HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre I

ἀλλ



Texte grec :

[1,2,20] Τὸ δ' ὅλον οὐκ εὖ, τὸ τὴν Ὁμήρου ποίησιν εἰς ἓν συνάγειν τῇ τῶν ἄλλων ποιητῶν εἴς τε τἆλλα καὶ εἰς αὐτὰ τὰ νῦν προκείμενα, τὰ τῆς γεωγραφίας, καὶ μηδὲν αὐτῷ πρεσβεῖον ἀπονέμειν. Καὶ γὰρ εἰ μηδὲν ἄλλο, τόν γε Τριπτόλεμον τὸν Σοφοκλέους ἢ τὸν ἐν ταῖς Βάκχαις ταῖς Εὐριπίδου πρόλογον ἐπελθόντα καὶ παραβαλόντα τὴν Ὁμήρου περὶ τὰ τοιαῦτα ἐπιμέλειαν, ῥᾷον ἦν αἰσθέσθαι τὴν ὑπερβολὴν ἢ τὴν διαφοράν· Ὅπου γὰρ χρεία τάξεως ὧν μέμνηται τόπων, φυλάττει τὴν τάξιν ὁμοίως μὲν τῶν Ἑλληνικῶν, ὁμοίως δὲ τῶν ἄπωθεν· Ὅσσαν ἐπ' Οὐλύμπῳ μέμασαν θέμεν, αὐτὰρ ἐπ' Ὄσσῃ Πήλιον εἰνοσίφυλλον. Ἥρη δ' ἀίξασα "λίπεν ῥίον Οὐλύμποιο, Πιερίην δ' ἐπιβᾶσα καὶ Ἠμαθίην ἐρατεινὴν σεύατ' ἐφ' ἱπποπόλων Θρῃκῶν ὄρεα νιφόεντα· ἐξ Ἀθόω δ' ἐπὶ πόντον. Καὶ ἐν τῷ Καταλόγῳ τὰς μὲν πόλεις οὐκ ἐφεξῆς λέγει· οὐ γὰρ ἀναγκαῖον· τὰ δὲ ἔθνη ἐφεξῆς. Ὁμοίως δὲ καὶ περὶ τῶν ἄπωθεν· Κύπρον Φοινίκην τε καὶ αἰγυπτίους ἐπαληθεὶς Αἰθίοπάς θ' ἱκόμην καὶ Σιδονίους καὶ Ἐρεμβοὺς καὶ Λιβύην. Ὅπερ καὶ Ἵππαρχος ἐπισημαίνεται. Οἱ δ' ἐφ' ὧν τάξεως χρεία, ὁ μὲν τὸν Διόνυσον ἐπιόντα τὰ ἔθνη φράζων, ὁ δὲ τὸν Τριπτόλεμον τὴν κατασπειρομένην γῆν, τὰ μὲν πολὺ διεστῶτα συνάπτουσιν ἐγγύς, τὰ δὲ συνεχῆ διασπῶσι· Λιπὼν δὲ Λυδῶν τὰς πολυχρύσους γύας Φρυγῶν τε Περσῶν θ' ἡλιοβλήτους πλάκας Βάκτριά τε τείχη, τήν τε δύσχειμον χθόνα Μήδων ἐπελθὼν Ἀραβίαν τ' εὐδαίμονα. Τοιαῦτα δὲ καὶ ὁ Τριπτόλεμος ποιεῖ. Κἀν τοῖς κλίμασι δὲ κἀν τοῖς ἀνέμοις διαφαίνει τὸ πολυμαθὲς τὸ περὶ τὴν γεωγραφίαν Ὅμηρος, ἐν ταῖς τοποθεσίαις λέγων ἅμα καὶ ταῦτα πολλαχοῦ· Αὐτὴ δὲ χθαμαλὴ πανυπερτάτη εἰν ἁλὶ κεῖται πρὸς ζόφον· αἱ δέ τ' ἄνευθε πρὸς ἠῶ τ' ἠέλιόν τε. δύω δέ τέ οἱ θύραι εἰσίν, αἱ μὲν πρὸς βορέαν, αἱ δ' αὖ πρὸς Νότον. Εἴτ' ἐπὶ δεξί' ἴωσι πρὸς ἠῶ τ' ἠέλιόν τε, εἴτ' ἐπ' ἀριστερά τοί γε ποτὶ ζόφον. Καὶ μὴν τὴν ἄγνοιάν γε τῶν τοιούτων τελείαν ἡγεῖται σύγχυσιν τῶν ἁπάντων· Ὦ φίλοι, οὐ γάρ τ' ἴδμεν, ὅπῃ ζόφος οὐδ' ὅπῃ ἠώς, οὐδ' ὅπῃ ἠέλιος. Κἀνταῦθα δ' εἰπόντος εὖ τοῦ ποιητοῦ, Βορέης καὶ Ζέφυρος, τώ τε Θρῄκηθεν ἄητον, οὐκ εὖ δεξάμενος {ὁ} αὐτὸς συκοφαντεῖ ὡς καθόλου λέγοντος, ὅτι ὁ ζέφυρος ἐκ Θρᾴκης πνεῖ, ἐκείνου λέγοντος οὐ καθόλου, ἀλλ' ὅταν κατὰ τὴν Θρᾳκίαν θάλατταν συμπέσωσι περὶ τὸν Μέλανα κόλπον αὐτοῦ τοῦ Αἰγαίου μέρος οὖσαν. Ἐπιστροφὴν γὰρ λαμβάνει πρὸς νότον ἀκρωτηριάζουσα ἡ Θράάκη καθ' ἃ συνάπτει τῇ Μακεδονίᾳ, καὶ προπίπτουσα εἰς τὸ πέλαγος, τοὺς Ζεφύρους ἐντεῦθεν πνέοντας ἀποφαίνει τοῖς ἐν Θάσῳ καὶ Λήμνῳ καὶ Ἴμβρῳ καὶ Σαμοθράάκῃ καὶ τῇ περὶ αὐτὰς θαλάττῃ, καθάπερ καὶ τῇ Ἀττικῇ ἀπὸ τῶν Σκειρωνίδων πετρῶν, ἀφ' ὧν καὶ Σκείρωνες καλοῦνται οἱ Ζέφυροι, καὶ μάλιστα οἱ Ἀργέσται. Οὐκ ἐνόησε δὲ τοῦτο Ἐρατοσθένης, ὑπενόησε δ' ὅμως. Αὐτὸς γοῦν ἐξηγεῖται τὴν ἐπιστροφὴν ἣν λέγω τῆς χώρας· ὡς καθόλου οὖν δέχεται, εἶτ' ἀπειρίαν αἰτιᾶται τοῦ ποιητοῦ, ὡς τοῦ Ζεφύρου μὲν ἀπὸ τῆς ἑσπέρας πνέοντος καὶ τῆς Ἰβηρίας, τῆς δὲ Θρακης ἐκεῖσε μὴ διατεινούσης. Πότερον οὖν τὸν Ζέφυρον ἀγνοεῖ ἀπὸ ἑσπέρας πνέοντα; Ἀλλ' ὅταν οὕτω φῇ, φυλάττει τὴν οἰκείαν αὐτοῦ τάξιν· Σὺν δ' Εὖρός τε Νότος τε πέσον Ζέφυρός τε δυσαὴς καὶ βορέης· ἢ τὴν Θρᾴκην οὐκ οἶδε μὴ προπίπτουσαν πέραν τῶν Παιονικῶν καὶ Θετταλικῶν ὀρῶν; Ἀλλὰ καὶ ταύτην τὴν ἐφεξῆς κατὰ τοὺς Θρᾷκας εἰδὼς καὶ κατονομάζων τήν τε παραλίαν καὶ τὴν μεσόγαιαν Μάγνητας μέν τινας καὶ Μαλιεῖς καὶ τοὺς ἐφεξῆς Ἕλληνας καταλέγει μέχρι Θεσπρωτῶν, ὁμοίως δὲ καὶ τοῖς Παίοσι τοὺς ὁμόρους Δόλοπας καὶ Σελλοὺς περὶ Δωδώνην μέχρις Ἀχελώου· Θρᾳκῶν δ' οὐ μέμνηται περαιτέρω. Εὐεπιφόρως δὲ ἔχει πρὸς τὴν ἐγγυτάτην καὶ γνωριμωτάτην ἑαυτῷ θάλατταν, ὡς καὶ ὅταν φῇ· Κινήθη δ' ἀγορὴ ὡς κύματα μακρὰ θαλάσσης πόντου Ἰκαρίοιο.

Traduction française :

[1,2,20] 20. En général, Ératosthène a le tort de confondre les oeuvres d'Homère dans la même catégorie que celles des autres poètes, sans vouloir lui reconnaître de supériorité d'aucune sorte, même sous le rapport de l'exactitude géographique, qui est ce qui nous occupe présentement. Et, pourtant, n'y eût-il que cela, il suffirait encore de parcourir le Triptolème de Sophocle ou le prologue des Bacchantes d'Euripide et de mettre en regard le soin qu'apporte Homère aux descriptions du même genre pour sentir aussitôt la supériorité ou tout au moins la différence : partout où il y a besoin d'ordre dans l'énumération des lieux, Homère observe rigoureusement cet ordre géographique, et cela non pas seulement pour la Grèce, mais même pour les pays les plus éloignés, «Et déjà, dans leur rage, ils voulaient entasser Ossa sur Olympe, et Pélion sur Ossa, Pélion aux cimes ombragées et perpétuellement agitées par le vent,» et ailleurs, «Cependant Junon s'est élancée; elle quitte les sommets de l'Olympe, foule le sol de la Piérie et de la riante Aemathie et atteint dans sa course les montagnes neigeuses des Thraces, nourrisseurs de chevaux; puis, du haut de l'Athos, se précipite au sein de la mer» Dans le Catalogue aussi, il énumère suivant leur ordre non pas les villes, la chose n'était point nécessaire, mais bien les peuples. Il procède de même pour les nations lointaines : «Après avoir erré longtemps en Cypre, en Phénicie et jusque en Égypte, je visitai encore les terres des Éthiopiens, celles des Sidoniens et des Érembes et finalement la Libye tout entière.» Hipparque, du reste, avait déjà fait cette remarque. Les deux tragiques, au contraire, dans les occasions où l'ordre géographique était le plus de rigueur, quand il s'agissait, par exemple, pour l'un, de faire dire à Bacchus le nom de tous les peuples qu'il avait visités, et, pour l'autre, de mettre dans la bouche de Triptolème l'énumération des différentes parties de la terre ensemencées par ses mains, ne se sont pas fait faute et de rapprocher les contrées les plus distantes et d'en séparer d'autres tout à fait contiguës : «Quittant alors les champs aurifères de la Lydie, et traversant les plaines de la Phrygie et celles de la Perse, que frappent sans cesse les rayons du soleil, je visitai tour à tour et l'enceinte, de Bactres et la froide Médie et l'heureuse Arabie.» Même défaut d'ordre dans l'énumération de Triptolème. Ce n'est pas tout: par la manière dont Homère parle des climats et des vents, on peut juger encore de l'étendue de ses connaissances géographiques; car il lui arrive très-souvent de joindre cette double indication à ses descriptions topographiques: «Ithaque, la basse Ithaque, est en même temps de toutes ces îles cille qui est située le plus haut dans la mer vers le sombre couchant; les autres, au contraire, s'écartent du côté a de l'aurore et du soleil levant ;» et ailleurs : «Il s'y trouve deux portes : l'une s'ouvre au vent du nord l'autre au vent du midi;» ou bien encore : «Soit qu'ils volent à droite du côté de l'aurore et du soleil levant, soit qu'ils gagnent à gauche la région du sombre occident.» L'ignorance sur ce point est même, aux yeux d'Homère, le signe de la suprême confusion : «Amis, puisque nous ignorons et le côté du couchant et le côté de l'aurore, et le côté de la nuit et le côté du soleil.» Dans un autre passage, maintenant, et avec toute raison, Homère avait dit : «Et Borée et Zéphyr, tous deux soufflant de la Thrace.» Ératosthène pourtant s'y trompe encore et nous dénonce le poète comme s'il eût dit, absolument parlant, que le Zéphyr souffle de la Thrace ; mais, loin de parler en thèse générale, le poète ne fait allusion ici qu'au cas où l'un et l'autre vents viennent à se rencontrer dans la mer de Thrace (laquelle est, comme on sait, une partie de l'Égée), aux environs du golfe Mélos. La Thrace, effectivement, vers les confins de la Macédoine, se détourne vers le sud et s'avance en forme de pointe oit de promontoire dans la mer, d'où vient que pour Thasos, Lemnos, Imbros, Samothrace et en général pour tous ces parages, les Zéphyrs paraissent souffler de la Thrace même, comme ils semblent, pour l'Attique, souffler des roches Scironides, ce qui a fait quelquefois appeler Scirônes les Zéphyrs et surtout les Argestes- C'est ce que n'a point vu Ératosthène (bien qu'il en ait peut-être entrevu quelque chose, puisque lui-même signale cette brusque déviation, dont je parle, de la côte de Thrace vers le sud), et, partant de l'idée que l'expression d'Homère a un sens général, il vous le traite d'ignorant, lui rappelant que le Zéphyr souffle du couchant et de l'Ibérie et que la Thrace ne se prolonge point jusqu'à la hauteur de cette dernière contrée. Mais se peut-il, nous le demandons, qu'Homère ait ignoré que le Zéphyr souffle du couchant? Lui qui, dans des vers comme ceux-ci, assigne exactement à ce vent le rang qui lui appartient : «Ensemble se précipitent et l'Eurus et le Notus et le malin Zéphyr, et Borée lui-même.» Se peut-il qu'il ait ignoré que la Thrace ne dépasse point les monts de la Paeonie et de la Thessalie, lui qui connaissait et qui a expressément nommé dans leur ordre, après les Thraces, tous les peuples du littoral et ceux de l'intérieur, à savoir, d'une part, cette fraction de la nation Magnète, puis les Maliens et les différents peuples de la Grèce jusqu'aux Thesprotes, et, d'autre part, les Dolopes, limitrophes des Paeoniens, et les Selles de Dodone, jusqu'à l'Achelotis, sans plus faire mention des Thraces passé ces limites? - En revanche, il est bien vrai, {comme le dit Ératosthène}, qu'Homère a un penchant marqué à toujours nommer de préférence la mer la plus voisine de sa patrie et qu'il connaissait le mieux; en voici un exemple : «Déjà l'assemblée s'agitait pareille aux longues vagues de la mer Icarienne.»





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Dernière mise à jour : 14/12/2005