[1300] φεῦ φεῦ μᾶτερ ἀθλία, φεῦ τέκνον.
(Ἐξάγγελος)
ἡ δ᾽ ὀξυθήκτῳ βωμία περὶ ξίφει
λύει κελαινὰ βλέφαρα, κωκύσασα μὲν
τοῦ πρὶν θανόντος Μεγαρέως κλεινὸν λάχος,
αὖθις δὲ τοῦδε, λοίσθιον δὲ σοὶ κακὰς
1305 πράξεις ἐφυμνήσασα τῷ παιδοκτόνῳ.
(Κρέων)
αἰαῖ αἰαῖ,
ἀνέπταν φόβῳ. τί μ᾽ οὐκ ἀνταίαν
ἔπαισέν τις ἀμφιθήκτῳ ξίφει;
1310 δείλαιος ἐγώ, αἰαῖ,
δειλαίᾳ δὲ συγκέκραμαι δύᾳ.
(Ἐξάγγελος)
ὡς αἰτίαν γε τῶνδε κἀκείνων ἔχων
πρὸς τῆς θανούσης τῆσδ᾽ ἐπεσκήπτου μόρων
(Κρέων)
ποίῳ δὲ κἀπελύσατ᾽ ἐν φοναῖς τρόπῳ;
1315 (Ἐξάγγελος)
παίσας ὑφ᾽ ἧπαρ αὐτόχειρ αὑτήν, ὅπως
παιδὸς τόδ᾽ ᾔσθετ᾽ ὀξυκώκυτον πάθος.
(Κρέων)
ὤμοι μοι, τάδ᾽ οὐκ ἐπ᾽ ἄλλον βροτῶν
ἐμᾶς ἁρμόσει ποτ᾽ ἐξ αἰτίας.
ἐγὼ γάρ σ᾽ ἐγὼ ἔκανον, ὢ μέλεος,
1320 ἐγώ, φάμ᾽ ἔτυμον. ἰὼ πρόσπολοι,
ἄγετέ μ᾽ ὅτι τάχιστ᾽, ἄγετέ μ᾽ ἐκποδών,
1325 τὸν οὐκ ὄντα μᾶλλον ἢ μηδένα.
(Χορός)
κέρδη παραινεῖς, εἴ τι κέρδος ἐν κακοῖς.
βράχιστα γὰρ κράτιστα τἀν ποσὶν κακά.
(Κρέων)
ἴτω ἴτω,
φανήτω μόρων ὁ κάλλιστ᾽ ἔχων
1330 ἐμοὶ τερμίαν ἄγων ἁμέραν
ὕπατος· ἴτω ἴτω,
ὅπως μηκέτ᾽ ἆμαρ ἄλλ᾽ εἰσίδω.
(Χορός)
μέλλοντα ταῦτα. τῶν προκειμένων τι χρὴ μέλειν
1335 πράσσειν. μέλει γὰρ τῶνδ᾽ ὅτοισι χρὴ μέλειν
(Κρέων)
ἀλλ᾽ ὧν ἐρῶ, τοιαῦτα συγκατηυξάμην.
(Χορός)
μή νυν προσεύχου μηδέν· ὡς πεπρωμένης
οὐκ ἔστι θνητοῖς συμφορᾶς ἀπαλλαγή.
(Κρέων)
ἄγοιτ᾽ ἂν μάταιον ἄνδρ᾽ ἐκποδών,
1340 ὅς, ὦ παῖ, σέ τ᾽ οὐχ ἑκὼν κάκτανον
σέ τ᾽ αὖ τάνδ᾽, ὤμοι μέλεος, οὐδ᾽ ἔχω
ὅπᾳ πρὸς πότερα κλιθῶ· πάντα γὰρ
1345 λέχρια τἀν χεροῖν, τὰ δ᾽ ἐπὶ κρατί μοι
πότμος δυσκόμιστος εἰσήλατο.
(Χορός)
πολλῷ τὸ φρονεῖν εὐδαιμονίας
πρῶτον ὑπάρχει. χρὴ δὲ τά γ᾽ εἰς θεοὺς
| [1300] O mère douloureuse ! ô mon petit !
LE MESSAGER DU PALAIS. Blessée d'une pointe aiguë, devant l'autel, elle a laissé sur
ses yeux ses paupières pleines d'ombre glisser, non sans avoir gémi sur le beau trépas
de Mégarée, son premier fils, puis sur celui-ci encore, et maudit, dans son dernier
souffle, le père meurtrier de ses enfants.
CRÉON.
Ah!... Ah!...
je suis comme ivre d'horreur.
Ah! en plein coeur que ne m'a-t-on frappé
d'une épée à double tranchant !
je suis un misérable...
Cette fois, j'ai touché le fond de la misère.
LE MESSAGER DU PALAIS. Elle t'a imputé en mourant la mort de ses deux fils.
CRÉON. Comment a-t-elle mis fin à ses jours ?
LE MESSAGER DU PALAIS. Elle s'est frappée sous le foie, de sa propre main, lorsqu'elle
a connu le sort navrant de son Hémon.
CRÉON.
Malheur à moi ! tout ce qui m'arrive est ma faute,
je n'en veux accuser personne, que moi-même.
C'est moi qui t'ai tuée... Ah! comble de misère!
Je l'affirme, c'est moi ! moi seul... Mes bons amis,
Ah! vite, emmenez-moi bien loin d'ici, bien loin!
Je suis un homme anéanti.
LE CORYPHÉE. Tu prends le meilleur parti, s'il est du meilleur dans les maux.
Lorsqu'ils sont là, le mieux est de les abréger.
CRÉON.
Vite, vite, que la mort vienne!
Que je la voie enfin, je la trouverai belle
pour la première fois, car ce sera ma mort !
Qu'elle se hâte à mon appel ! je ne veux plus voir encor se lever le jour.
LE CORYPHÉE. Ce qui doit être sera. Ne prenons charge que du présent. Le reste n'est
pas de notre ressort.
CRÉON. Tout ce que je désire tient dans la prière que j'ai faite.
LE CORYPHÉE. Ne forme plus de voeux : à leur lot de malheur les mortels ne peuvent
rien changer.
CRÉON.
Qu'on l'emmène bien loin, ce misérable fou !
Mon fils, non, je ne voulais pas
ni toi, que voilà, vous tuer. O détresse, je ne sais plus
ou me tourner. Tout m'échappe
de ce que je tenais; et, sur mon front,
le destin s'est appesanti. je n'en puis plus.
LE CORYPHÉE. - Ce qui compte avant tout, pour être heureux,
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