| [1,4] δʹ. Τί ἐστι σκέψις.
 Ἔστι δὲ ἡ σκεπτικὴ δύναμις ἀντιθετικὴ φαινομένων τε καὶ νοουμένων καθ´ 
οἱονδήποτε τρόπον, ἀφ´ ἧς ἐρχόμεθα διὰ τὴν ἐν τοῖς ἀντικειμένοις πράγμασι 
καὶ λόγοις ἰσοσθένειαν τὸ μὲν πρῶτον εἰς ἐποχήν, τὸ δὲ μετὰ τοῦτο εἰς 
ἀταραξίαν. 
« Δύναμιν » μὲν οὖν αὐτὴν καλοῦμεν οὐ κατὰ τὸ περίεργον ἀλλ´ ἁπλῶς κατὰ τὸ 
δύνασθαι· 
« φαινόμενα » δὲ λαμβάνομεν νῦν τὰ αἰσθητά, διόπερ ἀντιδιαστέλλομεν αὐτοῖς 
τὰ νοητά. 
Τὸ δὲ « καθ´ οἱονδήποτε τρόπον » δύναται προσαρμόζεσθαι καὶ τῇ δυνάμει, 
ἵνα ἁπλῶς τὸ τῆς δυνάμεως ὄνομα, ὡς εἰρήκαμεν, παραλαμβάνωμεν, καὶ τῷ « 
ἀντιθετικὴ φαινομένων τε καὶ νοουμένων »· ἐπεὶ γὰρ ποικίλως ἀντιτίθεμεν 
ταῦτα, ἢ φαινόμενα φαινομένοις ἢ νοούμενα νοουμένοις ἢ ἐναλλὰξ 
ἀντιτιθέντες, ἵνα πᾶσαι αἱ ἀντιθέσεις ἐμπεριέχωνται, λέγομεν « καθ´ 
οἱονδήποτε τρόπον ». Ἢ « καθ´ οἱονδήποτε τρόπον φαινομένων τε καὶ 
νοουμένων », ἵνα μὴ ζητῶμεν πῶς φαίνεται τὰ φαινόμενα ἢ πῶς νοεῖται τὰ 
νοούμενα, ἀλλ´ ἁπλῶς ταῦτα λαμβάνωμεν.
« Ἀντικειμένους » δὲ λόγους παραλαμβάνομεν οὐχὶ πάντως ἀπόφασιν καὶ 
κατάφασιν, ἀλλ´ ἁπλῶς ἀντὶ τοῦ μαχομένους. 
« Ἰσοσθένειαν » δὲ λέγομεν τὴν κατὰ πίστιν καὶ ἀπιστίαν ἰσότητα, ὡς μηδένα 
μηδενὸς προκεῖσθαι τῶν μαχομένων λόγων ὡς πιστότερον. 
« Ἐποχὴ » δέ ἐστι στάσις διανοίας δι´ ἣν οὔτε αἴρομέν τι οὔτε τίθεμεν. 
« Ἀταραξία » δέ ἐστι ψυχῆς ἀοχλησία καὶ γαληνότης. Πῶς δὲ τῇ ἐποχῇ 
συνεισέρχεται ἡ ἀταραξία, ἐν τοῖς περὶ τέλους ὑπομνήσομεν.
 | [1,4] Chap. IV. Ce que c'est que le scepticisme.
Le scepticisme est une faculté ou une méthode d'examiner, qui compare et 
qui oppose en toutes les manières possibles, les choses apparentes ou 
sensibles, et celles, qui s'aperçoivent par l'entendement; par le moyen de 
laquelle faculté nous parvenons (à cause du poids égal qui se trouve dans 
des choses ou dans des raisons opposées) premièrement à l'Époque, ou à la 
suspension de l'esprit, et ensuite à l'Ataraxie, c'est-à-dire, à 
l'exemption de trouble, ou à la tranquillité de l'âme.
Nous disons que le scepticisme est une faculté, c'est-à-dire, tout 
simplement; qu'elle est un art, qu'elle est utile à quelque chose, qu'elle 
peut quelque chose : nous n'entendons point d'autre finesse dans ce mot-là 
: c'est un art d'examiner; c'est une méthode d'examen.
Nous disons que le scepticisme compare les choses apparentes ou sensibles, 
et par ces choses apparentes et sensibles, nous entendons celles qui 
tombent sous les sens : c'est pourquoi nous leur opposons les choses qui 
s'aperçoivent par l'esprit et par l'entendement.
Quand nous disons que le scepticisme est une faculté qui compare et qui 
oppose, en toutes les manières possibles, les choses apparentes et ces 
paroles, en toutes les manières possibles, peuvent se rapporter à la 
faculté, pour faire voir que nous prenons ce mot de faculté simplement et 
dans un sens étendu : ou bien elle se rapporte à ce que nous disons que le 
scepticisme oppose les choses sensibles et les choses intellectuelles. Car 
comme nous opposons diversement ces choses entre elles, savoir, les 
sensibles aux sensibles, ou les intelligibles aux intelligibles ; ou en 
permutant, les apparentes aux intelligibles, et pour embrasser toutes ces 
comparaisons et ces oppositions, nous disons que le scepticisme compare et 
oppose toutes ces choses en toutes les manières possibles. Ces termes, en 
toutes les manières possibles, peuvent encore signifier que de quelque 
manière possible que les choses nous paraissent, soit qu'elles soient 
sensibles ou intellectuelles, nous prétendons les comparer ensemble, sans 
rechercher comment les sensibles tombent sous les sens, ou comment les 
intellectuelles s'aperçoivent par l'entendement.
Par raisons opposées, nous entendons tout simplement des raisons, qui 
paraissent se détruire les unes les autres, et ne pouvoir subsister 
ensemble; et non pas seulement, ou nécessairement l'affirmation ou la 
négation, à l'égard d'une même question.
Nous appelons poids ou moments égaux dans les raisons, une certaine 
égalité de force et de persuasion, qui fait que l'on pourrait également se 
rendre à l'une ou à l'autre de ces raisons, ou ne s'y pas rendre, de sorte 
que l'on ne peut pas préférer une de ces raisons contraires à son opposée, 
comme si elle était plus digne de soi que l'autre.
L'Époque (dont parle la définition) ou sa suspension, est un état de l'âme 
par lequel nous n'établissons ni ne renversons rien, n'affirmant et ne 
niant quoi que ce soit.
Enfin l'Ataraxie, ou l'exemption de trouble, est le repos ou la 
tranquillité de l'âme. Quand nous parlerons de la fin ou du but du 
scepticisme, nous expliquerons cornment I'Ataraxie est une suite de 
l’Époque.
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