[10a,10] Ἐρέτριαν δ' οἱ μὲν ἀπὸ Μακίστου τῆς Τριφυλίας ἀποικισθῆναί φασιν ὑπ'
Ἐρετριέως, οἱ δ' ἀπὸ τῆς Ἀθήνησιν Ἐρετρίας, ἣ νῦν ἐστὶν ἀγορά· ἔστι δὲ καὶ περὶ
Φάρσαλον Ἐρέτρια, ἱερὰ τοῦ Ἀπόλλωνος. Ἀδμήτου δ' ἵδρυμα λέγεται τὸ ἱερόν, παρ' ᾧ
θητεῦσαι λέγουσι τὸν θεὸν ἐνιαυτόν, πλησίον τοῦ πορθμοῦ. Μελανηὶς δ' ἐκαλεῖτο
πρότερον ἡ Ἐρέτρια καὶ Ἀρότρια· ταύτης δ' ἐστὶ κώμη ἡ Ἀμάρυνθος ἀφ' ἑπτὰ σταδίων τοῦ
τείχους. Τὴν μὲν οὖν ἀρχαίαν πόλιν κατέσκαψαν Πέρσαι, σαγηνεύσαντες, ὥς φησιν
Ἡρόδοτος, τοὺς ἀνθρώπους τῷ πλήθει, περιχυθέντων τῶν βαρβάρων τῷ τείχει· καὶ
δεικνύουσιν ἔτι τοὺς θεμελίους, καλοῦσι δὲ παλαιὰν Ἐρέτριαν, ἡ δὲ νῦν ἐπέκτισται. Τὴν δὲ
δύναμιν τὴν Ἐρετριέων ἣν ἔσχον ποτὲ μαρτυρεῖ ἡ στήλη, ἣν ἀνέθεσάν ποτε ἐν τῷ ἱερῷ τῆς
Ἀμαρυνθίας Ἀρτέμιδος· γέγραπται δ' ἐν αὐτῇ τρισχιλίοις μὲν ὁπλίταις ἑξακοσίοις δ'
ἱππεῦσιν ἑξήκοντα δ' ἅρμασι ποιεῖν τὴν πομπήν· ἐπῆρχον δὲ καὶ Ἀνδρίων καὶ Τηνίων καὶ
Κείων καὶ ἄλλων νήσων. Ἐποίκους δ' ἔσχον ἀπ' Ἤλιδος, ἀφ' οὗ καὶ τῷ γράμματι τῷ ῥῶ
πολλῷ χρησάμενοι οὐκ ἐπὶ τέλει μόνον τῶν ῥημάτων ἀλλὰ καὶ ἐν μέσῳ κεκωμῴδηνται.
Ἔστι δὲ καὶ Οἰχαλία κώμη τῆς Ἐρετρικῆς, λείψανον τῆς ἀναιρεθείσης πόλεως ὑπὸ
Ἡρακλέους, ὁμώνυμος τῇ Τραχινίᾳ καὶ τῇ περὶ Τρίκκην καὶ τῇ Ἀρκαδικῇ, ἣν Ἀνδανίαν οἱ
ὕστερον ἐκάλεσαν, καὶ τῇ ἐν Αἰτωλίᾳ περὶ τοὺς Εὐρυτᾶνας.
| [10a,10] Pour ce qui est d'Erétrie, elle doit son origine, suivant les uns, à une colonie
amenée de Macistus en Triphylie par le héros Erétrieüs, et, suivant d'autres, à une
colonie des Erétriens de l'Attique, ancien dème, dont la situation correspond aujourd'hui
à l'une des places publiques d'Athènes. Il y a aussi, rappelons-le, une ville nommée
Erétrie dans le voisinage de Pharsale et qui est consacrée à Apollon : le temple passe
pour avoir été fondé par le roi Admète, chez qui, suivant la tradition, ce dieu servit un an.
Avant de s'appeler Erétrie, la ville qui nous occupe avait porté les noms de Mélanéis et
d'Arotrie. Le bourg d'Amarynthus à 7 stades de ses murs en dépend. L'ancienne ville fut
détruite par les Perses, après que son armée eut été enveloppée par la multitude
ennemie et prise tout entière d'un seul coup de filet, pour nous servir de l'expression
même d'Hérodote (III, 149 et VI, 31). Toutefois les fondements s'en reconnaissent
encore en un lieu dit Palaeoérétrie et situé comme qui dirait sous la ville nouvelle. On
peut juger du degré de puissance auquel s'étaient élevés les Erétriens, quand on lit sur
la colonne dédiée par eux dans le temple de Diane Amarynthienne l'inscription qui
atteste que dans leur pompe annuelle défilaient trois mille hoplites, six cents cavaliers et
soixante chars. Leur autorité s'étendait même sur Andros, sur Ténos, sur Céos et sur
d'autres îles de ces parages. Ils avaient reçu parmi eux des colons éléens, et c'est ce
qui explique l'abus qu'ils faisaient de la lettre R, non seulement à la fin, mais au milieu
des mots, abus qui leur a attiré tant de railleries de la part des poètes comiques. {C'est
dans le territoire d'Erétrie, à peu de distance du détroit qu'était située la ville de
Tamynae}. Nommons-y encore le bourg d'Oechalie, dernier débris de l'antique cité qui
fut détruite par Hercule et qu'il ne faut confondre ni avec l'Oechalie de la Trachinie, ni
avec celle des environs de Tricca, ni avec l'Oechalie d'Arcadie (laquelle a reçu d'ailleurs,
par la suite, le nom d'Andanie), non plus qu'avec l'Oechalie d'Etolie contiguë au territoire
des Eurytanes.
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