραν ὑπολαβόντα τὴν τῆς θαλάττης ἐπιφάνειαν. ἀλλὰ μὴν οὐδ' ὁ ἰσθμὸς ἦν πλόιμος· ἀλλ' εἰκάζει ὁ Ἐρατοσθένης οὐκ εὖ. Μὴ γάρ πω τὸ ἔκρηγμα τὸ κατὰ τὰς Στήλας γεγονέναι νομίζει· ὥστε ἐνταῦθα {μὴ} συνάπτειν τὴν εἴσω θάλατταν τῇ ἐκτὸς καὶ καλύπτειν τὸν ἰσθμὸν μετεωροτέραν οὖσαν, τοῦ δ' ἐκρήγματος γενομένου ταπεινωθῆναι καὶ ἀνακαλύψαι τὴν γῆν τὴν κατὰ τὸ Κάσιον καὶ τὸ Πηλούσιον μέχρι τῆς Ἐρυθρᾶς. Τίνα οὖν ἔχομεν ἱστορίαν περὶ τοῦ ἐκρήγματος τούτου διότι πρὸ τῶν Τρωικῶν οὔπω ὑπῆρχεν; Ἴσως δ' ὁ ποιητὴς ἅμα μὲν τὸν Ὀδυσσέα ταύτῃ διεκπλέοντα εἰς τὸν ὠκεανὸν πεποίηκεν, ὡς ἤδη ἐκρήγματος γεγονότος, ἅμα δὲ εἰς τὴν Ἐρυθρὰν τὸν Μενέλαον ἐκ τῆς Αἰγύπτου ναυστολεῖ ὡς οὔπω γεγονότος. ἀλλὰ καὶ τὸν Πρωτέα εἰσάγει λέγοντα αὐτῷ, Ἀλλά σ' ἐς Ἠλύσιον πεδίον καὶ πείρατα γαίης ἀθάνατοι πέμψουσι. Ποῖα οὖν; Καὶ ὅτι ἑσπέριόν τινα λέγει τόπον τοῦτον ἔσχατον, ὁ Ζέφυρος παρατεθεὶς δηλοῖ· Ἀλλ' αἰεὶ Ζεφύροιο λιγυπνείοντας ἀήτας ὠκεανὸς ἀνίησι. Ταῦτα γὰρ αἰνίγματος πλήρη.

Traduction française :

[1,2,31] 31. Du reste, comme tout ce récit des erreurs de Ménélas, dans Homère, semble au premier abord donner raison à ceux qui lui reprochent d'avoir absolument ignoré la géographie de ces contrées, le mieux que nous ayons à faire est de commencer par exposer une à une les critiques qua ce récita soulevées, pour les soumettre ensuite elles-mêmes à un examen sérieux et pour rendre ainsi la justification du poète plus complète et plus claire. Ménélas dit à Télémaque, en l'entendant s'extasier sur la somptuosité de sa royale demeure : «Oui, mais pour rapporter tous ces trésors, j'ai dû beaucoup souffrir et longtemps errer sur mes vaisseaux ; et quand, après huit ans, je revins dans ma patrie, j'avais parcouru Chypre, la Phénicie, l'Égypte et visité tour à tour les Éthiopiens, les Sidoniens et les Érembes et la Libye tout entière.» Or, on se demande d'abord quels sont ces Éthiopiens, chez qui Ménélas put se rendre ainsi d'Égypte en naviguant? Car, il n'y a point d'Éthiopiens sur les rivages de notre mer, et, d'autre part, les vaisseaux de Ménélas n'auraient jamais pu franchir les cataractes du Nil. Quels sont aussi ces Sidoniens? Ce ne sont pas ceux de Phénicie assurément : le poète n'avait que faire, ayant préalablement nommé le genre, de mentionner en outre l'espèce. Qui sont enfin ces Érembes, dont le nom paraît là pour la première fois? Chacune de ces questions a donné lieu à un grand nombre de solutions différentes que le grammairien Aristonic, de nos jours, a, dans son Commentaire sur les erreurs de Ménélas, relatées tout au long. Nous nous bornerons, nous, à les reproduire ici en abrégé. Il y a d'abord certains auteurs qui veulent que ce soit par mer que Ménélas a gagné l'Éthiopie : parmi ceux-là même, les uns introduisent l'idée d'un périple, que Ménélas aurait exécuté en faisant le tour par Gadira jusqu'aux rivages de l'Inde, et cela sans doute pour essayer de proportionner la longueur du trajet à la durée si prolongée de l'absence du héros, absence que Ménélas lui-même dit avoir été de huit années; suivant d'autres, les vaisseaux du héros auraient franchi directe-ment l'isthme attenant au golfe Arabique; d'autres enfin les font passer par quelqu'un des canaux {dérivés du Nil}. Or, d'une part, le périple que Cratès introduit ici, n'est nullement nécessaire, non qu'il soit d'une exécution impossible (les erreurs mêmes d'Ulysse n'offrent pas d'impossibilité absolue), mais parce qu'Il n'ajoute rien à la vraisemblance des hypothèses mathématiques de cet auteur et n'explique pas davantage la longue durée des erreurs de Ménélas : il dut y avoir en effet, pour retenir si longtemps le héros éloigné de ses foyers, et des retards involontaires occasionnés par les difficultés mêmes de la navigation, puisque Ménélas avoue n'avoir sauvé que cinq vaisseaux sur soixante, et des retards volontaires utilisés au profit de son avarice. Nestor ne dit-il point : «C'est ainsi qu'en parcourant les mers Ménélas entassait sur ses vaisseaux tant d'or et tant d'objets précieux» {Et Ménélas lui-même ne rappelle-t-il point tout ce qu'il avait amassé de richesses} «En parcourant Chypre, la Phénicie, l'Égypte» Quant à ce passage direct à travers l'isthme ou par un des canaux dérivés du Nil, si le poète en eût parlé, personne à coup sûr n'y eût vu autre chose qu'une fiction poétique; mais il n'en a dit mot, et ne serait-ce pas alors introduire gratuitement et contre toute vraisemblance une nouvelle difficulté dans le débat que de l'invoquer? Je dis contre toute vraisemblance, puisque avant la guerre de Troie aucun de ces canaux n'existait encore : Sésostris qui passe pour avoir entrepris d'en creuser un, avait de lui-même renoncé à son projet, présumant le niveau de la mer par trop élevé. Et pour ce qui est de l'isthme même, on ne voit pas qu'il ait pu être navigable davantage. Ératosthène, qui suppose le contraire, se trompe évidemment : il conjecture que l'ouverture du détroit des colonnes d'Hercule n'avait pas encore eu lieu, de telle sorte que la mer intérieure, privée de toute communication avec la mer extérieure, couvrait alors l'isthme entier, lequel se trouvait être d'un niveau sensiblement inférieur au sien, mais qu'une fois la rupture de la barrière effectuée, le niveau de ladite mer s'étant naturellement abaissé, ses eaux laissèrent à découvert tout le terrain aux environs du mont Casius et de Péluse jusqu'à la mer Érythrée. Mais quelle autorité avons-nous qui nous atteste qu'avant l'expédition des Grecs contre Ilion l'ouverture du détroit n'avait pas encore eu lieu ? - Dira-t-on par hasard que, si Homère, pour faire entrer Ulysse dans l'Océan du côté de l'occident, a supposé le détroit déjà ouvert, en faisant d'autre part naviguer Ménélas d'Égypte en Éthiopie, il avait dû le supposer fermé encore? - On oublie qu'in fait dire aussi par Protée à Ménélas, à Ménélas lui-même «Les dieux te conduiront vers les Champs Élyséens à l'extrémité de la terre.» Or, de quelle extrémité peut-il être ici question, si ce n'est de l'extrémité occidentale de la terre, de quelque lieu extrême situé de ce côté, comme le prouve la mention du zéphyr, placée à dessein par le poète dans les vers qui, suivent : «Toujours du sein de l'Océan s'élève le souffle harmonieux du zéphyr.» Il faut en convenir, tout ce système d'Ératosthène n'est qu'un tissu d'énigmes.





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Dernière mise à jour : 14/12/2005