[150] ἤτοι πρὸς ἀνδρὸς ἢ τέκνων φοβουμένη·
151 τότ´ ἄν τις εἰσίδοιτο, τὴν αὑτοῦ σκοπῶν
152 πρᾶξιν, κακοῖσιν οἷς ἐγὼ βαρύνομαι.
153 Πάθη μὲν οὖν δὴ πόλλ´ ἔγωγ´ ἐκλαυσάμην·
154 ἓν δ´, οἷον οὔπω πρόσθεν, αὐτίκ´ ἐξερῶ.
155 Ὁδὸν γὰρ ἦμος τὴν τελευταίαν ἄναξ
156 ὡρμᾶτ´ ἀπ´ οἴκων Ἡρακλῆς, τότ´ ἐν δόμοις
157 λείπει παλαιὰν δέλτον ἐγγεγραμμένην
158 ξυνθήμαθ´ ἁμοὶ πρόσθεν οὐκ ἔτλη ποτὲ
159 πολλοὺς ἀγῶνας ἐξιὼν οὕτω φράσαι,
160 ἀλλ´ ὥς τι δράσων εἷρπε κοὐ θανούμενος.
161 Νῦν δ´, ὡς ἔτ´ οὐκ ὤν, εἶπε μὲν λέχους ὅ τι
162 χρείη μ´ ἑλέσθαι κτῆσιν, εἶπε δ´ ἣν τέκνοις
163 μοῖραν πατρῴας γῆς διαιρετὸν νέμοι,
164 χρόνον προτάξας, ὡς τρίμηνος ἡνίκα
165 χώρας ἀπείη κἀνιαύσιος βεβώς,
166 τότ´ ἢ θανεῖν χρείη σφε τῷδε τῷ χρόνῳ,
167 ἢ τοῦθ´ ὑπεκδραμόντα τοῦ χρόνου τέλος
168 τὸ λοιπὸν ἤδη ζῆν ἀλυπήτῳ βίῳ.
169 Τοιαῦτ´ ἔφραζε πρὸς θεῶν εἱμαρμένα
170 τῶν Ἡρακλείων ἐκτελευτᾶσθαι πόνων,
171 ὡς τὴν παλαιὰν φηγὸν αὐδῆσαί ποτε
172 Δωδῶνι δισσῶν ἐκ πελειάδων ἔφη.
173 Καὶ τῶνδε ναμέρτεια συμβαίνει χρόνου
174 τοῦ νῦν παρόντος, ὡς τελεσθῆναι χρεών·
175 ὥσθ´ ἡδέως εὕδουσαν ἐκπηδᾶν ἐμὲ
176 φόβῳ, φίλαι, ταρβοῦσαν, εἴ με χρὴ μένειν
177 πάντων ἀρίστου φωτὸς ἐστερημένην.
178 (ΧΟΡΟΣ) Εὐφημίαν νῦν ἴσχ´, ἐπεὶ καταστεφῆ
179 στείχονθ´ ὁρῶ τιν´ ἄνδρα πρὸς χαρὰν λόγων.
180 (ΑΓΓΕΛΟΣ)
180 Δέσποινα Δῃάνειρα, πρῶτος ἀγγέλων
181 ὄκνου σε λύσω· τὸν γὰρ Ἀλκμήνης τόκον
182 καὶ ζῶντ´ ἐπίστω καὶ κρατοῦντα κἀκ μάχης
183 ἄγοντ´ ἀπαρχὰς θεοῖσι τοῖς ἐγχωρίοις.
184 (ΔΗΙΑΝΕΙΡΑ) Τίν´ εἶπας, ὦ γεραιέ, τόνδε μοι λόγον;
185 (ΑΓΓΕΛΟΣ) Τάχ´ ἐς δόμους σοὺς τὸν πολύζηλον πόσιν
186 ἥξειν, φανέντα σὺν κράτει νικηφόρῳ.
187 (ΔΗΙΑΝΕΙΡΑ) Καὶ τοῦ τόδ´ ἀστῶν ἢ ξένων μαθὼν λέγεις;
188 (ΑΓΓΕΛΟΣ) Ἐν βουθερεῖ λειμῶνι πρόσπολος θροεῖ,
189 Λίχας ὁ κῆρυξ, ταῦτα· τοῦ δ´ ἐγὼ κλύων
190 ἀπῇξ´, ὅπως τοι πρῶτος ἀγγείλας τάδε
191 πρὸς σοῦ τι κερδάναιμι καὶ κτῴμην χάριν.
192 (ΔΗΙΑΝΕΙΡΑ) Αὐτὸς δὲ πῶς ἄπεστιν, εἴπερ εὐτυχεῖ;
193 (ΑΓΓΕΛΟΣ) Οὐκ εὐμαρείᾳ χρώμενος πολλῇ, γύναι·
194 κύκλῳ γὰρ αὐτὸν Μηλιεὺς ἅπας λεὼς
195 κρίνει παραστάς, οὐδ´ ἔχει βῆναι πρόσω·
196 τὸ γὰρ ποθοῦν ἕκαστος ἐκμαθεῖν θέλων
197 οὐκ ἂν μεθεῖτο, πρὶν καθ´ ἡδονὴν κλύειν.
198 Οὕτως ἐκεῖνος οὐχ ἑκών, ἑκοῦσι δὲ
199 ξύνεστιν· ὄψει δ´ αὐτὸν αὐτίκ´ ἐμφανῆ.
| [150] de trembler pour un mari ou pour des enfants. Il faut avoir soi-même passé par là pour comprendre les maux qui m'oppressent. J'ai beaucoup souffert, déjà, beaucoup pleuré, mais ce n'était rien auprès d'aujourd'hui. Tu vas en juger. La dernière fois qu'Héraclès, mon seigneur, a quitté la maison, il m'a laissé une tablette où il avait écrit autrefois ses dernières volontés. Souvent il était parti pour le péril, mais il n'avait pas cru devoir encore me la remettre, car jamais il ne doutait ni de son succès ni de son retour. Cette fois-ci, comme s'il n'était déjà plus, il m'expliqua quels biens me revenaient à titre d'épouse et comment il entendait partager ses possessions entre ses enfants. Il ajouta que son absence durerait un an et trois mois, ce délai devant marquer le terme soit de ses jours, soit de ses maux. Telle est, m'expliquait-il, la fin assignée par les dieux aux travaux d'Héraclès : par la voix des deux tourterelles, le vieux chêne dodonéen l'avait jadis prophétisée. Or le temps marqué est venu. Dans quel sens les destins vont-ils s'accomplir? A peine goûtais-je un peu de sommeil que l'anxiété m'a chassée du lit : s'il me fallait demeurer veuve du plus noble des êtres !
178 LE CORYPHÉE.
— Fais trêve à tes paroles : je vois un homme s'avancer, — un porteur de bonne nouvelle, si j'en crois, sur son front, cette couronne.
180 UN MESSAGER (accourant).
— Déjanire, ma maîtresse, j'arrive le premier pour dissiper tes inquiétudes. Sache que le fils d'Alcmène est vivant et qu'il est vainqueur. Il consacre aux dieux indigènes des prémices qu'il rapporte du combat.
DÉJANIRE.
— Quel discours me tiens-tu là, vieillard?
LE MESSAGER.
— Bientôt, l'époux tant désiré franchira ce seuil, dans tout l'éclat de sa force victorieuse.
DÉJANIRE.
— De qui tiens-tu cela? D'un homme du pays, ou d'un étranger?
188 LE MESSAGER.
— Au milieu d'un pré à boeufs, toute une foule se presse autour du courrier Lichas qui annonce la nouvelle. Dès que je l'ai sue, je n'ai fait qu'un bond jusqu'ici. Je voulais être bon premier à te l'apprendre, pensant que je trouverais mon profit à t'avoir fait plaisir.
DÉJANIRE.
— Mais Lichas, pourquoi n'est-il pas venu lui-même, s'il apporte une bonne nouvelle?
193 LE MESSAGER.
— C'est qu'il n'avance pas comme-il-veut, femme. Tout le peuple Malien est là autour de lui à le questionner, tant qu'il ne peut plus mettre un pied devant l'autre. Chacun brûle de savoir, et les curieux ne le laissent point partir qu'il ne les ait satisfaits. C'est ainsi, malgré lui, qu'il s'attarde au gré des gens. Mais patience-: tu vas le voir bientôt paraître en personne.
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